Avec le rav Chalom Mendel Kalmenson zatsal, c’est l’un des ‘Hassidim « historiques » du Rabbi de Loubavitch qui disparaît. L’annonce de son décès, ce lundi 19 décembre, a ainsi plongé le monde ‘Habad dans une profonde tristesse et au-delà, l’ensemble du judaïsme français auquel il avait tant apporté. C’est une foule nombreuse qui a attendu, le jour même son cercueil devant l’école Chné-Or d’Aubervilliers, dont il était l’âme et le fondateur. Il a été enterré ce mardi à Jérusalem au cimetière du mont des Oliviers, dans le carré ‘habad.
Né dans la deuxième moitié des années 1920 dans cet empire soviétique où les Juifs pratiquants étaient impitoyablement traqués, le rav Chalom Mendel, élevé dans la messirout néfech de la ‘hassidout Loubavitch, étudia dans les yéchivot clandestines du mouvement. Après la guerre, à peine âgé de 18 ans, il réussit à rejoindre Prague, où il crée – déjà – une école pour filles, Beth Sarah. Et à cette époque, il servait de lien entre le Rabbi de Loubavitch, réfugié à New York et la mère de celui-ci, la rabbanite ‘Hanna, restée en Tchécoslovaquie. Un épisode qui créa entre les deux hommes un lien très profond et dont témoignent de nombreuses lettres.
En 1946, il rejoint Paris où tente de s’organiser un embryon de communauté Loubavitch. Une existence précaire, dans un pays où l’accomplissement des mitsvot demande un investissement de chaque instant. Durant cette période, lui et son épouse, la rabbanite Batya, issue de l’une des plus respectables familles de la ‘hassidout, pourront vivre ainsi grâce à son emploi de cho’het et de mohel.
Puis en 1963, les Kalmenson s’installent à Aubervilliers, banlieue ouvrière du nord de Paris où affluent les réfugiés d’Afrique du Nord. C’est le début de l’aventure de la Kéhilat Chné-Or. « La communauté des deux lumières » : un nom qui fait référence aux mondes ashkénaze et séfarade que le chalia’h d’Aubervilliers entend réunir dans un judaïsme authentique. Et c’est avec cette mission à l’esprit que les Kalmenson fondent deux ans plus tard l’école Chné-Or, à la demande du Rabbi de Loubavitch.
Les débuts sont « héroïques » : il faut tout inventer alors qu’il n’existe à l’époque aucune école généraliste orthodoxe en France. Pour le rav Kalmenson, cela veut dire qu’il faut non seulement trouver des fonds, mais également des élèves. Une tâche qu’en bon ‘habad il va remplir en se lançant dans un porte-à-porte effréné.
Mais la nature ayant horreur du vide, Chné-Or devient très rapidement un pôle majeur de l’éducation juive à Paris. Beaucoup des cadres actuels du mouvement Loubavitch y ont ainsi étudié, sous la surveillance d’un jeune ‘hassid que tous appelaient affectueusement « Moulei » : le rav Chemouel Azimov.
Devenue une véritable cité scolaire, Chné-Or a par la suite connu un passage à vide. Mais ces dernières années, le rav Chalom Mendel Kalmenson avait vu avec soulagement sa chère école sortir de ses ennuis financiers et revenir dans le giron familial.
Il laisse sept filles et deux garçons, dont le rav Méїr Sim’ha qui lui a succédé comme chalia’h d’Aubervilliers. Yéhi zi'hro barou'h. Par Serge Golan,en partenariat avec Hamodia.fr