Il faut dire que la Chine – qui utilise 70 % de son eau pour l’agriculture et dont 90 % du parc aquifère est pollué – est le pays d’application idéal des mille innovations du « laboratoire israélien » (particulièrement dans le domaine des énergies renouvelables et de la gestion de l’eau) permettant de marqueter à grande échelle et d’adapter les découvertes du high-tech en « bleu et blanc » aux exigences démographiques et écologiques de l’immense marché chinois. On pourrait citer des dizaines d’exemples locaux et régionaux où des firmes israéliennes ont été impliquées dans des projets liés aux technologies de l’eau. « La Chine doit désormais faire face de très gros problèmes de pénurie et de pollution de l’eau, explique ainsi Victor Zhao, le directeur de la firme Shirat basée en Chine. Or, de son côté, Israël dispose d’une mine de trouvailles technologiques… mais sans un grand marché pour les écouler ».
À noter aussi les grands efforts déployés par la diplomatie israélienne qui a compris, malgré la grave crise financière de 2008, que l’essor des relations entre les deux pays passait d’abord par les échanges économiques. Ce qui explique que de nombreuses délégations professionnelles ont été échangées depuis dix ans, alors que de plus en plus d’étudiants chinois viennent en formation en Israël, et inversement.
Car dans cet immense pays produisant chaque année quelque six millions de diplômés dans ses universités – et qui sera donc sous peu totalement indépendant au plan des innovations high-tech -, Israël doit vite trouver les « niches technologiques » adéquates qui lui permettront de rester longtemps encore sur le terrain en apportant un savoir-faire unique au monde !
Parallèlement au plan politique, plusieurs indicateurs attestent d’un regain d’intérêt de Beijing pour Israël, en dépit du maintien – pour combien de temps encore ? – des positions traditionnelles sino-communistes depuis des décennies favorables à la « cause palestinienne ». Or, sous l’effet combiné de son développement économique exponentiel et de son propre intérêt au maintien de la stabilité dans un Proche-Orient plus incertain que jamais, la Chine entre peu à peu sur cette scène régionale en opérant une amorce de changement dans ses positions diplomatiques habituelles.
Surpris par l’ampleur des soulèvements du « printemps arabe » devenu à présent un « hiver islamique », les dirigeants chinois – qui critiquent souvent en coulisse les efforts déployés par le bloc arabe pour isoler et délégitimer Israël – ont quelque peu modéré leur soutien diplomatique classique aux Arabo-Palestiniens et à des pays en crise comme la Syrie et l’Égypte.
Il s’avère donc qu’à mesure que le rôle économique, financier et diplomatique de la Chine grandit en Asie et à l’échelle planétaire, les relations israélo-chinoises sont appelées à beaucoup se développer à l’avenir.
Surtout dans un Proche-Orient de plus en plus déstabilisé, où l’État hébreu apparaît aux yeux de Beijing comme un îlot de réussite. Par Richard Darmon