Décidément, les prix Nobel nous réservent des surprises cette année. Après la révélation des deux professeurs israéliens, on apprend que deux autres lauréats sont des rescapés de la Shoah. Le premier a grandi sous l’occupation nazie en Europe et le second a quitté précipitamment l’Autriche en 1938 à l’âge de 8 ans.

Le professeur belge François Englert, prix Nobel de physique, qui est âgé aujourd’hui de 81 ans, a épousé après la guerre une Israélienne et a enseigné à l’université de Tel Aviv. Il se rend au moins une fois par an en Israël où il compte de nombreux amis. Ironie du sort : son co-lauréat, le professeur Peter Higgs, est connu pour son boycott d’Israël.

Le professeur Martin Karplus, l’un des trois prix Nobel de chimie, est également un survivant, né à Vienne dans une famille juive autrichienne. Dans une autobiographie qu’il a publiée en 2006 dans une revue scientifique, il raconte son enfance, rappelant que l’attitude de la population avait changé à l’égard des Juifs avant l’occupation allemande de l’Autriche.

Et de préciser que son frère et lui avaient dû subir les insultes de leurs anciens camarades : « Dès le printemps 1937, indique-t-il, ils ont soudain refusé d’avoir le moindre contact avec nous, et ils ont commencé à nous traiter de « sales garçons juifs » alors que nous tentions encore de communiquer avec eux ».

Lorsque les troupes allemandes ont envahi l’Autriche en mars 1938, Karplus a pu s’enfuir en Suisse avec sa mère et son frère. Quant à son père, il n’a pas eu le temps de les suivre et il a été emprisonné à Vienne. Un peu plus tard, il a réussi par miracle à les rejoindre au Havre, quelques jours avant qu’ils n’embarquent pour New York. Par la suite, il avait appris qu’un de ses oncles avait signé un chèque de 5 000 dollars pour sa libération.

Karplus a poursuivi ses études aux USA, où il a obtenu un doctorat (PHD) en 1953 avant de faire la découverte qui lui a permis aujourd’hui de recevoir le prix Nobel.