Il est écrit dans notre paracha que « lorsqu’un homme vole un bœuf ou un mouton, il devra payer cinq pièces de gros bétail à la place du bœuf et quatre moutons à la place du mouton » (Chemoth 21, 37).
Explication de Rachi : Le voleur n’a pas eu à se baisser pour le bœuf, tandis qu’il a dû se baisser pour le mouton. Et comme il s’est humilié en se baissant, sa peine est moins lourde.
N’est-il pas étrange que la Tora prenne tellement soin de préserver la dignité du voleur ?
Cette loi, fait observer rav Eliyahou Lopian ( Lev Eliyahou ), paraît effectivement contraire à toute raison. La Tora n’aurait-elle pas dû condamner le voleur de mouton, tout comme le voleur de bovin, à une peine quintuple pour le décourager de récidiver ?
De plus, le voleur de mouton, le plus souvent un homme fruste et sans éducation, ne se préoccupe que très peu de devoir s’abaisser pour emporter le produit de son vol. Pourquoi la Tora s’intéresse-t-elle tant à son honneur alors que lui-même s’en désintéresse ?
En fait, explique rav Lopian, ce dont Hachem tient essentiellement compte, même si cela paraît dérisoire aux yeux du voleur, c’est de l’étincelle de sainteté qui est présente en lui comme elle est présente en chaque être humain. Même si l’homme n’en a pas conscience, il existe tout au fond de son inconscient un sentiment d’abaissement pour avoir dû porter son butin sur le dos. Hachem en tient compte dans la fixation de sa punition.
Jacques Kohn Zal