Amalya Knapp est une petite fille de 7 ans qui s’entraine plusieurs heures par semaine pour être la meilleure lors des compétitions de gymnastique aux quelles elle participe. Le mois dernier elle est arrivée 5e lors de la Compétition du New Jersey, lui donnant normalement le droit a une médaille. Mais elle ne l’a pas reçue. Pourquoi? Parce qu’une des épreuves avaient lieu le samedi et Amalya, en tant que juive religieuse n’y a pas participé.
Le Comité sportif avait fait un effort en lui permettant de passer son épreuve le dimanche. Ainsi ses points avaient pu être comptabilisés pour son équipe, mais n’avaient pas été pris en compte pour sa performance individuelle. « J’étais déçue. »raconte Amalya « mais ma maman m’a expliqué qu’il y avait des choix à faire. »
Amalya n’est pas la seule sportive dont les efforts et les compétences ne peuvent pas être récompensés au plus haut niveau à cause de problèmes religieux. En effet, il est aujourd’hui très difficile pour un sportif qui observe les mitsvoth de faire de la compétition. Chavie Knapp, la mère d’Amalya raconte « Elle a fait tant d’efforts, s’est entrainée pendant des mois, mais finalement n’a pas pu recevoir la récompense qu’elle a gagnée. » Toutefois elle précise qu’elle apprécie les efforts de la fédération américaine de gymnastique pour discuter de ce problème et essayer de trouver une solution. Elle raconte que son mari et elle-même pousse Amalya à faire les activités dont elle a envie et notamment le sport. Amalya aimerait bien devenir une véritable championne et même participer à des Jeux Olympiques. Toutefois, si le choix entre le sport et la religion était à nouveau à faire, elle donnerait encore la priorité à la religion.
Il existe dans l’histoire sportive des Etats Unis plusieurs cas célèbres de sportifs qui ont été confrontés au même choix et qui ont fait passer leur sconvictions religieuses, quelles qu’elles soient, avant leurs performances sportives. Le mois dernier c’est un lutteur, Joel Northrupt qui a refusé de combattre contre une femme en arguant que les contacts physiques entre homme et femme lui étaient interdits. Il a donc du renoncé à tout espoir de championnat. L’exemple le plus connu est celui de Sandy Koufax, le lanceur des Dodgers de Los Angeles, qui a refusé de participer au match d’ouverture de la saison en 1965 car il était programmé le jour de Kippour. C’est d’ailleurs cet exemple que les Knapp ont choisi pour expliquer à la Fédération l’importance du chabat pour eux. Mais ils l’ont aussi utilisé pour expliquer à Amalya qu’elle n’était pas la seule athlète à devoir faire ce genre de choix. Pour ses parents l’important est qu’elle comprenne qu’on peut être à la fois un grand sportif et un juif engagé religieusement. Il ne faut pas forcement choisir d’être l’un aux dépends de l’autre.
Les fédérations sportives américaines essaient de prendre en compte les exigences religieuses de ses membres. Mais tout n’est pas possible. Pourtant, Gary Schaer, le seul député juif religieux du New Jersey pense que ces efforts ne vont pas assez loin. Pour lui un enfant ne devrait pas avoir à faire le choix entre sa croyance religieuse et son amour du sport.
La couverture médiatique de l’événement a entrainé de nombreuses réactions. Chavie Knapp raconte qu’elle a eu beaucoup de lettres de soutien mais aussi beaucoup de critiques. En effet, les gens lui ont reproché d’avoir entrainé sa fille dans une compétition dont elle savait depuis le départ qu’Amalya ne pourrait pas gagner. Le Rabbin Dov Lerner de Pennsylvanie a été dans sa jeunesse un coureur universitaire et a même remporté des titres au tir à l’arc. Pourtant il est un religieux qui respecte le chabat. Pour lui, il est impossible de faire du sport à haut niveau et de respecter complètement sa religion. Toutefois il encourage les jeunes juifs à faire du sport et même en compétition. Mais ils doivent savoir qu’à partir d’un certain niveau ils seront confrontés à ce choix, parfois difficile. Ce n’est pas demain la veille que les épreuves de Wimbledon seront aménagées pour les juifs religieux.
Pour Jeffrey Gurock, professeur à la Yeshiva University de New York et auteur d’un livre sur la rencontre entre le sport et le judaïsme, le phénomène sportif n’est pas simple. En effet, d’un coté on ne veut pas faire d’aménagements particuliers pour faits religieux mais il est extrêmement rare qu’un événement sportif ai lieu le jour de Noel. En 2009, le coup d’envoi du match opposant les Yankee et les Red Sox avait été retardé pour ne pas commencer avant la fin du jeune de Yom Kippour. Mais la vérité est que ce qui se passe dans le sport n’est qu’une métaphore de ce qui se passe dans la vie. La question est de savoir comment s’intégrer dans la vie américaine tout en maintenant sa propre tradition. Et cela c’est une histoire juive mais aussi musulmane ou mormon.