Plusieurs propriétaires de magasins situés dans le Canyon HaZahav de Richon-leTsion ont déclaré qu’ils étaient l’objet de pressions de la direction de ce centre commercial qui leur demandait instamment de rester ouverts le Chabbat – en violation d’une des valeurs centrales du judaïsme et des droits sociaux des travailleurs.

Cette décision, intervenue suite à l’ouverture d’une nouvelle aile dans le centre commercial, leur a été annoncée par un courrier de Danny Turkenitz, directeur du centre, qui explique que « les gens ne demandent qu’à faire leurs courses le jour où ils ne travaillent pas. De plus, ils cherchent un lieu couvert pour sortir leurs enfants en ces froides journées d’hiver. Nous avons beaucoup réfléchi avant de prendre cette décision, qui représente une nécessité stratégique pour le Canyon et une excellente opportunité pour vous. Nous vous demandons donc de vous organiser en conséquence. » Le courrier se terminait en demandant aux commerçants de confirmer leur ouverture Chabbat – sinon, d’en expliquer les motifs.
Yaakov Halperin, président de la chaîne de magasins du même nom, et qui possède une boutique dans le Canyon, a rendu publique sa réponse : « C’est inimaginable : on me met ni plus ni moins en demeure d’ouvrir Chabbat, en avançant qu’en cas de refus, je pourrais être tenu responsable des mauvais résultats du centre commercial ! Mon père, rabbi Rafael Halperin, fondateur de l’enseigne d’optique qui porte son nom, s’est battu pour le respect du Chabbat. Mais il ne s’agit pas seulement d’une bataille au nom de notre spiritualité. Car quand nous avons ouvert, il n’était pas question qu’on travaille ce jour-là : si c’est désormais le cas, la nouvelle situation viendra changer les conditions de la concurrence, et je serai alors en droit de demander une réduction des conditions du bail et des charges ! C’est aussi un combat social, car j’imagine que l’on fait également pression sur les employés du centre pour qu’ils acceptent de venir travailler Chabbat – faute de quoi, ils seront sans doute licenciés ! » Des responsables religieux de Richon-leTsion ont demandé à la municipalité d’intervenir, regrettant une nouvelle fois sa non-ingérence dans ce genre d’affaires.
La question du respect du Chabbat par les entreprises n’est pas nouvelle en Israël. Elle réapparaît régulièrement, qu’il s’agisse de l’ouverture d’un parking à proximité du quartier de la Vieille ville, à Jérusalem, ou de la décision de faire voler les avions d’El Al le samedi. Ce qui devrait encourager à un plus grand respect du septième jour, c’est le fait que les résultats financiers de la compagnie aérienne israélienne, dont la flotte reste au sol le Chabbat, ne semblent pas en être affectés, réalité que la logique économique peine à comprendre. Par David Jortner,en partenariat avec Hamodia.fr