Le grand écrivain israélien Aharon Appelfeld, qui a publié de nombreux livres dont des témoignages personnels sur la période de la Shoah, vient de décéder à l’âge de 85 ans.

Aharon Appelfeld est né en 1932 dans la ville de Jadova, en Roumanie, qui fait aujourd’hui partie de l’Ukraine. En 1941, alors qu’il n’avait que 9 ans, sa mère a été assassinée et il a été déporté dans un camp de la région de Transnistrie où il a été séparé de son père.

Ayant réussi à s’enfuir, il est resté caché dans la forêt pendant trois ans : c’est ce qu’il raconte dans son livre ‘histoire d’une vie’. Il a ensuite rejoint les forces soviétiques. Après la guerre, en 1946, Aharon Appelfeld a émigré en Israël.

Bien qu’il n’ait commencé à apprendre l’hébreu qu’à l’adolescence, il est devenu l’un des meilleurs auteurs israéliens de son époque et s’est vu décerner de nombreux prix, dont le prix Bialik de littérature en 1979 et le prix Israël en 1983. En 1997, il fut nommé membre honoraire étranger de l’American Academy of Arts and Sciences.

Il a par ailleurs reçu le titre de docteur honoris causa de l’Université Hébraïque de Jérusalem, de l’Université Ben Gourion du Néguev, de l’Université de Tel Aviv, de l’Université de Brandeis, de l’Université Bar Ilan, du Beth Midrach Larabanim aux USA, de la  Yeshiva University et de l’Hebrew Union College. Il était par ailleurs membre de l’Académie de la Langue Hébraïque.

Le père d’Aharon Appelfeld a lui aussi survécu à la Shoah mais ce n’est que 20 ans plus tard que les deux hommes se sont retrouvés. Informé par l’Agence juive qu’il se trouvait à Beer Touvia, Aharon Appelfeld s’est rendu sur place pour le voir.

L’écrivain a raconté cet épisode poignant dans une interview : « Je me suis adressé à lui en allemand et lui ai dit : ‘Herr Appelfeld ?’. Il est descendu de l’échelle, m’a regardé et n’a pas pu prononcer un mot, laissant les larmes couler sur son visage. Et pendant une journée entière, il n’a pas réussi à prononcer une seule parole, ne faisant que pleurer. Il ne m’a pas dit qu’il était mon père et je ne lui ai pas dit que j’étais son fils ». Ils ont ensuite passé vingt ans ensemble.

Aharon Appelfeld, qui est décédé jeudi matin, laisse sa femme et trois enfants. Yehi Zih’ro Barouh’.