Un grand historien juif autodidacte, Arno Lustiger, qui a écrit de nombreux ouvrages sur la Shoah, est décédé cette semaine à Francfort à l’âge de 88 ans. Il était le cousin de Jean-Marie Lustiger, converti au christianisme avant d'être nommé archevêque de Paris.  

Arno Lustiger était né en 1924 à Bedzin, en Haute Silésie. Il avait survécu à l’horreur nazie après avoir été interné dans six camps de concentration, dont celui d’Auschwitz. Il avait également fait deux marches de la mort.   
 
Après la guerre, il s’est établi à Francfort et était le co-fondateur de la communauté juive locale. Il a consacré sa vie à raconter comment les Juifs avaient tenté de résister aux Nazis pour prouver notamment que, contrairement à certaines allégations diffamantes, « ils ne s’étaient pas laissé mener comme des moutons à l’abattoir ». 

Le Pr Lustiger a écrit plusieurs livres sur le sujet. Il a publié  d'autres ouvrages portant sur Staline et la persécution des Juifs russes ainsi que sur l’action de non-Juifs qui avaient sauvé des Juifs pendant la Shoah et sur des volontaires juifs qui s’étaient engagés pour lutter contre fascisme lors de la guerre civile d’Espagne. 
 
Arno Lustiger avait en outre lutté contre les idées fausses diffusées par certains historiens ouest allemands qui prétendaient que « les survivants ne pouvaient présenter des témoignages objectifs sur leurs persécutions » et que « la résistance juive contre les nazis n’avait pas existé ».  
 
Arno Lustiger s’était rendu en 2007 aux obsèques de son cousin converti au christianisme, Jean Marie Lustiger, archevêque de Paris, et y avait même récité le Kaddish.
 
Arno Lustiger aimait Israël et lui exprimait son soutien en écrivant des articles pour des journaux allemands dans lesquels il dénonçait toute tentative de délégitimation de l’Etat juif. Il avait également apporté sa contribution à la reconstruction de la communauté juive de Francfort.