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Hachem dit à Moché : « Viens vers Pharaon ! Car Moi J’ai endurci son c?ur et le c?ur de ses serviteurs, afin que Je mette Mes signes-là en son milieu. Et afin que tu publies aux oreilles de ton fils et de ton petit-fils ce que J’ai accompli en Egypte, et Mes signes que J’ai placés en eux ; vous saurez que Je suis Hachem. » (10, 1-2)

Pourquoi Hachem a-t-Il ordonné à Moché de « venir vers Pharaon » et non, comme il eût été normal, d’« aller » chez celui-ci ? s’interrogent les commentateurs.

Cette expression est employée quand on s’adresse à un homme indécis, qui ne sait que faire ni où aller, explique Rav Yehochou?a Leib Diskin. Dans un tel cas, on l’exhorte avec douceur en lui disant : « Viens ! »

YITHRO 1


Yithro prêtre de Midyan, beau-père de Moché, entendit tout ce que Dieu avait fait pour Moché et pour Israël Son peuple, que Hachem avait fait sortir Israël d’Egypte. (18, 1)

Qu’a-t-il entendu qui l’ait incité à quitter Midyan et à venir chez Moché ? Le partage de la mer et la guerre contre ?Amaleq, explique Rachi.
La division de la mer a été certainement le miracle le plus extraordinaire de toute l’histoire de l’humanité, fait observer Rav Eliyahou Lopian.

Selon l’enseignement de nos Sages (Mekhilta sur 15, 2), ce qu’a vu alors une simple servante a surpassé même les visions du prophète Ye?hezqel ! Il est donc fort compréhensible qu’un individu ayant entendu parler de ce prodige se soit précipité pour rejoindre les Hébreux.

QORA’H


Qora?h prit? (16, 1)

Le Midrach Tan?houma (cité par Rachi infra verset 7) pose la question : « Qora?h, qui était un homme intelligent, qu’a-t-il donc vu pour commettre cette chetouth ? ?folie? ? »
Pour quelle raison nos Sages désignent-ils le péché de Qora?h sous cette appellation ?\r\nPour répondre à cette question, Rav Yehonathan Eybeschuetz cite le célèbre passage du Talmud (Berakhoth 27b), relatant les recherches entreprises pour désigner le remplaçant de Rabban Gamliel, après que celui-ci eut perdu son titre de nassi (« prince ») suite à un vif désaccord qui l’avait opposé à Rabbi Yehochoua’. Les Sages n’ont pas voulu nommer ce dernier, qui avait en quelque sorte entraîné cette disgrâce. Cela aurait incité les gens à jaser ; ils auraient raconté que Rabbi Yehochoua’ avait émis son opinion divergente pour recueillir cette dignité? On peut raisonner de même concernant Qora?h : Même si son argumentation à l’encontre de Moché et de sa distinction s’était révélée acceptable et que, suite à ses objections, notre guide et prophète avait été défait de ses fonctions, il n’aurait pas pu être nommé à sa place.

?Houqath

Ceci est le statut de la Tora. (19, 2)

Pourquoi cette paracha – consacrée à la « vache rousse » – fait-elle directement suite à l’histoire de Qora‘h ?
Les lois concernant la vache rousse ont été transmises à Moché le 1er nissan – deux semaines avant Pessa‘h – le jour où fut dressé le Tabernacle, explique le ‘Hizqouni. C’est le lendemain que la première vache rousse a été brûlée dans le désert, afin de pouvoir purifier les enfants d’Israël en vue du sacrifice pascal. Ses lois n’auraient pas pu être observées avant, car une fois égorgée, il incombe d’asperger son sang vers « l’ouverture de la Tente d’assignation » (infra verset 4).

VAYIQRA



Il appela Moché. (1, 1)


La lettre alef du mot wayiqra (« Il appela ») est de taille réduite. Selon Rabbi Ya?aqov ben Acher, le Ba?al ha-Tourim, cette particularité s’explique par le fait que Moché, dans sa profonde humilité, aurait voulu qu’il soit écrit wayiqar (« Il survint ») ? dérivé du terme miqré ? ce qui aurait suggéré que Hachem lui était apparu fortuitement, dans un rêve. Ce verbe est celui employé au sujet de la prophétie recueillie par Bil?am (Bamidbar 23, 4) : « Dieu survint (wayiqar) à Bil?am? »
Le Saint béni soit-Il lui ayant alors enjoint d’ajouter un alef, Moché, le plus humble des hommes, Lui a demandé l’autorisation de faire paraître cette lettre plus petite que les autres, et l’a ainsi calligraphiée.

CHEMINI


Ce fut au huitième jour. (9, 1)

Moché a officié comme grand prêtre pendant les sept premiers jours de l’inauguration du Tabernacle. Quand Hachem S’était révélé à lui dans le Buisson ardent, explique le Ba?al ha-Tourim, il avait refusé pendant sept jours la mission dont Il voulait le charger. Il méritait donc d’accomplir le service pendant sept jours seulement.


Et les anciens d’Israël. (9, 1)

Rabbi ?Aqiva a enseigné : « Israël est comparé à un oiseau. De même que celui-ci ne peut voler sans ses ailes, de même Israël ne peut-il rien accomplir sans ses anciens » (Wayiqra Rabba 11, 8).
Cette similitude établie spécifiquement pour Israël, note Rav ?Hayim Shmulevitz, montre que, par leur nature même, les nations diffèrent profondément de notre peuple.

YITHRO 2



Yithro prêtre de Midyan, beau-père de Moché, entendit tout ce que Dieu avait fait pour Moché et pour Israël Son peuple, que Hachem avait fait sortir Israël d’Egypte. (18, 1)

Il s’est produit ici une inversion des rôles, fait remarquer Rachi. Dans ce verset, la Tora confère à Yithro l’honneur d’être « le beau-père de Moché ». Or, il est rapporté plus haut (4, 18) : « Moché alla, il retourna chez Yèthèr, son beau-père », impliquant que c’est lui qui se glorifiait alors de sa parenté avec Yithro, et non l’inverse.

Ki-Thétsé

"Quand tu sortiras pour la guerre contre tes ennemis, Hachem, ton Dieu, le livrera en ta main. (21, 10)

Pourquoi le verset ne dit-il pas simplement : « quand tu combattras tes ennemis ? », plutôt que : « quand tu sortiras pour la guerre » ?
Pour de nombreux commentateurs, fait remarquer le Kethav Sofèr, la Tora envisage ici la guerre que l’on doit mener contre son penchant au mal, au sujet duquel nos Sages ont affirmé (Souka 52b) : « l’inclination de l’homme se dresse constamment contre lui, et si Hachem ne l’aidait pas, il ne pourrait la maîtriser.

VEZOTH HABERAKHA

Et voici la bénédiction dont Moché, homme de Dieu, a béni les enfants d’Israël, avant sa mort. (33, 1)

Pourquoi ce verset commence-t-il par la conjonction waw (« et »), se demande le Or ha-‘Hayim, et quel rapport présente-t-il avec la paracha précédente ?
Et de répondre : Ce waw rattache cette paracha à la précédente, au terme de laquelle il avait été enjoint à Moché : « Monte vers cette montagne des ‘Avarim […] et vois le pays […] et meurs » (32, 49-50). Or, on aurait pu s’attendre à ce qu’il eût à cet instant un accès de colère contre les enfants d’Israël, dont l’indocilité permanente allait maintenant lui coûter la vie. En outre, il avait perdu à cause d’eux tout espoir d’entrer en Erets Yisrael ! Il est normal que l’on cherche à prendre des distances avec ceux qui nous ont fait du mal ou qui nous ont causé un préjudice. On aurait ainsi compris que Moché, au moment de mourir, exprimât de l’irritation et du ressentiment.
Cette lettre waw apparaît ici pour montrer qu’il a attribué cette bénédiction immédiatement avant de quitter ce monde, nous signifiant ainsi qu’il n’a éprouvé aucune rancune et que, comme à l’accoutumée, il est resté entièrement désintéressé. Son seul désir était de bénir les enfants d’Israël, et il leur a complètement pardonné les avanies qu’ils lui avaient fait subir.

Moché, homme de Dieu. (33, 1)

Qu’est-ce qu’un « homme de Dieu » ? se demandent les Sages du Midrach. Réponse de Rabbi Avine : « Par sa moitié inférieure, il était homme, mais par la moitié supérieure, il était comme un être divin » (Devarim Rabba). D’une manière générale, explique Rav Ya‘aqov Etlinger, les gens sont formés d’une combinaison d’éléments physiques et spirituels. L’âme exerce une influence sur le corps, et vice-versa. Elle a un tel besoin du corps que lorsque celui-ci meurt, elle doit s’en aller. Quand c’est l’âme qui domine, l’homme devient un tsaddiq, tandis que s’il laisse son corps prendre le dessus, il s’enfonce dans le péché et dégénère en racha’.
Il en était tout autrement chez Moché, dont l’âme (« sa moitié supérieure ») était entièrement indépendante du corps (« sa moitié inférieure ») et était libre de toutes influences de celui-ci. C’est ainsi que, lorsqu’il s’est trouvé dans le Ciel pendant quarante jours pour y recevoir la Tora, il a pu y subsister sans aucune nourriture terrestre, ce qui aurait été impossible à tout autre mortel.

Il dit : Hachem est venu du Sinaï, Il a brillé pour eux depuis le Sé‘ir, Il S’est révélé du mont Paran, et S’est approché depuis des myriades de sainteté. (33, 2)

Les références à Sé‘ir et à Paran, explique Rachi au nom du Midrach, indiquent que Hachem a commencé par S’adresser aux descendants de ‘Essaw et à ceux de Yichma‘el pour qu’ils acceptent la Tora. Ils l’ont refusée les uns comme les autres, et c’est seulement ensuite qu’Il l’a offerte à Israël.
Cet épisode, commente Rabbi ‘Aqiva Eiger, est ce qui a entraîné les conversions de non-Juifs au judaïsme. Lorsque Hachem a proposé la Tora aux autres peuples, même si presque tous leurs membres ont rejeté Son offre, il y en a eu certainement qui étaient prêts à l’accepter. Ceux qui se sont convertis depuis lors sont leurs descendants.
A l’inverse, ce sont les descendants des Hébreux qui, au Sinaï, n’ont pas voulu recevoir la Tora, qui renient notre foi et abandonnent notre peuple.

Voilà pourquoi, ajoute le Choèl ou-Mèchiv, Hachem a jugé nécessaire de proposer la Tora à ‘Essaw et à Yichma‘el, tout en prévoyant qu’ils ne l’accepteraient pas. Il savait qu’il y aurait toujours parmi leurs descendants des hommes et des femmes qui reconnaîtraient la vérité éternelle de son message, et qu’ils voudraient l’accueillir et abandonner leurs fausses croyances. C’est pour leur « ouvrir la voie » à la conversion qu’Il l’a offerte à ces peuples, en « brillant pour eux depuis le Sé‘ir, et en Se révélant du mont Paran ».

De Sa droite [est sorti] un feu-loi pour eux. (33, 2)

La Tora est appelée ici un « feu-loi » parce qu’elle a été écrite à l’origine comme un feu noir sur un feu blanc. Elle est comme une potion, nous enseignent nos Sages (Yoma 72b), qui peut être bénéfique ou dangereuse selon l’état des mérites de celui qui l’étudie.
C’est pour cette raison qu’elle est comparée au feu, explique le ‘Hovoth ha-Levavoth. Lui aussi est « à double tranchant » : employé d’une bonne manière, il produit de la lumière et de la chaleur, et rend possible la production des métaux. Mais il détient également, s’il est utilisé à mauvais escient, un pouvoir destructeur.