Le procès des assassins d’Ilan Halimi se poursuit au rythme des
provocations de Youssouf Fofana. Une stratégie délibérée qui lui permet de
tourner en ridicule le mobile antisémite
Combien de temps la Cour d’assises
de Paris permettra-
-t-elle à Youssouf Fofana
de bafouer la mémoire d’Ilan Halimi
zal ? Ces derniers jours, à force
de coups d’éclats, le chef du gang
des Barbares a carrément réussi
à prendre les commandes du procès.
Et désormais, c’est lui qui en
dicte le rythme !
Le pire s’est sans doute passé
jeudi 11 juin lorsqu’il a jeté sa
première chaussure en direction
des bancs des parties civiles…
En l’absence de la famille Halimi,
il a précisé que son geste
visait « les parties civiles invisibles,
mes ennemies : les Juifs de
France »… Or quelques minutes
plus tard, il a récidivé en jetant
sa seconde chaussure à travers la
salle d’audience. « C’est un attentat
arabe à la chaussure piégée »,
fanfaronne-t-il alors…
Comme toujours chez lui, tout
est calculé : parce qu’il suit attentivement
l’actualité derrière
les barreaux de sa prison, Fofana
connaît bien la symbolique du
jet de chaussures dans la culture
m u s u l m a n e
– un geste devenu
célèbre
depuis l’agression
de George
W. Bush par un
journaliste irakien
lors d’une
conférence de
presse. Mais
cette fois s’en
est trop pour
la présidente
Nadia Ajjan
qui l’expulse…
Une sanction
qui semble
d’ailleurs
pleinement le
satisfaire. Au
point que le
lendemain, vendredi, il a refusé de
rejoindre la salle d’audience. Mais
son absence ne nuira pas forcément
à la bonne tenue des débats,
bien au contraire…
Cette politique de la provocation
permanente procède en effet d’un
choix délibéré de Youssouf Fofana.
Il espère de cette manière devenir
une légende pour les jeunes
de banlieue (voir notre interview
d’Alexandre Lévy). Surtout, cela
lui permet de faire diversion lorsque
l’omerta – cette fameuse « loi
du silence » tellement glorifiée
par la culture des banlieues – risque
d’être rompue.
Ce jet de chaussure est ainsi intervenu
alors que l’accusation
malmenait l’un des accusés, Jérôme
Ribeiro. Une stratégie de sabotage
et de diversion à laquelle
Fofana se tient depuis le début
de l’instruction ; en témoignent
ses nombreuses interventions intempestives,
alors qu’une dizaine
de membres du gang des Barbares
était réunie pour une confrontation
générale en septembre 2007.
Alors que le procès est entré depuis
quelques jours dans le coeur du sujet
– les circonstances de l’enlèvement
et du meurtre de Ilan Halimi -, la
partie-civile attend toujours une
réponse qui la ronge : le facteur
antisémite comme principale motivation
des accusés.
Pour le gang des Barbares, l’affaire
semble entendue : le seul qui
n’aime pas les Juifs, c’est Fofana !
Les autres ? À les entendre, ils ne
connaîtraient même pas la religion
de leur victime… Mais comment
croire ses jeunes d’origine africaine
ou maghrébine qui gravitaient
autour de la même cité de Bagneux,
là où la liste antisioniste de Dieudonné
vient de remporter 3 % des
voix ? Une version des faits qu’ils
ont répétée en choeur lors de l’instruction,
alors même qu’ils témoignent
de l’obsession de leur chef,
Youssouf Fofana voulant « faire
payer les Juifs » en échange de leur
otage…
« C’est un jeu : Fofana prend sur lui
cette aspect du crime et décharge
ses complices, parfois de manière
assez perverse, analyse ainsi Me
Franck Szpiner, l’avocat de la famille
Halimi. Quant aux autres,
ils essayent de se défausser sur lui
en prétendant : ‘ le Fofana que l’on
voit là, ce n’est pas celui que nous
avons connu. Nous ne pouvions
pas penser que ça se terminerait de
cette manière…’ Ce qui est effrayant
ici, c’est la banalisation du crime :
enlever quelqu’un, ce n’est pas grave….
».
Si l’absence de Fofana à l’audience
devait se prolonger ou se reproduire
par intermittence, ses complices
auraient du mal à profiter du paravent
qu’il leur offre sans cesse.
Pourtant, chez lui aussi l’antisémitisme
ne semble être qu’une croûte
superficielle. Elle se nourrit de tous
les préjugés habituels des banlieues
et endosse la haine du Juif comme
un attribut banal du voyou de cité.
Mercredi 10 juin, Me Szpiner a
ainsi réussi à démontrer la nullité
de la pensée « fofanienne » en multipliant
à son égard les questions
sur l’Afrique, l’Islam ou les Juifs,
autant de « causes » dont Youssouf
Fofana voudrait apparaître comme
le champion. Un bras de fer dont il
a cru pouvoir se sortir par de nouvelles
provocations…
Mais de même qu’une montre cassée
donne l’heure correcte deux
fois par jour, Youssouf Fofana finit
parfois par toucher juste : « J’ai
gagné ! », a-t-il ainsi fanfaronné ce
jour-là. Puis d’expliquer : « Maintenant,
chaque Juif qui se balade en
France se dit dans le fond de sa tête
qu’il peut être enlevé à tout moment…
».
Serge Golan
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