La classe politique israélienne vient de perdre l’un de ses ténors : Binyamin (Fouad) Ben Eliézer z’l est décédé à l’hôpital Assaf Harofé après plusieurs semaines de soins pour une maladie rénale dont il souffrait depuis des années. Il était âgé de 80 ans.
Ancien militaire, député et ministre de gauche, Ben Eliézer est né en Irak en 1936. Il est monté encore enfant en Israël avec sa famille et dès 1954, a entamé une carrière militaire brillante au sein de Tsahal qu’il a terminée avec le grade de général de brigade. Il a combattu dans les guerres d’Israël en commandant ses troupes dans l’unité de Golani.
Il a par la suite été nommé coordinateur des opérations du gouvernement en Judée-Samarie et à Gaza avant de quitter l’uniforme et entrer dans la vie politique où il a exercé à des postes divers de ministre et de député entre les années 1984 et 2014.
Il a été ministre dans plusieurs gouvernements : ministre du Logement sous le mandat de Rabin puis ministre des Infrastructures nationales, ministre des Télécommunications, et bien plus tard, ministre du Commerce et de l’Industrie dans le gouvernement Netanyahou.
Ben Eliézer était en 2014 le candidat du parti travailliste à la présidence de l’Etat mais il a dû renoncer à la course en raison des accusations de corruption dont il faisait l’objet et pour lesquelles il devait comparaître devant la justice.
Ben Eliézer faisait partie des hommes politiques non religieux qui gardaient des liens chaleureux avec le monde orthodoxe et avec le judaïsme. Il était régulièrement en contact avec des Rabbanim dont le Rav Ovadia Yossef zts’l, l’Admour de Belz et le Rav Yeoshiyahou Pinto.
Il était surtout très attaché au Rav Ovadia Yossef, originaire du même pays que lui, auquel il rendait visite de façon assez régulière pendant une trentaine d’années. Il a raconté une fois : « Lorsque j’étais ministre du Logement et de la Construction, le Rav Ovadia Yossef parlait chaque fois des bains rituels et des synagogues. Il ne m’a jamais dit non. Lors de notre ultime rencontre, il m’a remercié de l’aide que j’avais apportée pour l’élection de son fils ».
« Quelques mois avant son décès, ajoutait-il, il m’a dit qu’il avait contracté une grande dette morale envers moi ». De son côté, le Rav, lorsqu’il parlait de Ben Eliézer, disait de lui qu’il ‘aimait réellement Israël’.
Ben Eliézer était également très apprécié au sein de la Hassidout Belz et rendait souvent visite à l’Admour, notamment à l’époque où il était candidat à la présidence de l’Etat. Il avait de longues conversations avec lui.
Lorsque Ben Eliézer est tombé malade et se trouvait entre la vie et la mort, il y a quelques années, le Rav Yeoshiyahou Pinto a organisé pour lui une petite fête en son honneur en présence de personnalités politiques. Lorsque Ben Eliézer était allongé sur son lit d’hôpital, le Rav Pinto s’était approché de lui et avait pleuré.
‘Le lendemain matin, avait alors raconté l’ancien ministre à ses amis, je me suis réveillé ». Le Rav Pinto avait par la suite écrit un Séfer Tora pour l’honorer, ce qui avait profondément touché Ben Eliézer.
Ben Eliézer avait également un lien particulier avec le Tsadik de Shtefanesht (1847-1933), dynastie hassidique d’origine roumaine qui est une des branches de la Hassidout de Ruzhin et qui s’est éteinte avec le décès du Tsadik. Il se rendait régulièrement sur sa tombe à Guivatayim pour s’y recueillir, surtout lorsqu’il traversait des moments difficiles.
Les obsèques de Binyamin Ben Eliézer auront lieu mardi après-midi. Il sera inhumé à 15h30 au cimetière de Holon.