On vient de commémorer en France le 70e anniversaire de la sinistre rafle du Vel’ d’Hiv au cours de laquelle 13 152 Juifs ont été arrêtés puis envoyés vers les camps de la mort. La cérémonie a eu lieu à la cité de la Muette, à Drancy, où se trouvait pendant la guerre le camp d'internement d'où furent déportés 73 000 Juifs, dans 62 convois, vers Auschwitz.
Des centaines de personnes étaient présentes; parmi elles, des anciens déportés et des délégués de la communauté juive, aux côtés de représentants catholiques, protestants et musulmans.
Le Rav Moché Lewin qui représentait le grand rabbin de France a demandé à chacun de participer au “devoir de mémoire”. Une ancienne déportée, Yvette Lévy, a prononcé un discours devant le Wagon-Témoin placé sur le site. Elle a notamment rappelé que Drancy avait été « l’antichambre de la mort”.
Une commémoration officielle est prévue dimanche prochain à l’emplacement de l’ancien Vélodrome d’Hiver, théâtre d’un drame humain qui n’était malheureusement qu’un prélude aux atrocités dont furent victimes par la suite tous ceux qui y ont été enfermés. Elle se déroulera en présence du président de la République François Hollande.
Des déportés ont laissé des traces de leur passage à Drancy, avant d’être emportés vers l’inconnu et la mort. Certains ont juste inscrit sur la pierre leur nom et la date de leur incarcération. D’autres ont gravé des poèmes ou des messages.
Voici quelques exemples poignants parmi tous ces témoignages : le petit Martin Spindel avait écrit sur le mur : « Martin Spindel. Arrivé le 27 mars 1944, déporté le 13 avril 1944 ». D'autres avaient tracé ce texte bref : « Déportés le 11 février 1943, destination inconnue. Vive la France ». Et une jeune déportée avait indiqué : » Eliane Haas, arrivée le 27 juillet 44, déportée le 31 juillet 44. Je reviens ». Suivi d’une signature.
Ces graffitis ont été découverts par des ouvriers en 2009, sur des blocs de gypse, lors des travaux de réfection de la Cité de la Muette. Ils ont été récupérés et soigneusement conservés et ils sont exposés à présent au Mémorial de la Shoah, à Paris.
Serge Klasfeld, président de l’Association des Fils et Filles de Déportés, a salué ce « travail archéologique », soulignant que grâce à cette exposition, « ces gens allaient survivre alors que la volonté des nazis était la disparition des Juifs de l’histoire ».