La Caverne de Makhpéla


Avec la conclusion très prochaine du livre de Béréchit, la Torah va nous décrire le huitième et dernier enterrement qui eut lieu dans la « Caverne de Makhpéla ». Petit tour d’horizon de ce que représente dans les écrits traditionnels ce lieu de sépulture plusieurs fois millénaire et rempli de « kédoucha » …

La ville de ‘Hévron compte
parmi les « Quatre Terres
de vie » puisqu’elle est la seconde des quatre plus importantes
villes d’Erets Israël, après Jérusalem et avant Safed et Tibériade. De
tous temps, les Juifs du monde entier firent preuve d’une très grande
abnégation pour se recueillir sur
les tombes des Patriarches et des
Matriarches. En fait, ce sentiment
général pourrait se résumer par
ces quelques mots de rabbi Yéhouda haLévi : « Qui me laissera errer
dans ces lieux où l’Éternel apparut
à Ses Visionnaires, (…) j’aspire à
‘Hévron, le plus éminent des lieux
de sépulture… ».

« J’ai répondu à cet enfant »


Voilà plus de cinquante ans, le rav Guershon Libman zatsal dispensait ce discours au sein de sa Yéchiva « Or
Yossef », à Fublaines à l’approche de ‘Hanouka. Que ces quelques lignes soient un hommage pour ce grand maître !

A la fin des nombreuses épreuves
qu’endurèrent les fils
de Yaacov, Yéhouda se
présente finalement devant Yossef,
le gouverneur d’Égypte, pour
lui tenir des propos d’une grande
audace : « Tu es semblable à Pharaon », lui déclare-t-il notamment
en sous-entendant : « Ton
sort sera finalement le même que
Pharaon… » (d’après Rachi au
nom du Midrash).

Par ailleurs, il se déclare prêt à
se livrer corps et âme, proposant
à Yossef qu’il l’assujettisse lui-même
au service de Pharaon en
tant qu’esclave à la place de son
jeune frère Binyamin : « De tous
les points de vue, je suis meilleur
esclave que lui, poursuit Rachi.
Et si tu te demandes pour quel
motif suis-je ainsi prêt à m’impliquer davantage que mes autres
frères…? C’est que je suis lié à cet
enfant par un lien puissant, car
pour lui, je peux risquer ma part
des deux mondes ».

Interroger les songes


Quand bien même accorderions-nous une valeur significative aux rêves,
ceux-ci demeurent néanmoins à nos yeux des récits insolites, souvent
remarquables et parfois effrayants. Pourtant, quelques brefs regards dans
les écrits traditionnels de la Halakha nous montrent l’importance que les
décisionnaires pouvaient parfois leur attribuer.

LE THÈME de « Chéélat ‘Halom »
est abordé avec le
plus grand sérieux par les
auteurs traditionnels. Cette « interrogation
par le rêve » consiste
en effet à jeûner, à s’épancher en
prières et à se repentir plusieurs
jours consécutifs, puis à formuler
une question dont la réponse est
transmise depuis le Ciel à travers
un rêve. Or d’innombrables sources
portent le témoignage de telles
manifestations parfaitement
authentiques qui furent prises
en compte pour des implications
rigoureusement concrètes et halakhiques.

VAYICHLA’H : La prière authentique


Rav Hayim Yaacov Schlammé

La célèbre rencontre des deux frères jumeaux, Yaacov et Essav, s’est amorcée dans un inquiétant climat de conflit armé,
mais finalement, elle s’est déroulée dans une atmosphère apparemment fraternelle…

En fait, les préparatifs de Yaacov, faits dans
l’attente angoissée de cette rencontre,
sont par la suite devenus un véritable
« Choul’han Arou’h », sorte de code gérant ce
que seront les relations entre les descendants
de ces deux fils de notre patriarche Its’hak tout
au long des siècles.

VAYICHLA’H :La corne et la fiole


Nous nous approchons à grands pas de la fête de ‘Hanoucca. Or dans notre
paracha, il est déjà fait allusion à ces petites « fioles » que Yaacov Avinou avait
oubliées et qui lui valurent de se mesurer à l’ange d’Essav, l’ange de la mort…

De petites fioles

C’est dans son ouvrage « Chné
Lou’hot haBrit » (Chla) que le rav
Ichaya Horowitz (Torah chébiKhtav
– Tson Yossef, 12) explique en effet
que le socle de la Ménora (le candélabre du Temple qui fut rendu
impur par les armées syrio-grecques) correspond dans son essence
à la hanche de Yaacov touchée par
l’ange d’Essav. En effet, comme
cela est indiqué dans le verset « Il
exécuta le candélabre en or pur.
Il le fit tout d’une pièce, avec son
socle [YéRéKHa] et son fût (…) »
(Chémot 37, 17), la racine étymologique du mot « socle » (YRKH) est
la même que celle du mot « hanche », ainsi qu’il est dit : « Voyant
qu’il ne pouvait le vaincre, il [l’ange d’Essav] le toucha à la hanche
(KaPh YéRéKHo) et la hanche de
Yaacov se luxa tandis qu’il luttait
avec lui » (Béréchit 32, 26).

VAYICHLA’H : La décision qui changea la face du monde

La décision qui changea la face du monde Par le Rav Eliahou Elkaïm de la yéchiva

En décryptant les quelques mots d’un verset, celui qui lit la paracha de cette semaine pourra découvrir un épisode qui bouleversa le destin de l’humanité. L’occasion de tirer une leçon de vie des patriarches?

« Amalek était le premier des peuples ; mais son avenir était voué à la perdition. » (Nombres 24 ; 20)

VAYESTE : Défiez-Moi par cette épreuve !



Lorsque Yaacov s’éveilla de son rêve dans lequel la protection divine lui fut promise, il formula le voeu suivant :
« Si l’Éternel est avec moi, s’Il me protège dans la voie dans laquelle je m’engage, s’Il me donne du pain pour me nourrir
et des habits pour me vêtir, (…) tous les biens que Tu m’accorderas, je T’en offrirai un dixième ».

En formulant cette promesse,
Yaacov institua en réalité
toute une tradition qui se
perpétuera au sein du peuple juif à
travers les siècles : celle du « maasser kessafim ». Une coutume qui
consiste à consacrer un dixième de
nos revenus comme dons de charité
au profit des plus démunis ou à tout
objet de mitsva. Si certains décisionnaires
voient là une obligation formelle
de la Torah, la majorité d’entre
eux estiment néanmoins que cette
pratique ne relève en fait que d’une
« coutume transmise par tradition »
instaurée par Yaacov lors de son
voyage vers ‘Haran.

La prière d’Israël


Avec la paracha Vayétsé, se
termine le cycle des trois
fois où la prière des Patriarches fut mentionnée dans la Tord
rah ; comme il est dit : « Avraham
se leva au petit matin vers le lieu
où il se tenait face à D.ieu » (Bérd
réchit 19, 27) – en contrepartie de
la Tefilat Cha’harit ; « Its’hak sortit
au crépuscule pour méditer dans
les champs » (Béréchit 24, 63) – en
contrepartie de Min’ha ; « Yaacov
atteignit le lieu et il y passa la nuit,
parce que le soleil s’était couché »
(Béréchit 28, 11) – en contrepartie
de la prière d’Arvit.

Pourtant, dans le Traité talmudique Brakhot, 26b, les Sages sont
en discussion sur la question de
savoir à quoi correspond l’institution des trois prières quotidiennes : ont-elles été instituées, comme le pense Rabbi Yossi béRabbi
‘Hanina, en référence aux prières
des Patriarches (Avot Tiknou) ; ou
bien correspondent-elles, comme
le soutient Rabbi Yéhochoua ben
Lévy, à l’offrande quotidienne
apportée au Temple matin et soir
(Korban Tamid) ? Or, bien que la
Guémara conclue que les Sages de
la Grande Assemblée ont calqué
les trois prières journalières sur les
sacrifices (ce qui implique en particulier qu’elles soient soumises à
des règles similaires, en particulier le fait que le fidèle doive prier à
une place fixe et éviter toute pensée étrangère – Choul’han Aroukh,
Ora’h ‘Haïm 95, 4), elle conserve
malgré tout l’idée que les Avot en
ont bien été les initiateurs. Cette
référence est aussi présente sous
la plume du Rambam, quand il
consigne dans son Michné Torah
(Hilkhot Tefila, chap.1, loi 5-6) que
les prières sont en relation avec le
sacrifice quotidien, et qu’il rappelle cependant dans les lois sur
les rois qu’elles furent l’oeuvre des
Avot (chap. 9, loi 1). S’intéresser au
sens de la prière, c’est donc nécessairement réfléchir sur le sens que
les Avot lui ont donné…