Le Premier ministre Benyamin Netanyahou effectue une visite aux Etats-Unis quelques jours après les élections américaines de mi-mandat. La victoire républicaine ne devrait avoir que peu d’impact sur l’économie israélienne. Néanmoins, un changement de politique économique, tout comme la remise en cause de l’aide étrangère, pourraient se répercuter indirectement sur l’économie d’Israël. Sans compter la récente décision de la Réserve fédérale des Etats-Unis (la Fed) d’imprimer 600 milliards de dollars supplémentaires: l’afflux de dollars en Israël va à nouveau tirer le shekel à la hausse, de quoi provoquer un véritable casse-tête à Stanley Fisher, le gouverneur de la banque centrale.
Une nouvelle politique économique
La défaite des démocrates ne signifie pas qu’il faille pour autant enterrer trop vite le président américain. Sur le plan économique, le président Obama a hérité d’un pays exsangue, victime d’une crise économique de grande ampleur. La récession et le fort taux de chômage (10%) demeurent la cause majeure du désarroi des démocrates. Pour éviter le pire, Obama a adopté un plan de relance pour l’économie américaine de plus de 700 milliards de dollars, qui a permis de freiner la récession; il a lancé des réformes, comme la santé, qui ont amélioré le sort des classes les plus défavorisées.
Pour Israël, les résultats des élections aux Etats-Unis aura un impact indirect sur l’économie israélienne. Celle-ci reste encore tributaire de la bonne santé de l’économie américaine, ne fusse que du fait que les Etats-Unis sont le premier fournisseur et le premier client d’Israël. Or aujourd’hui, les républicains prônent moins de dépenses publiques, une réduction drastique de la dette et un rôle plus modeste pour le gouvernement fédéral; autant de mesures qui risquent de freiner la sortie de crise de l’économie américaine. Et à moyen terme, une reprise trop molle aux Etats-Unis pourrait provoquer un ralentissement de la croissance en Israël.
La remise en cause de l’aide américaine
Autre sujet économique de préoccupation pour Israël: l’aide financière (crédits militaires, garanties de prêts, etc.) que lui accorde le gouvernement américain. Parmi les congressistes républicains, de nombreuses voix s’élèvent pour demander une révision de l’aide que les Etats-Unis accordent à leurs alliés dans le monde, Israël compris. Ce n’est pas forcement Israël qui est visé, mais plutôt le programme d’aide accordé à d’autres pays étrangers: aujourd’hui, Israël est le second bénéficiaire de l’aide étrangère américaine après l’Irak, et devant l’Egypte, la Jordanie, l’Autorité palestinienne, etc.
Or toute révision du programme de « Foreign Economic and Military Aid » accordé par l’USAID (Agency for International Development), pourrait remettre en cause le montant des crédits octroyés par Washington à Jérusalem. A l’heure où les parlementaires républicains vont réclamer des coupes budgétaires, la question sera à nouveau posée: une économie moderne et solide comme celle d’Israël a-t-elle besoin des 3 milliards de dollars par an que Washington lui accorde généreusement? Aujourd’hui, le simple fait de soulever la question est considéré comme un tabou par le gouvernement de Jérusalem.
La relance monétaire de la Fed
Coïncidence des dates ou non, la Réserve fédérale des Etats-Unis a choisi le jour des résultats des élections pour annoncer de « nouveaux assouplissements monétaires » visant à relancer la machine économique. La Fed entend faire d’une pierre deux coups: lutter contre une inflation trop basse et contre un chômage trop fort. La Fed va donc lancer un nouveau plan d’achats de bons du Trésor à hauteur de 600 milliards de dollars jusqu’en juin 2011. Autre annonce, qui n’est pas aussi une surprise: la Fed maintient son taux directeur dans sa fourchette de 0 à 0,25% et cela afin de faire baisser les taux d’intérêt à long terme et dynamiser une croissance trop molle.
Pour Israël, cet assouplissement monétaire ne présage rien de bon. Les nouvelles mesures de la politique monétaire américaine pourraient secouer le marché financier en Israël, notamment en tirant le cours du dollar vers le bas. La cause à cela est simple: les américains vont devoir investir davantage à l’étranger, notamment dans les pays où la croissance est forte et les rendements plus élevés; et Israël correspond justement à ce profil. Autrement dit, l’économie israélienne risque d’être inondée par une partie des 600 milliards de dollars que la Fed va injecter au cours des six mois à venir. Une situation que la Banque d’Israël aura de plus en plus de mal à gérer, notamment pour freiner la baisse du billet vert.
Source Aroutz 7