Une "menace terroriste crédible". Dans une courte allocution, vendredi 29 octobre au soir, le président américain Barack Obama a fait part de sa détermination, après la découverte de colis suspects dans des avions à destination des Etats-Unis. Expédiés depuis le Yemen à destination de lieux de culte juifs de Chicago, ces colis contenaient des explosifs, selon les renseignements américains. Le renseignement américain soupçonne Al-Qaida dans la Péninsule arabique.
Des colis qui auraient pu exploser.L'explosif, dissimulé à chaque fois dans des cartouches d'encre pour imprimantes, était le même que celui utilisé dans une précédente attaque venue du Yemen et revendiquée par AQPA, a dit une élue démocrate au fait des questions de sécurité. Les enquêteurs continuent de travailler sur ces explosifs et des spécialistes évoquent un coup d'essai destiné à vérifier le niveau de sécurité du fret à destination des Etats-Unis. L'un des paquets suspects a été retrouvé sur un avion-cargo de la compagnie UPS à l'aéroport d'East Midlands, situé à environ 260 km au nord de Londres. Le second a été découvert dans un entrepôt de FedEx à Dubaï.
C'est dans la nuit de jeudi à vendredi que"les agences de renseignement et les forces de l'ordre ont découvert des colis potentiellement suspects à bord de deux avions-cargo en escale, ayant pour destination les Etats-Unis", a indiqué vendredi un communiqué de la Maison Blanche. "Les autorités ont été en mesure d'identifier et d'examiner deux colis suspects, l'un à Londres, l'autre à Dubaï. Ces deux colis provenaient du Yémen."
Une information confirmée, samedi 30 octobre en fin de matinée, par la police de Dubai, selon laquelle "l'enquête sur des colis suspects en provenance du Yémen par le biais de la compagnie américaine de transport aérien FedEx a montré que (l'un de ces colis) était une imprimante d'ordinateur dont l'encre contenait des produits explosifs". Toujours selon la police de Dubaï, "l'engin a été préparé de manière professionnelle" et "porte les caractéristiques semblables à celles utilisées par des groupes terroristes comme celui d'Al-Qaïda". La police de Dubaï a confirmé que l'explosif était du PETN (tétranitrate de pentaérythritol). C'est cet explosif qu'avaient tenté d'utiliser le Nigérian Umar Farouk Abdulmutallab en décembre 2009 etRichard Reid il y a neuf ans.
Selon la ministre de l'intérieur britannique, Theresa May, l'engin trouvé au royaume-Uni, était"opérationnel et aurait pu exploser". La police de Dubaï a fait le même constat concernant le colis destiné aux Etats-Unis. Celui intercepté à Dubaï utilisait un système de détonation fonctionnant avec une carte sim de téléphone portable, et celui trouvé en Angleterre un minuteur.
L'"empreinte" d'Al-Qaida au Yémen. Barack Obama a directement visé Al Qaïda dans la Péninsule arabique. Des informations confirmées par la secrétaire à la Sécurité intérieure, Janet Napolitano, sur les grandes chaînes américaines. "Je pense que nous sommes d'accord sur le fait que tous les signes distinctifs d'Al Qaïda, et particulièrement d'Al Qaïda dans la péninsule arabique, sont présents", a-t-elle dit sur ABC.
Selon les services de sécurité, cités par Reuters, une femme soupçonné d'avoir envoyé les colis a été arrêtée au Yémen, samedi soir.
L'organisation, émanation de la mouvance islamiste dans la région du Golfe, et l'un de ses animateurs, l'imam d'origine américaine Anouar Al-Aoulaki, sont devenus des cibles prioritaires pour les autorités américaines depuis l'attentat manqué contre un avion assurant la liaison entre Amsterdam et Detroit le jour de Noël 2009.
Samedi 30 octobre, le Yemen a promis qu'il "continuera de déployer ses efforts dans le domaine de la lutte contre le terrorisme en collaboration avec la communauté internationale". Des postes de contrôles ont été installés à Sanaa, la capitale du pays, afin de fouiller les véhicules et de vérifier l'identité de leurs occupants. Des dizaines de policiers et militaires yéménites sont mobilisés, notamment dans le quartier des ambassades et le long de la route périphérique qui l'entoure, selon un journaliste de Reuters. La sécurité a également été renforcée dans les ports et aéroports du pays.
Mesures de sécurité supplémentaires. Barack Obama a ordonné, vendredi, aux agences de renseignement et aux forces de l'ordre de prendre des mesures de sécurité supplémentaires. Un responsable américain et plusieurs spécialistes des questions de sécurité ont émis l'hypothèse que cette opération n'était en fait qu'un test pour vérifier les procédures de contrôle dans les aéroports et la réaction des services de sécurité. "Si cela est lié à une action terroriste, il est possible que tout cela n'était qu'un coup d'essai", a commenté ce responsable américain. Des appareils de l'armée de l'air américaine ont escorté un avion de ligne en provenance de Dubaï et à destination de l'aéroport JFK de New York car l'appareil transportait des colis venant du Yémen. Des appareils d'UPS ont été fouillés à l'aéroport de Newark dans le New Jersey et à celui de Philadelphie. Aucun colis suspect n'a été découvert.
Le paquet suspect de Dubaï ayant été découvert dans un entrepôt de FedEx à Dubaï, l'entreprise de livraison américaine a ensuite annoncé qu'elle suspendait ses livraisons en provenance du Yémen "dans le cadre de mesures de sécurité renforcées". Elle a ensuite été imitée par son concurrent UPS. Et comme, selon le FBI, les colis s'adressaient à des institutions religieuses de Chicago, les synagogues de la ville ont été placées en alerte.
[source Lemonde.fr]