Parce que Rabbi Nachman de Breslev avait demandé dans un de ses écrits de s’assurer que ses descendants resteraient des hassidim, plusieurs rabbins de ce mouvement se sont récemment mobilisés pour en faire venir quelques-uns en Israël. Ne reculant devant aucun moyen pour mener à bien leur mission.
Il y a quelques mois, le rabbin Israël Pinto, responsable d’une yeshiva breslev en Israël, part en Ouzbékistan pour y donner des cours de Torah à Tachkent. Lors de ce voyage, il entend parler d’une famille complètement assimilée nommée Zerikovsky mais qui, selon toute vraisemblance, descend en droite ligne de Rabbi Nachman de Breslev, fondateur de la hassidouth du même nom. Aussitôt, le voyageur contacte l’un de ses amis, le rabbin Israël Nathan Barzel qui vit à Ouman (en Ukraine) près de la tombe de Rabbi Nachman. « Nous avons peut-être retrouvé les derniers descendants de notre maître », lui dit-il. Ce qui n’étonne pas trop son correspondant auquel étaient parvenues certaines rumeurs faisant état de la présence, à Tachkent, de deux femmes descendantes directes du Rabbi. Là, une petite explication historique s’impose. A plusieurs reprises dans ces écrits, Rabbi Nachman de Breslev a demandé à ses partisans de bien veiller à ce que ses descendants demeurent au sein du mouvement hassidique.
De ce fait, lesdits partisans considèrent cette question avec le plus grand sérieux et en ont, en quelques décennies, déjà localisé des dizaines. Cela explique aussi pourquoi le Rabbin Barzel prend aussitôt un avion pour l’Ouzbékistan.
Et pourquoi, une fois arrivé sur place, il écume, en compagnie du rabbin Pinto, les dossiers du ministère ouzbek de l’Intérieur pour y retrouver les deux femmes. Connaissant le nom de jeune fille de celles-ci (Zerikovsky), ils finissent par les repérer et décident d’aller les voir. La première, du nom de Raizel, habite une sorte de masure, « quelque chose de vraiment affreux, comme on imaginerait une maison d’il y a trois cents ans », précise le rabbin Pinto. Qui, avec son complice, reloge la descendante dans un hôtel local.
Une chasse à l’homme lancée à travers le pays
Le lendemain, les deux compères partent à la rencontre de la sœur (du nom de Léah). Dans sa maison, ils découvrent un véritable trésor : des anciens livres de la hassidouth Breslev que son père avait emportés en fuyant l’Ukraine durant la Seconde guerre mondiale.
Ces volumes « n’ont pas été touchés depuis, a raconté la rabbin Pinto au site Y-net… Ils valent des dizaines de milliers de dollars ». Mais le plus dur reste à faire. En effet, les deux rabbins veulent convaincre les sœurs, qui ne savent quasiment rien sur le judaïsme, de tout quitter et de venir s’installer en Israël. Après plusieurs rencontres, celles-ci finissent par céder. Mais,à une condition : que leurs trois enfants les suivent en Terre Sainte.
Une des filles de Raizel, Paina, que les rabbins ont convaincu de rompre ses fiançailles avec une jeune homme du coin et à laquelle ils ont trouvé un travail et donné de l’argent, accepte.
Et, après une visite à Ouman, elle part en Israël où elle est inscrite à un séminaire religieux. « Je suis contente d’avoir trouvé ma vraie place et ma vraie vie », dit la jeune fille. Mais, pour les deux autres, les choses ne sont pas si simples. Ira, la fille de Léah, est mariée à un non-Juif, Sasha.
Si celui-ci accepte de laisser sa femme et ses deux enfants pratiquer le judaïsme, du moins tant que les Breslev financent le tout, il ne veut entendre parler ni de divorce ni d’alyah. Quant à Ella, l’autre fille de Raizel, elle est encore pire. Quand son mari (dont elle est en instance de divorce) réalise que ses enfants pourraient quitter l’Ouzbékistan, il les kidnappe et les place dans un monastère.
Pour les retrouver, une chasse à l’homme est lancée à travers le pays, laquelle requiert le paiement de nombreux pots de vin, souvent inutiles. Il faut dire que l’argent des rabbins fait rêver dans un pays où le salaire mensuel moyen avoisine les trente dollars.
Il y a deux semaines, par exemple, les rabbins ont donné 50.000 dollars à un monastère qui prétendait abriter les enfants. Une fois l’argent empoché, ils ont découvert que les deux bambins qu’on leur avait montrés n’étaient pas ceux d’Ella ! Qui, eux, restent introuvables.
CG Actuj