Eliyahou hanavi

Le chant intitulé Eliyahou hanavi (« Elie le prophète »)
est chanté le samedi soir après la tombée de la nuit, le
plus souvent pendant la melawé malka, cette collation que certains consomment
pour « raccompagner la reine Chabbath ».
Ce chant, dont on ne sait pas le nom de son auteur, a été commenté
par Aboudraham (14ème siècle).
A l’origine de ce chant se trouve un passage de la Guemara ‘Erouvin
(43b) qui nous apprend que ce prophète, annonciateur du Messie, ne viendra
ni un vendredi ni un Chabbath, d’où notre espoir qu’il viendra
un samedi soir.
Introduction : Elie le prophète, Elie le Tichbite, Elie le Guiladite,
qu’il vienne bientôt vers nous avec le Messie fils de David
Commentaire : Cette triple répétition renvoie à un verset
de l’Ecclésiaste (4, 12) : « Et la corde triple ne se rompt
pas vite » (Aboudraham).
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Strophe N° 1 : L’homme qui a été jaloux pour Hachem,
Dieu ; l’homme qui annonce la paix par Yeqouthiel ; l’homme qui s’approche
et procurera le pardon aux enfants d’Israël.
Commentaire : Cette strophe contient une double allusion : Allusion à
Pin‘has, dont le prophète Elie, selon la tradition, est la réincarnation,
et qui s’est distingué pour sa « jalousie » pour Hachem
(Bamidbar 25, 11). Allusion à Elie lui-même, dont le texte indique
qu’il a été « très jaloux pour Hachem, le Dieu
des armées » (I Rois 19, 10). En outre, Hachem a contracté
avec Pin‘has, par l’intermédiaire de Yeqouthiel, l’un
des noms de Moïse (Wayiqra rabba 1, 23), une « alliance de paix »
(Bamidbar 25, 12). Et c’est Pin‘has qui a procuré le pardon
aux enfants d’Israël après l’épidémie qui
s’est abattue sur eux et qui a fait vingt-quatre mille morts (Bamidbar
25, 9) après les actes de débauche encouragés par Zimri,
prince de la tribu de Siméon.

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Strophe N° 2 : L’homme dont les yeux ont vu douze générations
; l’homme que l’on a appelé poilu par ses signes distinctifs
; l’homme dont les reins étaient ceints d’une ceinture de cuir.
Commentaire : L’identification d’Elie à Pin‘has permet
de conjecturer qu’il a été le contemporain de douze générations,
depuis Na‘hchon, premier prince de la tribu de Juda (Bamidbar 1, 7), jusqu’à
Joram, roi de Juda (I Rois 22, 51).
Cette strophe reprend la description qu’ont donnée du prophète
Elie les envoyés du roi A’hazia, roi d’Israël : «
Ils lui dirent : Un homme poilu, et ceint sur ses reins d’une ceinture
de cuir. Et il dit : C’est Elie, le Tichbite » (II Rois 1, 8).

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Strophe N° 3 : L’homme qui s’est emporté contre
les adorateurs du soleil ; l’homme qui s’est hâté de
jurer qu’il n’y aurait pas de pluie venue des cieux ; l’homme
qui a « fermé » rosée et pluie pendant trois ans.
Commentaire : Cette strophe rappelle le verset : « Elie leur dit : Saisissez
les prophètes de Ba‘al, que pas un d’entre eux n’échappe
! Ils les saisirent ; et Elie les fit descendre au torrent de Kichon, et les
égorgea là » (I Rois 18, 40). Et il a annoncé au
roi d’Israël qu’il n’y aurait pas de pluie, ainsi qu’il
est écrit : « Elie, le Tichbite, d’entre les habitants de
Galaad, dit à Achab : Hachem, le Dieu d’Israël, devant qui
je me tiens, est vivant, qu’il n’y aura ces années-ci ni rosée
ni pluie, sinon à ma parole » (I Rois 17, 1). Cette sécheresse
catastrophique a duré trois ans (I Rois 18, 1).

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Strophe N° 4 : L’homme qui partit pour trouver le repos à
sa vie ; l’homme qu’ont nourri les corbeaux et qui n’est pas
mort pour être décomposé ; l’homme par le mérite
duquel ont été bénis le pot et la cruche.
Commentaire : Menacé de mort par la reine Jézabel, Elie ne dut
de rester en vie qu’en prenant la fuite et en trouvant refuge à
Beèr Chéva’ (« Il vit, il se leva, et il s’en
alla pour sa vie ; il vint à Beèr Chéva’, qui appartient
à Juda, et il y laissa son jeune homme » – I Rois 19, 3).
Il s’était auparvant réfugié dans le désert
de Judée, où il avait été nourri par des corbeaux
(I Rois 17, 6). Puis, Hachem lui ordonna de se rendre à Tsarfath, où
il procura miraculeusement à une veuve et à son fils de la farine
et de l’huile à profusion, ainsi qu’il est écrit : «
Le pot de farine ne s’épuisa pas et la cruche d’huile ne manqua
pas, selon la parole de Hachem, qu’il avait dite par Elie » (I Rois
17, 16).

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Strophe N° 5 : L’homme dont les exhortations ont été
entendues par les nostalgiques ; l’homme qui a été exaucé
par le feu depuis les cieux transcendants ; l’homme qui a fait proclamer
par ses suivants : « Hachem, c’est lui qui est Dieu ! »
Commentaire : Lorsque le prophète Elie s’est confronté aux
adorateurs de Ba‘al sur le mont Carmel, un feu du ciel s’est abattu
sur l’offrande qu’il avait présentée à Hachem
et l’a consumée (I Rois 18, 38). Et ceux qui ont assisté
à ce miracle ont proclamé : « Hachem, c’est lui qui
est Dieu ! Hachem, c’est lui qui est Dieu ! » (I Rois18, 39).

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Strophe N° 6 : L’homme qui sera un jour envoyé depuis
les Cieux ; l’homme préposé pour toutes les bonnes nouvelles
; l’homme messager fidèle pour faire revenir le cœur des fils
vers les pères.
Commentaire : Un jour viendra du ciel le prophète Elie pour annoncer
notre libération, car il est préposé pour toutes les bonnes
nouvelles. Et il sera un messager fidèle pour réaliser la prophétie
: « Il fera revenir le cœur des pères vers les fils, et le
cœur des fils vers leurs pères… » (Malachie 3, 24).

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Strophe N° 7 : L’homme qui s’est dit très jaloux
pour Hachem dans la gloire ; l’homme qui a monté des chevaux de
feu dans une tornade ; l’homme qui n’a pas goûté au «
goût » de la mort et de la sépulture.
Commentaire : « Il dit : J’ai été très jaloux
pour Hachem, le Dieu des armées ; car les enfants d’Israël
ont abandonné ton alliance ; ils ont renversé tes autels et ils
ont tué tes prophètes par l’épée, et je suis
resté, moi seul, et ils cherchent ma vie pour me l’ôter »
(I Rois 19, 10). Elie n’est pas véritablement mort puisqu’il
a été emporté au ciel dans une tornade, ainsi qu’il
est écrit : « Il arriva, comme [Elie et Elisée] allaient
marchant et parlant, que voici un char de feu et des chevaux de feu ; et ils
les séparèrent l’un de l’autre ; Elie monta aux cieux
dans une tornade » (II Rois 2, 11). Aussi n’a-t-il connu ni la mort
ni la sépulture.

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Strophe N° 8 : A son nom a été ajouté celui
de Tichbi ; tu nous feras réussir par sa main dans la Tora ; tu nous
feras entendre de sa bouche une bonne nouvelle bientôt ; tu nous feras
sortir des ténèbres vers la lumière.
Commentaire : Le prophète Elie est appelé également Tichbi,
c’est-à-dire d’une ville dont le nom était Tochav (Radaq).C’est
grâce à lui que nous dissiperons un jour tous les doutes et les
incertitudes que nous avons à propos des lois de la Tora, et c’est
lui qui nous apportera bientôt la bonne nouvelle de notre sortie de l’exil,
que l’on peut comparer aux ténèbres qui précèderont
la lumière de l’ère messianique.

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Strophe N° 9 : Homme de Tichbi, tu nous sauveras de la gueule des
lions ; tu nous annonceras de bonnes nouvelles ; tu nous seras nous réjouir
des fils sur les pères ; à la sortie des Chabbathoth.
Commentaire : Le prophète Elie nous sauvera des peuples qui nous persécutent,
que l’on peut comparer à des lions. Il ne viendra pas pendant Chabbath,
mais seulement à sa sortie (Voir plus haut).

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Strophe N° 10 : Heureux celui qui a vu son visage dans un rêve
; heureux celui qui lui a donné la paix, et qui lui a rendu la paix ;
Hachem bénira Son peuple dans la paix.
Commentaire : C’est un bon signe de voir le prophète Elie dans un
rêve, de le saluer et de recevoir son salut en retour. Et « Hachem
bénira Son peuple dans la paix » (Psaumes 29, 11).

Jacques KOHN.