Un bon coeur

« Rabban Yo’hanan ben Zakaï dit
à ses élèves : «Sortez et cherchez
quel est le droit chemin auquel
l’homme doit s’attacher». Rabbi
Eliézer répondit : «Un oeil bienveillant
». Rabbi Yéhochoua : «Un
ami bienveillant». Rabbi Yosséi :
«Un voisin bienveillant». Rabbi
Chimon dit : «Celui qui distingue
ce qui va naître». Rabbi Eléazar
dit : «Un bon coeur». Le maître répondit
à ses élèves : «J’apprécie
les paroles de rabbi Eléazar ben
Erakh, car elles contiennent toutes
les vôtres», (Pirké Avot, chapitre 2,
Michna 9).

Or, dans son livre « Bné Issakhar »,
le rav Tsvi Elimélekh (Maamar
‘Hodech Iyar, 3, 1) explique que
l’ordre donné par rabban Yo’hanan
ben Zakaï avait pour but de
pousser ses élèves à chercher dans
la Torah la meilleure des choses à
laquelle l’homme doit s’attacher.
Tant et si bien que ces derniers
pensèrent que la réponse se trouvait
dans la première mention du
mot « Tov [bon] » dans la Torah. En
effet, on trouve écrit sous la plume
de nos Sages que « voir en rêve la
lettre «Tèt» est un bon signe (…)
dans la mesure où elle apparaît
la première fois dans le Séfer Torah
à l’occasion du bien. Puisque,
jusqu’au verset «Et D.ieu vit que la
lumière était bonne» (tov) (Béréchit
1, 3), on ne trouve en effet aucune
mention de la lettre «Tèt» », (Traité
talmudique Baba Kama, page 55/a).
Le mot Tov renferme donc en lui
l’essence même de la Torah, et en ce
sens toutes les qualités nécessaires
pour en devenir un élève authentique.
Comme cela est enseigné dans
un autre passage des Pirké Avot où
l’on peut lire : « Il n’y a pas d’autre
bien (Tov) que la Torah, comme il
est dit : «Parce que Je vous ai donné
une bonne acquisition», (Michlé 4,
2) » (chapitre 6, Michna 3). Ainsi,
lorsque rabbi Eléazar ben Erakh
désigne le « bon coeur » (Lèv Tov)
comme étant la qualité contenant
en elle toute la Torah, il se réfère
en outre au fait que depuis le premier
mot avec lequel s’ouvre le Séfer
Torah jusqu’au mot « Tov », il y
a précisément 32 mots, c’est-à-dire
« Lamèd Bèt Milim », deux lettres
qui forment le mot « Lèv » !

Les 17 derniers jours
avant Chavouot…

Comme nous l’avons expliqué
la semaine dernière, la période
du décompte de l’Omer qui nous
conduit jusqu’à Chavouot – le jour
du don de la Torah – se différencie
de la fête de Pessa’h en cela que,
lors de la Sortie d’Egypte, le peuple
hébreu ne fut pas sauvé du joug
égyptien en vertu des ses propres
mérites, mais pour ainsi dire, par
la grâce du Ciel : c’est-à-dire par la
seule intervention miraculeuse de
D.ieu dans l’Histoire.

Or, parce qu’un tel dévoilement
ne pouvait durer, nous sommes
enjoints dès le lendemain de la
fête de Pessa’h de compter le Omer
afin de retrouver – progressivement
et au regard de nos efforts
personnels – les niveaux atteints
lors de la Sortie d’Egypte.

Grâce à cette remarque, nous
pouvons comprendre pourquoi
la valeur numérique de l’expression
« Lèv Tov » (Lamed-Bèt/32
et Tèt-Vav-Bèt/17) équivaut aux
49 jours de la Séfirat haOmer. En
effet, cette période correspond à
la manière dont nous nous préparons
à recevoir la Torah qui,
parce qu’elle incarne le plus haut
dévoilement spirituel qui soit,
exige que sa réception passe
au préalable par notre faculté à
améliorer nos propres traits de
caractère, c’est-à-dire à détruire
en nous, toutes sortes de mauvaises
tendances et de mauvaises
habitudes afin de pouvoir ouvrir
pleinement notre coeur au service
de D.ieu.

C’est donc à la date charnière du
« Lag baOmer », le 33è jour du décompte
de l’Omer, que nous franchissons
la limite qui sépare une
période d’une autre, nous avançant
désormais dans celle qui
porte le qualificatif de « Tov» et
qui correspond aux 17 derniers
jours qui nous conduisent vers
Chavouot.

Ainsi, ce n’est en rien un « hasard
» si le verset où se trouve la
première mention du mot « Tov »
soit précisément celui qui traite
de la naissance de la lumière,
comme il est dit « Et D.ieu vit
que la lumière était bonne (Tov) »,
(Béréchit, 1, 3). Car, comme on le
sait, cette lumière qui fut créée
au 1er jour de l’OEuvre du commencement
est celle que nos Sages
dénomment par ailleurs « Or
haGanouz » : la lumière réservée
aux justes et grâce à laquelle il
est possible, à l’instar du premier
homme, de penser le monde d’une
extrémité à l’autre…

Yehuda Rück


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