Nourrir 7000 femmes ? Ce n’est qu’une affaire ordinaire pour les 3 chefs Susan Feniger, Suzanne Tracht et Nancy Silverston. Mais cuisiner un déjeuner dans les strictes observances des lois de la cacherout, voilà un défi qu’elles ont accepté de relever et pour la bonne cause en plus.
Les 3 chefs se sont réunis lors d’un déjeuner en l’honneur du 100ème anniversaire de la fédération Juive de Los Angeles. Afin que chacune des participantes, qui étaient venus au déjeuner pour aider à lever des fonds pour cette association, puisse manger quelque soit son degré de cacherout, les 3 chefs ont dû s’organiser différemment que d’habitude. Toute la cuisine, installée sous une grande tente, avait été cachérisée, de nouveaux ustensiles achetés et emballés la nuit sous film plastique pour éviter les mauvaises manipulations. Les feuilles de salade ont été lavées 3 fois pour s’assurer qu’aucun insecte ne restait.
Tracht a déclaré qu’elle aurait bien aimée prendre le temps de faire ses courses dans un marché de produits cachers pour pouvoir mieux planifier ses recettes. Faute de cela elle a dû faire quelques petits aménagements à ses plats habituels. Elle a par exemple dû remplacer la burrata, genre de mozarella à la crème, par de la féta, car elle n’avait pas trouvé de burrata cachère. De même, Silverston a dû elle utiliser un autre chocolat pour réaliser son fameux pudding. Suzanne Tracht en a profité aussi pour se livrer un peu sur son enfance. Elle l’a passée dans une famille juive cachère et se souvient très bien du borsht de sa jeunesse. « Ce n’était pas toujours très bon. » se rappelle-t-elle. Et c’est sans doute pour cela qu’elle cuisine aujourd’hui la betterave différemment. Elle a d’ailleurs proposé lors du repas qui s’est déroulé dans un hangar de l’aéroport de Santa Monica, une salade de betteraves avec des tranches de concombre, de la roquette et de la féta.
Chaque chef a confectionné un des plats du repas et en a fait la démonstration sur une scène pendant le déjeuner. Feniger a proposé un varenky, des boulettes ukrainiennes farcies aux épinards, courgettes et ricotta servi avec une sauce aigre douce et de la confiture de citron. Salade de betteraves et et pudding au chocolat complétaient le menu. Les 3 chefs ont aussi parlé de la façon dont être juive avait influé sur leur décision de devenir des cuisinières, et même plus, de véritables chefs reconnus.
Susan Feniger a raconté ses dimanches matins quand elle courrait de chez sa grand-mère à chez sa tante pour les aider à cuisiner. Les foies de poulets et les œufs aux oignons cuisinés avec sa tante. Justement les boulettes varenyky confectionnées avec sa grand-mère. « Notre famille se construisait autour de la nourriture et de ce qui se passait à table. » raconte-t-elle. Pour Suzanne Tracht aussi « La famille juive traditionnelle met toujours l’accent autour de la table. » Pour Nancy Silverston « Etre juif c’est insister sur la proximité, la famille, la générosité, l’éducation. C’est bien plus que d’aller à la synagogue. »