Samuel Willenberg, dernier survivant du camp de la mort nazi de Treblinka en Pologne, vient de décéder à Tel Aviv à l’âge de 93 ans. Il faisait partie des 67 rescapés de ce camp.

Né en 1923 en Pologne d’une mère d’origine chrétienne qui s’était convertie au judaïsme, qui était infirmière, et d’un père juif, enseignant et artiste, il a été déporté à Treblinka alors qu’il n’avait que 19 ans.

En octobre 1942, il faisait partie de 6 000 Juifs du ghetto d’Opatow qui ont été transportés en train dans le camp. Comme il avait été maçon et était d’une bonne résistance physique, il a échappé à la mort. Pendant son internement, il a été chargé du tri des effets des détenus. Dans l’un de ses témoignages, il a raconté un moment terrible qu’il avait vécu lorsqu’il avait reconnu parmi les vêtements ceux de ses deux sœurs, Ita et Tamara, qui ont été assassinées.  
 
Dans ce camp, près de 800 000 Juifs de Pologne et de Grèce et 2 000 Tziganes ont été massacrés. En août 1943, il a fait partie des 200 déportés juifs qui se sont rebellés, ouvrant le feu sur les SS et incendiant une partie des baraquements. Au cours de cette révolte, de nombreux déportés ont tenté de s’enfuir mais les gardiens ont tiré sur eux depuis les tours de contrôle et la plupart d’entre eux ont été tués.
 
Samuel Willenberg a réussi à prendre la fuite dans les bois. Il est ensuite retourné à Varsovie et a participé en 1944 à l’insurrection du ghetto contre les Nazis. A la fin de la guerre, il a rejoint l’armée polonaise puis est monté en Israël en 1950 avec sa femme Ada, rescapée de la Shoah originaire de Varsovie. Le couple, qui s’est installé à Tel Aviv, a eu une fille, Orit Willenberg-Guiladi, qui est architecte et mère de trois enfants.
 
Après avoir été fonctionnaire, il a suivi des cours aux Beaux Arts et est devenu peintre, sculpteur et écrivain. Il a consacré toute son œuvre au souvenir de la Shoah. Il a souvent témoigné dans les écoles et a accompagné des groupes à Treblinka à l’occasion du Yom HaShoah.

Lorsqu’il évoquait ses souvenirs, Samuel Willenberg disait: « J’ai vécu deux vies: l’une est ici et l’autre est celle qui m’est arrivée là bas. Elle ne me laisse jamais en repos, elle reste dans ma tête et m’accompagne partout où je vais ».  

La plupart des gardiens de Treblinka n’ont jamais été poursuivis en justice pour les crimes qu’ils ont commis. Le commandant du camp, Franz Stangl, a toutefois été jugé et condamné à la prison à vie en octobre 1970 à l’issue de son procès qui s’est déroulé à Düsseldorf, en Allemagne de l’Ouest. Aujourd’hui, il ne reste plus rien de ce camp de la mort où tant de Juifs ont été massacrés.