Le premier anniversaire de la
Sortie d’Égypte a été marqué
dans le désert par le « korbane
Pessa’h « – le sacrifice pascal.
On sait que pour tout sacrifice,
il faut être en état de pureté.
Voilà pourquoi les hommes qui
n’étaient pas purs sont venus demander
à Moshé l’autorisation
d’offrir malgré tout le korbane
Pessa’h.
En fait, c’est bien à leur intention
que Hachem a promulgué la loi de
« Pessa’h Chéni » – le deuxième
Pessa’h : au lieu du 14 Nissan, ce
serait le 14 Iyar que le « korbane
Pessa’h » serait offert par ceux
qui étaient en état d’impureté à la
date du 14 Nissan.
Une précision fort intéressante du
Baal Hatourim : ces hommes impurs
au soir du 14 Nissan étaient
en fait les porteurs du cercueil de
Yossef. Ils n’étaient donc pas impurs
pour une faute qu’ils auraient
commise, car ils accomplissaient
là une mitsva extraordinaire
consistant à transporter le corps
de Yossef en vue de l’enterrer à
Che’hem en Eretz Israël. Mais
leur admirable volonté d’accomplir
des mitsvot était telle qu’ils
n’entendaient pas se contenter
de cette importante mitsva au
prix d’être dispensés d’une autre
mitsva !
De manière générale, si l’on se retrouve
dispensé d’accomplir une
mitsva, on ne sollicite pas une
dérogation spéciale pour pouvoir
l’accomplir… Ainsi, avons-nous
l’habitude d’exécuter les mitsvot,
mais lorsque leur obligation ne
pèse pas sur nous, nous ne venons
pas nous en plaindre et acceptons
de bon gré ces « dispenses »…
Exemples : à Chabbat et Yom Tov,
nous ne mettons pas les téfilin ;
si Roch Hachana tombe Chabbat,
nous ne sonnons pas de chofar ;
et à Souccot, le jour de Chabbat,
nous ne prenons pas le loulav.
Dans son livre « Zi’hron Méir »,
rav Méir Roubman attire notre
attention sur le fait qu’ici la Torah
met en valeur le zèle religieux de
ces personnes impures, à tel point
qu’elles ne pouvaient pas se résigner
à renoncer à présenter leur
korbane Pessa’h !
Dans le Traité Bera’hot (page 35/
b), le Talmud énonce : « Rabba bar
bar ‘Hanna a enseigné au nom de
rabbi Yo’hanan : ‘ Voyez comme
les temps ont changé. Nos anciens
engrangeaient leur moisson
par le portail de leur cour pour
s’attirer pleinement l’obligation
de la Torah d’en prélever la dîme.
Tandis que de nos jours, certains
empruntent des détours et transportent
leur récolte par les jardins
et les toits afin d’échapper à l’obligation
de prélever la dîme ’ ! ».
Lorsque l’amour envers Hachem
est sincère et fort, il inspire la
volonté d’accomplir les mitsvot.
Or, si une mitsva ne s’impose que
dans certaines conditions, celui
qui aime véritablement Hachem
cherchera à intégrer les paramètres
qui lui permettront de l’accomplir.
Mais lorsque notre amour pour
Hachem reste trop faible (parce
qu’il est dépassé de loin par l’attrait
du matérialisme) et même si
on ne désobéit pas ouvertement
– car ce serait trop grave ! -, alors
nous cherchons souvent des prétextes
pour échapper à la mitsva.
Par exemple… en guettant à l’horizon
la venue d’une petite pluie
pour ne pas devoir manger dans
la Soucca.
Rav Roubman nous invite à comprendre
que la différence entre
les deux époques évoquées dans
le passage précité du Talmud Bera’hot
réside dans le fait que les
premières générations étaient
fortement attirées par le spirituel,
alors que leurs descendants
étaient déjà trop attirés par l’aspect
matériel de l’existence. On
sait en effet quels efforts les gens
sont capables de fournir pour
atteindre une satisfaction physique
ou financière. Or, la véritable
gloire des générations plus
anciennes résidait dans le fait
qu’elles étaient capables de faire
– dans un but uniquement spirituel
– tous les efforts que d’autres
n’étaient prêts à fournir que dans
un but matériel.
Au début du Traité Avoda Zara,
le Talmud nous apprend que le
jour viendra où les nations solliciteront
de Hachem l’obligation
d’observer à leur tour les commandements
de la Torah. Hachem
leur proposera alors de réaliser
la mitsva de Soucca qui n’est pas
trop difficile à appliquer. Or, une
fois qu’ils se seront installés dans
leurs cabanes, Hachem extraira
le soleil de son écrin, si bien que
cela provoquera une chaleur torride.
Tous sortiront alors en donnant
un grand coup de pied dans
leurs cabanes… Et Hachem se moquera
d’eux : « Même une mitsva
aussi facile, vous êtes incapables
de l’observer. Et vous vouliez la
Torah !!! ». Et les nations de tenter
alors de s’excuser avec l’argument
que les Juifs aussi réintègrent
leurs domiciles en cas de
climat trop difficile à supporter…
Or, il est bien vrai qu’en cas d’intempéries,
Juifs ou non, il nous est
autorisé de quitter la Soucca. Mais
toute la différence réside dans la
manière d’en sortir ! Pour le Juif,
sortir de sa Soucca est décevant
et déplorable : il regrette sincèrement
de ne pas pouvoir continuer
à appliquer cette mitsva. Tandis
que les autres nations sortent de
la Soucca satisfaits d’avoir trouvé
une « dispense » pour « se débarrasser
» de ce fardeau : ils la quittent
comme des sauvages, en rage
contre la mitsva !
À l’époque où les communistes
emprisonnaient les Juifs qui propageaient
la Torah et les mitsvot
en Russie, un illustre Sage de la
génération expliqua à ses fidèles
que le Juif russe emprisonné qui
versait des larmes en se sentant
tout à fait désespéré de ne pas
pouvoir accomplir la mitsva du
loulav à Souccot, la réalisait ainsi
de manière « virtuelle » d’une
manière plus profonde encore que
le Juif américain plein de fierté
d’avoir un loulav de mille dollars !
Ainsi, il se peut très bien que l’on
accomplisse une mitsva de manière
excellente alors que notre
attachement à D.ieu reste toutefois
superficiel… En fait, la même
mitsva tant désirée et convoitée
par ce Juif russe emprisonné met
en valeur son profond attachement
spirituel aux mitsvot.
Car à l’instar de l’être humain, les
mitsvot ont elles aussi un corps et
une âme. Avant tout, il faut que la
mitsva ait son corps qui consiste
à faire le geste de la mitsva et
l’effort physique qu’elle exige.
Mais n’oublions pas de donner
aussi à la mitsva son âme : c’est
notre attachement à elle et notre
aspiration profonde à l’accomplir
pour Hachem – Celui qui nous l’a
l’ordonnée.
Rav Hayim Yaacov Schlammé
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