Cacherout
La Chehita au laser ? Permis ?

« La lumière infinie : A propos de Dieu »
1. Les fondements
Parler du judaïsme équivaut à parler de l’homme et de la vie en général. Celui-ci est avant tout un mode de vie, et ses principes atteignent les fondements mêmes de l’âme humaine. Comprendre véritablement le judaïsme, c’est percevoir le secret ultime de l’existence.
Ce qui est le plus important pour l’homme, c’est d’avoir un but. On demande, dans une vieille chanson : « Pourquoi suis-je né, pourquoi suis-je en vie ? Qu’ai-je à recevoir, et qu’ai-je à donner ? » Ces interrogations, l’être humain n’a jamais cessé de se les poser depuis qu’il fait fonctionner son cerveau.
Vous êtes-vous jamais posé ce genre de questions :
Pourquoi suis-je né ?
Quel sens a ma vie ?
Pourquoi suis-je moi ?
Comment dois-je mener mon existence ?
Qu’ai-je à offrir à la vie ?
Ces questions sont de celles qui nous angoissent souvent dans nos premières années. Nous essayons, pendant notre adolescence, de nous inspirer d’une philosophie de la vie. Par la suite cependant, l’exercice d’une profession, les soins à apporter à l’éducation de nos enfants font passer cette préoccupation au second plan. Mais il arrive parfois que notre réveil soit douloureux. Lorsque la tragédie nous frappe, ces interrogations nous fouettent comme des douches glacées. Parvenus à l’âge mur, nous nous tournons vers nos jeunes années pour nous demander : « A quoi ma vie a-t-elle servi ? »
Nous disposons d’une seule destinée, dont il nous incombe de tirer le maximum. Nous cherchons tous, afin de lui donner un sens, à faire ce qui est « vrai ». Rares sont ceux qui affirment : « Je sais que c’est faux, mais je le fais quand même. »
Pressentant confusément que certaines choses sont vraies, et que d’autres sont fausses, nous devinons tous que la vie a un sens. Mais beaucoup d’entre nous ne vont pas plus loin. Même s’ils se posent des questions, ils ne déploient pas d’efforts considérables pour trouver les réponses.
Un homme d’une grande sagesse a dit un jour : « Une vie sans examen ne vaut pas la peine d’être vécue. »
On peut consacrer toute une existence à la recherche de plaisirs, de célébrité ou de richesses, sans se demander, ne serait-ce qu’une seule fois, si tout cela est vraiment important. Si l’on n’y réfléchit pas sérieusement, on ne saura jamais si l’on a fait ou non ce qu’il fallait faire, et l’on aura gaspillé une vie entière à la poursuite d’objectifs futiles, voire dangereux.
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Le principe essentiel du judaïsme, c’est la conscience d’un but à l’univers et d’un objectif à la vie de l’homme.1
Nos maîtres enseignent : « Il faut avoir le discernement […] de savoir pourquoi on est là et pourquoi on existe. Il faut revoir son passé et considérer où l’on va. »2
L’homme et la nature sont dotés l’un et l’autre d’un but parce qu’ils ont été créés par un Etre qui en a un. Cet Etre, nous l’appelons Dieu.3
Il est impossible d’imaginer un monde qui aurait un dessein et qui n’aurait pas de Créateur. Sans Dieu, l’univers serait sans but et la destinée humaine inutile. Aucune vie n’aurait plus de sens ni d’espérance.
Pour appuyer notre propos, considérons plus attentivement le point de vue opposé et examinons le monde comme le ferait un athée accompli : le monde n’a pas eu de Créateur agissant selon une finalité. La vie en est donc également dépourvue. Le genre humain n’existe par conséquent que par accident, sans plus d’importance qu’une bactérie ou un minéral, de sorte que l’homme apparaît à la manière d’une vile infection ou d’une maladie déposée sur la surface de notre planète.
Si la vie n’a pas de sens, tous nos espoirs, nos désirs, nos aspirations ne forment rien d’autre que la résultante du mouvement des molécules et des cellules de notre cerveau, et nous n’aurons donc plus qu’à adhérer aux propos de ce cynique célèbre qui affirmait : « L’homme n’est qu’une mouche impotente qui vole, comme prise de vertige, sur une immense sphère. »
Dans un monde privé de but, il ne peut exister ni bien ni mal, puisque ces deux concepts présupposent qu’il en a un. Faute de croire en quelque fin ultime, les valeurs deviennent, dans leur totalité, purement aléatoires. La moralité serait alors affaire de convenance, à rejeter toutes les fois qu’elle ne sert pas des objectifs immédiats. Et il n’est pas d’autre philosophie de la vie que celle qui consiste à se dire : « Fais-le, du moment que tu ne peux pas agir autrement ! »
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Si l’existence n’a ni sens, ni dessein, ni contenu, notre attitude envers le monde, envers autrui et envers la société en général ne saurait être définie autrement que par un « Bof ! » désabusé.
Si Dieu n’existe pas, il n’y a pas de but et, par voie de conséquence, tout ce que peut entreprendre l’homme est inutile. C’est ce qu’a voulu dire le Psalmiste : « Si Dieu ne bâtit pas une maison, c’est en vain que peinent ceux qui la construisent ; si Dieu ne garde pas la ville, c’est en vain que la sentinelle veille avec soin » (Psaumes 127, 1).
Mais nous pouvons également envisager le problème dans sa perspective opposée et considérer le monde avec les yeux du croyant. Si nous avons foi en Dieu en tant qu’Auteur de l’univers, la Création comporte alors un but considérable et la vie acquiert une profondeur infinie. L’homme, s’il admet que l’existence a un sens, doit chercher quel a pu être le dessein de Dieu lorsqu’Il a élaboré le monde et s’efforcer de consacrer la sienne à la réalisation de cette fin. Sa vie, dès lors qu’il est apte à lui donner un sens, cesse d’être un simple accident, pour devenir le phénomène le plus riche de signification de toute la Création. Les concepts de bien et de mal acquièrent des dimensions considérables, puisque le bien se définit désormais comme étant ce qui est en harmonie avec le projet divin, et le mal comme étant ce qui lui est contraire. Nous ne sommes rien moins que les associés de Dieu dans l’accomplissement de Son dessein.
Il n’existe personne qui puisse penser, au plus profond de lui-même, que rien n’a de sens. Mais il en est beaucoup qui, se dissimulant derrière une façade de clichés et d’erreurs, perdent de vue la véritable racine de cette finalité. Nous savons tous cependant, dans les tréfonds de notre conscience, que la vie, et en dernière analyse toute la Création, en comportent une.
Le matérialiste d’antan qui restait fermement convaincu que la destinée humaine n’a ni sens ni fin et que l’homme n’est rien d’autre qu’une particule irresponsable ballottée dans un maelström de forces aveugles, était un homme dépourvu de sagesse. Un grand philosophe a un jour ainsi résumé ce genre d’attitude : « Les gens qui passent leur vie à essayer de prouver qu’elle n’a pas de sens constituent un intéressant sujet d’observation ! »
La Bible, sans s’embarrasser de nuances, traite l’incroyant d’insensé : « L’insensé dit dans son cœur : `Il n’est point de Dieu.’ » (Psaumes 14, 1)4
Ce que veut souligner ce verset, c’est à la fois l’erreur et l’égarement de l’incroyant. Il ne voit pas ce qui devrait lui sauter aux yeux. Il est non seulement frappé de cécité, mais aussi enclin à agir sans discernement. Ne reconnaissant aucun but à l’existence, il est porté à opérer à l’aveuglette. Inapte à découvrir la vérité, tout ce qu’il fait peut être erroné. Il est si obtus qu’on ne peut avoir confiance en lui. C’est parce qu’il est insensé et qu’il ne voit pas Sa présence tout autour de lui qu’il affirme que Dieu n’est pas. Ou bien parce qu’il est trop égoïste pour partager son propre monde avec Celui qui l’a créé.
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Nous ne trouvons nulle part dans la Bible un argument philosophique tendant à prouver l’existence de Dieu. Celle-ci est tout simplement présupposée. Pour les Ecritures, il est vain de vouloir convaincre l’athée de son aberration. Il est considéré comme un insensé, incapable de comprendre, ou trop impie pour vouloir le faire.
Il en est de la foi comme de la beauté : elle est dans l’œil de celui qui regarde. Pendant plus de trois mille ans, l’existence de Dieu a sauté aux yeux du Juif, qui n’avait besoin ni d’une preuve ni d’une démonstration.
Le seul fait qu’il y a un univers implique un Créateur. Comme le proclame le Psalmiste : « Les cieux racontent la gloire de Dieu, et le firmament proclame l’œuvre de Ses mains » (Psaumes 19, 2). Leur existence même constitue un hymne, chanté à la gloire de leur Auteur.5
De la même manière, le prophète a écrit :
Vous ne savez donc pas !
Vous ne comprenez donc pas !
Ne vous l’a-t-on pas appris dès l’origine ?
Ne saisissez-vous pas ce qu’enseignent
les fondements de la terre ? […]
Levez les regards vers les cieux et voyez !
Qui les a appelés à l’existence ?
Qui fait défiler leur armée en bon ordre ?
Tous, Il les appelle par leur nom…
(Isaïe 40, 21-26).
N O T E S 1. Cf. Messilath Yecharim 1. 2. Zohar ‘Hadach 70d. Cf. Avoth 3,1. 3. Yad, Yessodei Hatorah 1,1-5.
4. Voir aussi Psaumes 53,2.
5. Moré Nevoukhim 1,44.
Titre: La lumière infinie : A propos de Dieu
Auteur: Arieh KAPLAN
Editeur: EMOUNAH – NCSY/ORTHODOX UNION
Adaptation française : Jacques KOHN.
Le livre est en vente dans les librairies juives.
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« La lumière infinie : A propos de Dieu »
2. La prise de conscience
Une anecdote particulièrement éclairante nous aidera à mieux comprendre le sujet 6:
Un philosophe affirma un jour à Rabbi Méir : « Je ne crois pas en Dieu. Pour moi, l’univers s’est créé seul, spontanément, sans intervention extérieure. » Rabbi Méir ne répondit pas. Quelques jours plus tard, il se présenta chez le philosophe, tenant à la main un magnifique poème, calligraphié avec art sur un délicat parchemin blanc. Le philosophe admira le parchemin et demanda : « De qui est ce magnifique poème ? Quel est le scribe émérite qui l’a copié ? » Rabbi Méir secoua la tête et répondit : « Erreur ! Il n’y a ni poète ni scribe. Voici ce qui est arrivé : le parchemin était posé sur ma table, à côté d’un flacon d’encre. Un chat a malencontreusement renversé le flacon et a répandu le liquide sur tout le parchemin. Ce poème n’est rien d’autre que le résultat de son geste. » Le philosophe regarda Rabbi Méir avec stupéfaction et lui dit : « Mais c’est impossible ! Un si beau poème ! Une si parfaite écriture ! De telles choses ne peuvent pas s’être créées d’elles-mêmes. Il faut qu’il y ait eu un poète ! Il faut qu’il y ait eu un scribe ! » Rabbi Méir, avec un large sourire, lui répondit alors : « Vous vous êtes vous-même donné une réponse ! Comment l’univers, qui est bien plus beau qu’un poème, a-t-il pu se créer lui-même ? Il faut qu’il y ait eu un Auteur ! Il faut qu’il y ait eu un Créateur ! »
Ce que, bien évidemment, Rabbi Méir voulait mettre en évidence, c’est l’argument tiré de l’existence d’un plan. Le monde où nous vivons apparaît bien planifié et doté d’un but. Tout ce qui compose la nature est bien à sa place. On y trouve des créatures, comme l’être humain, extraordinairement complexes. Comment un homme normalement constitué peut-il véritablement croire que tout cela n’a pas eu d’Auteur ?
Selon le Midrach, c’est de cette manière qu’Abraham a pris conscience de l’existence de Dieu. Il s’est dit : « Est-il possible qu’un château brillamment illuminé n’ait pas de propriétaire ? Peut-on dire que ce monde existe sans qu’il y ait eu un Créateur ? »7
En définitive, ne pas voir Dieu représente une certaine forme de cécité. C’est ce qu’a voulu dire le prophète :
O perversité ! Le potier mis sur le même plan que l’argile ! L’œuvre disant de l’ouvrier : « Il ne m’a pas fabriquée ! » Le vase disant de celui qui l’a créé : « Il n’y entend rien ! » (Isaïe 29, 16).
Notre tâche, c’est de savoir poser les bonnes questions. Sur le verset : « Levez les regards vers les cieux et voyez ! Qui a créé cela ? » (Isaïe 40, 26), le Zohar explique8 : le monde que nous percevons est cela, en hébreu : Eléh. Regarde cela, et demande : Qui (en hébreu : Mi). La combinaison des lettres des deux mots Eléh et Mi (cela et qui) forme Elohim, l’un des noms de Dieu. En d’autres termes, sachons poser les bonnes questions, et Dieu apparaÎtra dans les réponses.
Il suffit de se regarder soi-même pour voir l’ouvrage du Créateur. Le fait de pouvoir penser, de pouvoir bouger la main, c’est là le plus grand des miracles. C’est ce qu’a reconnu le Psalmiste : « Je te rends grâce de m’avoir si merveilleusement distingué » (Psaumes 139, 14).
Tout ceci est résumé dans le verset : « De ma chair, je verrai Dieu » (Job 19, 26)9. En d’autres termes, je peux voir Dieu dans le fait même qu’il existe une chose aussi miraculeuse que ma chair.
N O T E S
6. ‘Hovoth Halevavoth, fin de 1,6.
7. Beréchith Rabba 39,1.
8. Zohar 1,2a.
9. ‘Hovoth Halevavoth 2,5 ; Pardès Rimonim, 8,1 ; Chenei Lou’hoth Haberith (Cha’ar Hagadol), Jérusalem 5720, 1,46b. Cf. Beréchith Rabba 48,2.
Titre: La lumière infinie : A propos de Dieu
Auteur: Arieh KAPLAN
Editeur: EMOUNAH – NCSY/ORTHODOX UNION
Adaptation française : Jacques KOHN.
Le livre est en vente dans les librairies juives.

« La lumière infinie : A propos de Dieu »
3. La preuve de l’existance
On raconte que Frédéric le Grand, roi de Prusse, demanda un jour à son aumônier, un pasteur luthérien, de lui fournir la preuve visible de l’existence de Dieu. La réponse tint en deux mots : « les Juifs ».
La présence de Dieu n’est pas, pour le Juif, un sujet de réflexion philosophique. Elle est liée à notre histoire même. Nous avons assisté à la montée en puissance des Babyloniens, des Perses, des Phéniciens, des Hittites, des Philistins, des Grecs, des Romains et de toutes les nations de l’antiquité païenne, et nous avons été également les témoins de leur effondrement. Ces grandes civilisations ont toutes grandi, pour atteindre leur maturité et ensuite disparaître. C’est là le modèle de l’histoire auquel tous les peuples antiques se sont conformés. Nous sommes la seule exception, toujours là pour lire et écrire des livres.
Notre longue destinée est marquée par une survie miraculeuse et une croissance continue. Notre peuple a traversé des milliers d’années de persécutions, d’esclavages, de massacres, d’exils, de tortures, d’inquisitions, de pogroms et de camps de la mort. Nous avons été réduits en esclavage par les Egyptiens, massacrés par les Philistins, exilés par les Babyloniens, dispersés par les Romains, décimés et poursuivis partout en Europe. Et pourtant, miracle extraordinaire, nous sommes là !
On ne trouve absolument aucune explication historique qui puisse rendre compte scientifiquement de ce miracle. Des recherches ont pu établir que certains peuples détenaient des records de longévité inhabituels, mais aucune de ces performances n’est comparable à la nôtre.
L’Empereur Hadrien, raconte le Midrach10, fit remarquer un jour à Rabbi Yehochou’a : « Il doit être grand, l’agneau Israël, pour pouvoir survivre parmi soixante-dix loups. » La réaction du maître fut : « Grand est le Berger, qui le sauve et le protège. »
Nous connaissons tous ce passage de la Haggadah de Pessa’h qui reprend le même thème :11
C’est cette promesse qui nous a soutenus,
Nous et nos ancêtres.
Car ce n’est pas un seul ennemi
Qui s’est élevé contre nous pour nous exterminer ;
A chaque génération
On s’élève contre nous pour nous anéantir,
Mais le Saint, béni soit-Il, nous sauve de leurs mains.
Ce miracle extraordinaire de la survie de notre peuple, unique dans les annales de l’histoire, ne peut pas être dépourvu de signification. Pour voir un vrai miracle, il suffit de se regarder dans une glace : il n’en est pas de plus grand que l’existence, après quatre mille ans, d’un Juif.
Tel est le message que Dieu nous a fait transmettre par Son prophète : « Vous êtes Mes témoins, dit Dieu, comme Je suis votre Dieu » (Isaïe 43, 12). Le Midrach explique que Dieu est reconnu comme tel parce que notre seule existence porte témoignage sur Lui.12 Notre pérennité est destinée à faire de nous, d’une certaine manière, les témoins de Dieu.
N O T E S
10. Tan’houma, Toledoth 5.
11. Vehi Chéamdah, dans la Hagadah de Pessa’h.
12. Sifri (346) sur Deutéronome 33,5 ; Midrach Tehilim 123,2 ; Pessikta 12 (102b) ; Yalkout 1,275, 2,317 ; Abarbanel ad loc.
Titre: La lumière infinie : A propos de Dieu
Auteur: Arieh KAPLAN
Editeur: EMOUNAH – NCSY/ORTHODOX UNION
Adaptation française : Jacques KOHN.
Le livre est en vente dans les librairies juives.
Dans quelles conditions est-il permis, le Chabbath, d’utiliser les cartes servant à ouvrir les portes des chambres d’hôtel ?

Échec de la greffe : incompatibilité
Si la Torah avait été donnée à une époque plus tardive que celle avancée par la Tradition, il aurait été très difficile de convaincre le peuple destinataire de la recevoir. En effet, que pourra dire le “donateur” ? S’il déclare : “Elle m’a été transmise aujourd’hui et je l’ai écrite”, il lui sera aussitôt répliqué : “Il y est pourtant bien précisé : Moché écrivit cette Torah…” (Devarim 31, 9). Elle a donc déjà été rédigée par Moché.
Ainsi, le “transplanteur” ne pourra prétendre qu’il vient de l’écrire ou qu’elle vient d’avoir été rédigée. Il devra affirmer qu’elle était déjà écrite. Mais s’il ne veut pas avoir aussitôt droit à la question : “Comment n’avons-nous pas entendu parler de son existence ?”, il devra affirmer qu’elle existait bel et bien mais qu’elle s’est perdue, et qu’il l’a redécouverte ! Peut-être lui sera-t-il alors demandé : “Cette Torah ne contient-elle pourtant pas la promesse qu’elle ne sera jamais oubliée ? Ce sera, quand le trouveront des malheurs nombreux et des calamités, ce Cantique répondra devant lui comme témoin, car il ne sera pas oublié de la bouche de sa descendance… (Devarim 31, 21). Voilà qu’elle l’a quand même été, puisque personne ne se souvient d’elle, hormis vous !…” Et si notre homme racontait encore : “La Torah s’est transmise secrètement au sein de ma famille”, deux arguments pourraient lui être opposés :
a. Lorsque nous lisons, écrit noir sur blanc : Ce Cantique répondra devant lui comme témoin, nous osons espérer que ce témoignage détiendra la force de conviction qui sied à une “déposition” de Dieu. Or, un témoignage assorti d’une transmission aussi limitée est irrecevable, la déclaration d’une seule personne ne valant pas témoignage. Cela signifierait que ce verset ne s’est pas accompli. Ce fait lui-même suffirait à prouver que cette Torah n’est pas d’ordre divin et à inciter les auditeurs à repousser les paroles du “transplanteur lambda”.
b. La Torah affirme encore : Seulement garde-toi et garde vivement ton âme, de crainte que tu n’oublies les choses que tes yeux ont vues, et de crainte qu’elles ne s’écartent de ton cœur tous les jours de ta vie ; tu les feras savoir à tes enfants, et aux enfants de tes enfants, que tu t’es tenu devant Hachem, ton Eloqim, à ‘Horev [Sinaï;] (Devarim 4, 9).
Se peut-il qu’une pareille injonction, écrite en des termes si inflexibles, n’ait été observée par personne ? Et même si elle n’avait pas été respectée, comment le “transplanteur” parviendrait-il à convaincre ses auditeurs de la nécessité d’entamer une telle transmission acharnée ?
Conclusion : “Transférer” la Torah en la greffant dans une période postérieure à celle invoquée par la Tradition est impossible. Puisqu’elle n’a pu être “greffée”, il est clair qu’elle a été écrite à l’époque avancée par la Tradition et qu’elle a été donnée à des hommes qui, ayant vu les événements, avaient la possibilité de les confirmer ou les infirmer. Et puisqu’ils ont effectivement reçu la Torah, nous disposons d’une preuve supplémentaire que la Révélation s’est produite conformément aux descriptions qui en sont faites.
L’unicité de la Torah
Chaoul : Ce que tu viens de dire est fondé sur l’hypothèse selon laquelle la Torah doit avoir été donnée comme une seule entité. Mais qui peut affirmer que c’est exact ? Celui qui n’y croit pas peut toujours répliquer qu’elle a pris forme progressivement, au cours d’une longue période.
El‘hanan : Cet argument a effectivement des appuis parmi les tenants de la “critique biblique”[1]. Les fondations de cette “science” furent posées par des théologiens allemands, dans une nation qui n’était pas dépositaire de la Torah. Or, il est impossible d’étudier la Torah si l’on ne possède pas les clés confiées par la tradition de génération en génération. Heureusement, il est fort aisé de montrer à quel point leurs dires sont dépourvus de logique !
a. Le jour où la rédaction de la Torah a été achevée doit bien avoir été retenu ; comment cette date aurait-elle disparu ?
b. Comment toutes ces prétendues “phases d’élaboration” se seraient-elles effacées de la mémoire collective ?
c. Nous lisons dans le livre de Devarim (4, 2) : Vous n’ajouterez pas sur la parole que Je vous ordonne, et vous n’en retirerez pas ! Après que ce verset fut écrit, il ne subsistait aucune possibilité d’adjoindre quoi que ce soit aux commandements de la Torah. Quiconque aurait tenté d’en insérer aurait aussitôt été rejeté. Cela ressemble un peu au système de protection dont sont actuellement dotés la plupart des logiciels informatiques et grâce auquel, lorsqu’on les fait fonctionner, ces programmes sont verrouillés et imperméables à tout changement ou ajout. Dès lors que cette fonction est déployée, il est absolument impossible d’apporter la moindre modification au fichier. Un verset comme celui précité abolit toute faculté d’innovation et d’ajout de mitsvoth ou d’éléments de mitsvoth.
d. Il y a une cinquantaine d’années, le Rav Mikhaël Yossef Dov Weissmandel zts"l a réalisé des découvertes extraordinaires concernant des messages “enchâssés” dans le texte de la Torah. Généralement, il s’est focalisé sur les informations insérées dans des passages spécifiques, mais deux de ces “codes” – dits “de la Menora” et “des Quatre Espèces” – se déploient sur tous les cinq Livres du Pentateuque et dévoilent, dans le Texte entier, des structures d’une incroyable organisation. Étant impossible de prétendre que ces combinaisons sont fortuites, il est clair que ces passages où elles ont été trouvées doivent avoir été conçus simultanément par le même auteur (cf. le chapitre sur les codes, p. 125 et Appendice n°4 p. 225).
e. La transmission ininterrompue de la Torah de génération en génération montre en soi qu’il n’y a pas lieu de mettre son unicité en doute, puisque les moindres détails liés à l’application des mitsvoth ont traversé ce long enchaînement. Nous-mêmes détenons grâce à elle des connaissances sur chaque commandement – ce que sont ses composantes dictées par la Torah même (midéOraï;ta) et celles d’ordonnance rabbinique (midéRabbanan), l’époque où s’est ajouté cet élément d’application et celle où s’est adjoint celui-là. Par ailleurs, certaines mesures en vigueur depuis la période du don de la Torah – comme la lecture de la sidra le chabath, instituée par Moché Rabbénou – ne sont pas considérées comme émanant de la Torah même…
Puisque nous disposons d’une tradition très précise concernant chaque détail de la loi, l’époque et les modalités de son émergence, si quelqu’un avait présenté la Torah à un moment autre que celui avéré, comment pourrait-on l’attribuer entièrement à Moché, comme l’ayant recueillie au mont Sinaï;, alors qu’elle se serait formée au fil des générations (qu’Il nous préserve d’une telle idée !) ? Cette information aurait-elle pu disparaître ? Aurait-on réussi à la dissimuler tout au long de l’histoire ?
Nous reviendrons ultérieurement plus en détail sur cette idée de la transmission d’information au cours des générations.
Chaoul : Tu disais, au point c., que l’interdiction formulée par le verset : Vous n’ajouterez pas sur la parole que Je vous ordonne, et vous n’en retirerez pas, a le pouvoir de parer à tout ajout ou modification. Comment alors les Sages ont-ils pu, au fil du temps, adjoindre de si nombreuses interdictions aux commandements de la Torah ?
El‘hanan : Nous traiterons plus tard de la Torah orale. Je me préoccuperai pour le moment de la question suivante : Un homme peut-il déclarer : “J’ai ajouté une voiture à ma maison”, ou : “J’ai agrandi notre salle de bains avec une machine à laver ?” À une maison, on adjoint une pièce ; une voiture ou une machine à laver ne sont pas des annexes à un lieu d’habitation. Elles sont d’un autre ordre.
Les Sages n’“ajoutent” pas ; ils œuvrent, en vertu de l’autorité qui leur a été conférée, pour instituer des mesures ou réformes qui ne ressemblent aucunement aux interdictions de la Torah. Depuis des millénaires, nous savons exactement ce qui est prohibé par elle, et ce qui l’est par ordre rabbinique. De par la Torah, il est défendu par exemple de couper une branche d’un arbre le chabath, mais il reste permis de s’y asseoir. Nos Maîtres ont cependant décrété que nous ne devons utiliser l’arbre d’aucune manière. S’ils avaient dit que tirer usage d’un arbre est interdit par la Torah au même titre que ses autres prohibitions, ils auraient enfreint la défense : Vous n’ajouterez pas. Mais ce qu’ils disent est tout autre, et ce qu’ils ont généré (en employant, encore une fois, les pouvoirs qui leur sont attribués), est une prohibition d’un type inédit, différent à tous points de vue des interdictions de la Torah. Le châtiment encouru par celui qui la transgresse diffère d’ailleurs également de la condamnation entraînée par la violation des proscriptions de la Torah. Il ne s’agit donc aucunement d’un “ajout”.
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La précision de la Torah
Chaoul : Peut-on prouver “historiquement” la Révélation du Sinaï; ?
El‘hanan : Permets-moi de te répondre par une autre question : existe-t-il, à ton avis, des événements passés ou des hommes ayant vécu à des époques lointaines que tu puisses considérer comme des faits objectifs, ou comme des personnalités ayant existé et agi dans la réalité effective ?
Chaoul : De nombreux événements et hommes sont perçus par les chroniqueurs comme des faits historiques avérés et nous autres, à leur suite, les considérons également comme tels.
El‘hanan : Peux-tu citer quelques-uns de ces personnages ou événements perçus par les historiens comme des faits incontestés ?
Chaoul : Alexandre le Grand, George Washington, les guerres napoléoniennes…
El‘hanan : Comment les chroniqueurs savent-ils qu’un événement s’est réellement produit ? Prends le plus formel, celui qu’ils considèrent comme ne pouvant aucunement être mis en doute, et examine les raisons pour lesquelles les hommes de science sont convaincus qu’il a assurément eu lieu. Dénombre les critères auxquels l’événement en question doit répondre pour être jugé comme formel, et je m’engage moi-même à démontrer trois choses :
1. Que ces critères sont tous réunis dans la “Révélation sinaï;tique”.
2. Qu’aucun événement historique ne répond à ces critères aussi intensément que la Révélation.
3. Qu’il existe d’autres raisons en vertu desquelles il y a lieu de considérer la Révélation comme un événement historique irrécusable – raisons qui ne s’appliquent à aucune autre occurrence.
Sais-tu quels sont ces critères ?
Chaoul : Avant tout : une continuité historique intensive. En d’autres termes, une information qui se déverse de manière ininterrompue par des canaux de transmission nombreux, variés et indépendants les uns des autres.
2. L’événement en question s’est produit en présence de nombreux témoins.
3. Des documents, ou pièces à conviction – apparaissant généralement dans les fouilles archéologiques – certifient l’événement, tout comme la confrontation des informations émanant de sources diverses.
El‘hanan : Eh bien, nous verrons que la Révélation et les événements décrits par la Torah répondent à toutes ces conditions, et ce avec une intensité inégalable.
Le syndrome du “téléphone cassé”
Chaoul : Comment donc la Torah, qui regorge de détails si abondants, a-t-elle supporté sa longue transmission ? Comment un système si sophistiqué a-t-il pu résister sans dommage à la succession de nombreuses générations et conserver sa précision ?
Prends pour exemple le jeu du “téléphone” dont tu connais certainement le principe : des enfants s’asseyent l’un à côté de l’autre. Le premier chuchote un mot ou une phrase à l’oreille de son camarade assis près de lui, lequel le murmure au suivant, et ainsi de suite jusqu’au dernier participant de la rangée, qui formule à haute voix le vocable ou le message qui lui est parvenu. Il est souvent amusant de constater les bouleversements “cybernétiques” subis par le communiqué à mesure qu’il s’est éloigné de sa source…
Par exemple : l’enfant assis en première place choisit le terme “table”, lequel est entendu “câble”, puis retransmis “cale”, arrive chez le suivant sous la forme de “balle” pour être finalement prononcé “malle” par le dernier de la rangée. Au cours de cette altération plausible et graduelle, la “table” s’est transformée en “malle”.
Qu’est-ce qui, selon toi, aurait pu obvier à de telles falsifications ? Une chaîne de déformations dont chaque maillon est léger et imperceptible ne se déploiera-t-elle pas aussi dans la transmission de la Torah – dans la transcription de l’écrite et dans la communication de l’orale ?
El‘hanan : Pour te répondre, je te propose d’employer précisément l’exemple que tu viens d’utiliser. Organisons une partie de “téléphone”, en lui aménageant cependant des “dispositifs de défense” aptes à prévenir la moindre entorse à l’exacte transmission du message. Nous pouvons ainsi ériger sept systèmes de sauvegarde, dont chacun permette à lui seul d’éviter toute dénaturation lors de la communication du message :
Système de défense n°1 – Chaque enfant transmet, outre le mot, l’objet qu’il désigne. S’il prononce le mot : “table”, il lui incombera de passer une petite table à son camarade. Ce dernier, qui entend le vocable et recueille l’objet désigné, ouï;ra ainsi bel et bien “table”, et non la moindre variante. Même s’il entendait autre chose, il saurait qu’il doit immédiatement vérifier de quoi il s’agit, puisqu’il se rendrait compte de la contradiction entre ce qu’il a entendu et ce qu’il a reçu.
Une partie qui se déroule suivant cette règle ne peut donner lieu à un “téléphone cassé”… On peut présumer que le premier mot parcourra la séquence des participants sans subir d’altération.
Système de défense n°2 – Le premier enfant fait passer un petit billet contenant les têtes de chapitres du message transmis ou une allusion à son sujet.
Système de défense n°3 – Chaque enfant répète cinquante fois le mot à son camarade. Dans de telles conditions, le terme sera assurément transmis avec précision. Même si dix fois sur les cinquante, l’auditeur entend diverses variantes du vocable indiqué, il l’aura entendu précisément dans la majorité des communications.
Imaginons qu’il entende à quarante reprises “chameau”, et dix fois les composantes issues de ce mot – par exemple “chat”, “mot” – l’analyse de ces erreurs le conduira à la conclusion que le terme introduit était bel et bien “chameau”. Si malgré tout le doute le prenait, il demanderait des éclaircissements. Une partie se déroulant selon ces principes ne pourra non plus laisser place à des confusions.
Système de défense n°4 – Nous formerons dix colonnes de cinq enfants chacune. Tous ceux assis au premier rang conviendront de prononcer le même mot. Si les derniers de chaque file émettent le même terme, nous saurons qu’il a été transmis avec précision. Car il est inconcevable qu’une erreur identique se soit glissée dans toutes les rangées.
Système de défense n°5 – Nous nous exercerons pendant dix jours consécutifs, chaque jour avec nos états d’âme et notre niveau de concentration spécifiques. Si durant cette période, les participants sont tous parvenus au même résultat, nous serons assurés et habilités à affirmer qu’aucune falsification ne s’est immiscée en chemin.
Système de défense n°6 – Prévenons formellement les enfants : tout perturbateur sera sévèrement puni, alors que le fidèle transmetteur sera dûment récompensé. La crainte du châtiment encouru et l’attente de la gratification promise stimuleront chacun d’eux à réaliser une retransmission aussi exacte que possible.
Système de défense n°7 – Nous développerons la motivation des participants en soulignant combien la retransmission précise profite à la société, à l’humanité, etc. afin d’accroître leur désir d’exactitude.
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En pratique, chacun de ces systèmes de défense suffit par lui-même à atténuer le risque d’altération au minimum, voire à s’assurer qu’aucune déformation ne s’ingérera. À plus forte raison si nous réussissons à mettre en place une partie où les sept mécanismes agiront simultanément : les enfants prononceront le mot en transmettant l’objet désigné ; répartis en dix rangées, ils répéteront quotidiennement le terme à cinquante reprises pendant dix jours, après que nous aurons suscité chez tous une haute motivation en leur faisant miroiter une récompense et en les menaçant de sévères châtiments, en leur montrant la noblesse de la tâche, son importance et ses enjeux. De surcroît, il leur aura été transmis un petit billet contenant une allusion au mot ou les grandes lignes du message à communiquer. Dans de telles conditions, une méprise devient réellement impossible…
Eh bien, nous verrons que la Torah a été transmise de génération en génération, sous la haute garde de ces sept systèmes (et d’autres encore) de défense empêchant toute dénaturation.
La Torah est transmise d’une génération à la suivante au fil d’une chaîne historique ininterrompue.
La continuité historique, comme nous l’avons dit, constitue l’élément clé de la recherche annaliste. Des événements rapportés de manière incessante sont considérés comme des faits avérés. La biographie d’une grande figure comme Alexandre le Grand se transmet d’une génération à la suivante comme une histoire qui s’est déroulée en présence de multitudes. Si ce personnage était le fruit d’une invention et donc que nul ne l’avait vu, il serait difficile d’expliquer comment on a pu imaginer l’homme et sa chronologie et convaincre les foules de leur tangibilité.
Prenons l’histoire de Mahomet selon laquelle il vit l’ange Gabriel alors qu’il était seul dans le désert, et qui circule de génération en génération, au fil d’une constance historique soutenue. Nous savons, certes, que l’homme a existé – des multitudes l’ont vu ! Nous ne savons cependant rien quant à l’authenticité de son récit, du fait que même d’après leur version, personne hormis lui-même ne le vit rencontrer l’ange Gabriel… Nous savons donc qu’a existé un dénommé Mahomet, nous savons également qu’il a assuré avoir vu l’ange Gabriel. Mais l’a-t-il vraiment vu ? À cela, il faut croire d’une foi aveugle dont l’objet ne peut être prouvé, puisque, encore une fois, personne n’était présent pour pouvoir l’attester.
Évidemment, n’imaginons pas que n’importe quel récit lié à un événement survenu en présence d’une multitude puisse être recueilli d’un cœur entier par les masses et être transmis tel quel d’une génération à la suivante.
La Torah nous est parvenue jusqu’à nos jours suivant une continuité historique intensive qui ne trouve sa pareille dans les annales d’aucune autre nation. Personne au monde ne peut nommer, parmi les diverses générations, des individus ayant eu pour mission et objectif de transmettre l’histoire d’Alexandre le Grand. La continuité historique marquant les récits qui lui sont liés est absolument indéterminée. La Torah parcourt quant à elle une chaîne chronologique nominative et détaillée. Le fil historique de sa diffusion est rigoureusement daté ; nous savons qui étaient les chefs spirituels de chaque génération à avoir transmis la Torah à la suivante. Nous connaissons leurs époques de gloire et d’influence, nous savons à quel moment chacun est décédé et a transmis le sceptre de l’autorité aux dirigeants suivants de la postérité. Une succession historique aussi dense et claire voue à l’échec toute tentative de “transplanter” un récit fictif.
Les noms des dirigeants de la nation – qui furent les chefs de la transmission de la tradition – nous sont connus pour chaque génération. Nous savons aussi de nombreux détails à leur sujet, sur leur caractère, sur les paroles qu’ils avaient coutume d’émettre, sur les événements qui se produisirent à leur époque – y compris ceux qui marquèrent leur vie privée. Des descriptions de leur visage et de leur corps ont même été parfois conservées. Face à une telle profusion de détails, il n’y a aucune raison de supposer qu’un système éminent comme la Torah ait pu subitement être introduit sans laisser d’empreinte.
Cette Torah transmise est elle aussi détaillée à l’extrême. Quiconque prétend que quelqu’un a inventé le récit ne tient pas compte du fait qu’une telle personne aurait dû assumer une mission fort ardue : cet homme aura dû convaincre tous ses auditeurs de l’exactitude de chaque détail. Généralement, les récits historiques reconstitués se caractérisent par des dates “rondes”. Lorsqu’on parle d’anciennes dynasties égyptiennes “reconstituées” par les chercheurs, on avance des chiffres tels que 2000 ou 3000 ans avant l’ère chrétienne, etc.[2]. En effet, comment peut-on venir si longtemps après et accéder à des informations précises jusqu’au chiffre des unités ?
La Torah, en revanche, regorge de nombres exacts ; elle rapporte le décompte précis des hommes d’armée de chaque tribu, quand le peuple hébreu entra dans le désert puis en sortit[3]… Si toutes ces données n’avaient pas été consignées au moment des événements et si elles n’avaient pas été fournies à des personnes qui connaissaient les détails et les nombres précis, comment celles-ci ont-elles convaincu les multitudes de les accepter et de s’y fier ?
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[1]. Pour de plus amples détails sur la réfutation de ces diverses théories liées à la lecture du Texte, il est fort conseillé d’étudier l’ouvrage du professeur Rav David Tsvi Hoffmann : Reayoth makhri‘oth néguèd Wellhausen (“Arguments déterminants contre Wellhausen”), ainsi que l’excellente introduction à son commentaire sur le livre de Vayiqra. Nous recommandons également l’article d’Aron Barth consacré à ce sujet, dans Aux questions actuelles… des réponses juives (Éd. fr. : Fondation Séfèr), ainsi que la série de livres de Rav Yits‘haq Eiziq Halévi Doroth Richonim, ou encore E‘had haya Yecha’yahou de Ra‘hel Margaliyoth.
[2]. Une plaisanterie populaire raconte qu’un touriste, ayant vu un immense dinosaure reconstitué dans la grande salle d’entrée du Musée d’Histoire Naturelle de Washington, demanda au gardien : “Quel âge a-t-il ? — Deux milliards d’années, cinq mois et deux jours”, fut la réponse. Le visiteur ne put réfréner sa stupéfaction : “Comment êtes-vous arrivé à une telle exactitude ?” Et le veilleur de répondre : “Il y a juste cinq mois et deux jours, une délégation de spécialistes est venue, et le professeur responsable a expliqué à ses membres qu’un tel dinosaure avait deux milliards d’années. Puisque cela remonte à cinq mois et deux jours, il a donc aujourd’hui exactement deux milliards d’années, cinq mois et deux jours…”
[3]. Dans le livre de Bamidbar 2, 5-6 : “Et ceux qui campent près de lui [Yehouda] : la tribu de Yissakhar […] et sa légion, selon son recensement : cinquante sept mille quatre cents (!)” Le verset 15 donne le décompte de la tribu de Dan : “Et sa légion, selon son recensement : quarante-cinq mille et six cent cinquante…” Ce dénombrement est ainsi détaillé pour chaque tribu.
Titre: Expédition vers les hauteurs du Sinaï;
Auteur: Rav Mordekhaï; Neugroeschel
Editeur: EMOUNAH
Adaptation française : Gilla PELL.
Le livre est en vente dans les librairies juives.