Nicolas Sarkozy s’apprête à confier l’un des
principaux instruments de la diplomatie française au président du
Consistoire de Paris. Mais alors, Dov Zérah pourra-t-il conserver ses
responsabilités communautaires ?
Moins de six mois après son
élection à présidence du Consistoire de Paris (ACIP), Dov Zérah devrait
dans les prochains jours être nommé à la direction de l’Agence française
de Développement (AFD) par le président de la République, Nicolas
Sarkozy. Ce mardi, la Commission des Affaires étrangères de l’Assemblée
nationale devait d’ailleurs auditionner cet énarque de 55 ans. Pour ce
faire, Dov Zérah a d’ailleurs dû annuler une réunion du bureau de l’ACIP
qui devait se tenir au même moment. Une incompatibilité de calendrier
et aussi de fonctions qui pourrait amorcer la dynamique de son retrait
de la direction de l’institution de la rue Saint-Georges….
Une fois la formalité de l’audition parlementaire passée, Dov Zérah se
retrouvera en effet à la tête de l’un des principaux instruments de la
diplomatie française. Doté d’un budget « monstre » de 6,2 milliards
d’euros (300 fois celui du Consistoire de Paris !), l’AFD est au cœur du
dispositif français de l’aide publique en faveur des pays pauvres. Au
total, ce sont les pouvoirs publics et les milieux associatifs d’une
soixantaine d’États – particulièrement d’Afrique subsaharienne, mais
aussi d’Afrique du Nord et du Proche-Orient – qui sont concernés. Un
domaine que ce haut fonctionnaire issu de l’administration centrale du
Trésor connaît bien puisqu’il a été directeur de cabinet du ministre de
la Coopération, Michel Roussin, dans les années 1990.
Selon la presse française, cette nomination devrait beaucoup à l’appui
du directeur général de l’Elysée, Claude Guéant, mais surtout à l’avocat
Robert Bourgi, conseiller de plusieurs présidents africains et homme
fort de ce que l’on appelle la « Françafrique ».
Reste que beaucoup, au sein de la communauté juive nationale, craignent
que l’arrivée de Dov Zérah à la présidence de l’AFD ne l’oblige à
quitter ses fonctions au Consistoire de Paris. L’Agence française de
Développement est en effet implantée dans plusieurs pays comme la Syrie,
le Liban ou le Yémen, où son rôle à la tête de la communauté juive
parisienne risque de provoquer quelques grincements de dents. Il est
vrai que les adversaires d’Israël ne manqueraient de dénoncer le fait
que le même président du Consistoire qui assiste et préside les
cérémonies du Yom Hatsmaout soit également celui qui se prononcera, par
exemple, sur le budget attribué par l’AFD à des projets développés par…
l’Autorité palestinienne.
« L’Elysée et le Quai d’Orsay vont probablement lui demander de se
mettre en retrait au Consistoire, explique l’un des responsables du
Consistoire de Paris pour qui, désormais, tout est possible… C’est
dommage, mais la realpolitique aura probablement le dernier mot. En tout
cas, pour nous les Juifs, c’est une très grande fierté que l’un de nos
dirigeants soit ainsi appelé à d’aussi hautes fonctions nationales ».
Si Dov Zérah choisissait de démissionner de la présidence de l’ACIP, les
26 administrateurs devraient alors se réunir pour élire son remplaçant.
Suite et fin …
Le Président Dov ZERAH a présenté sa démission de la Présidence du Consistoire de Paris, lors du Conseil du 3 juin 2010, convoqué de façon exceptionnelle.
Le Conseil du Consistoire de Paris, au complet, a procédé à l’élection de son nouveau Président.
Le Président Joël MERGUI a été élu par 18 voix contre 7 voix à M. David REVCOLEVSCHI, un bulletin blanc et un bulletin nul. Il a proposé à l’ensemble des Membres du Bureau de conserver leurs attributions.
Face à l’urgence causée par le départ du Président en début de mandat, situation inédite dans l’histoire de l’Institution Consistoriale, le Président Joël MERGUI et Monsieur Moïse COHEN, Président d’Honneur et ancien Président du Consistoire de Paris, ont décidé de joindre leurs efforts dans la conduite des affaires du Consistoire de Paris.