L’un des passages les plus connus de la Torah, est celui qui se rapporte aux plaies d’Égypte et qui figure dans notre paracha. Dans ces chapitres, la Torah nous explique que D.ieu a endurci le cœur de Pharaon et que celui-ci s’est refusé, malgré les plaies qui s’abattaient sur son pays à libérer les Enfants d’Israël du joug de l’esclavage.


Plus précisément, les commentateurs de la Torah soulignent que d’une plaie à l’autre, Pharaon oubliait les malheurs qui venaient de frapper l’Égypte. Et même lorsqu’il se résignait l’espace d’un instant à laisser partir le peuple juif, il oubliait cet engagement quelques instants plus tard. Il s’agit là, nous l’avouerons, d’un phénomène étonnant : comment le leader du pays le plus puissant au monde à l’époque pouvait-il être « amnésique » à ce point ? Nos sages ont fourni de nombreuses explications à ce comportement étrange. Je voudrais citer, cette semaine celui du fameux rav Éliahou Dessler zatsal, dont nous avons commémoré le yartzheit le 24 Tévet dernier. Le rav Dessler met en avant le principe de « Avera gorérèt avera », une faute en entraîne une autre et il nous explique que lorsqu’un homme faute il perd la perception authentique des choses et ne parvient plus à distinguer le bien du mal ce qui le conduit indubitablement vers d’autres transgressions. C’est selon le rav Dessler, ce qui a caractérisé le comportement de Pharaon au moment des plaies d’Égypte. Il était d’une telle cruauté et animé d’une telle rage envers les Enfants d’Israël que cela neutralisait ses autres perceptions. Devenu imperméable à la réalité, il s’enfonçait dans le déni. 

Nous devons savoir que ce mal n’a pas seulement touché Pharaon. Il peut porter atteinte à chacun d’entre nous. Ainsi celui qui peu à peu glisse vers un comportement immoral, en violation de la Torah, ne fait qu’aggraver son cas de jour en jour. Comment donc y échapper ? En s’aidant de nos sages. Ceux-ci sont en effet dotés d’une incroyable lucidité, qui est le résultat de leurs faits et gestes quotidiens scrupuleusement inscrits dans la voie de la Torah. Cette lucidité ne se contente pas de les écarter de toute erreur, même la plus infime, elle leur permet également de guider les autres et de les conseiller afin qu’ils rejoignent cette même voie. Nous comprenons alors pourquoi il est si important de consulter aux carrefours de notre existence des tsaddikim, des justes dotés d’une vision limpide et objective de la réalité. Et cela nous permet de mieux percevoir l’extraordinaire privilège dont le peuple d’Israël a bénéficié durant son histoire : celui d’avoir toujours eu à sa tête, soit des prophètes inspirés, soit des sages qui ne l’étaient pas moins. Et plus encore, celui de s’être toujours référé à eux dans les périodes de crise, de tourmente et d’incompréhension. Voilà pourquoi, dans notre siècle présent où l’information submerge l’être humain de toutes parts, il est plus que jamais nécessaire d’avoir recours à nos maîtres en cas de doute et de questionnement. Et il ne fait aucun doute que cette marque d’humilité se retournera toujours à son avantage, car il aura compris que, tout en s’impliquant dans ses problèmes, le sage possède la capacité de les dépasser très largement pour leur apporter la solution agréée par l’Éternel.  Par le Rav Sitruk, avec Hamodia.fr