La désinformation dont fait l’objet Israël dans les médias occidentaux fait bien pâle figure par rapport à celle qui règne sur la quasi-totalité des médias arabophones. Sites Internet, chaînes de télévision câblées, journaux, radios, tous véhiculent un message anti-israélien virulent et totalement déconnecté de la réalité sans que personne, ou presque, ne fasse quoi que ce soit pour rétablir un semblant de vérité.
L’Israël officiel a quasiment abandonné le champ de bataille arabophone mais, fort heureusement, des Israéliens ont décidé à titre individuel de relever le défi. Ils parviennent avec brio à défendre Israël sur un terrain où, a priori, tout est perdu d’avance.
Hamodia les a rencontrés.
Tous les Arabes détestent Israël ? Après une visite (traduite) dans les sites Internet consacrés à la hasbara israélienne en arabe, on peut raisonnablement répondre que non. C’est ainsi qu’Abdelkader d’Arabie saoudite affirme qu’il est « sioniste » et n’oublie jamais de souhaiter « Chabbat chalom » à ses amis juifs, que Mohammed de Sfax (Tunisie) écrit en toutes lettres dans son profil Facebook « I love Israel » et que Samoo de Bagdad est fan de l’équipe israélienne de football et connaît par cœur les chansons du chanteur israélien Eyal Golan.
Abdelkader affirme que c’est entre autres grâce à un site Internet qu’il a forgé son amitié pour l’Etat d’Israël. Il s’agit du site yahoodi1.com, géré par Roni Bialer, un Israélien arabophone de Raanana qui, entre deux cours à l’université, correspond avec des milliers d’Arabes et de Musulmans qui ont appris à connaître Israël par son intermédiaire.
« Ma famille est arrivée en Israël il y a près d’un siècle d’Irak et j’ai toujours été attiré par la culture moyen-orientale. J'ai déploré que mes parents ne lisent pas et n’écrivent pas l’arabe. Pour pouvoir en connaître un peu plus sur l’histoire de cette région dans laquelle nous vivons et qui me passionne, j’ai donc commencé à apprendre l’arabe. Lorsque j’ai cherché des informations sur Israël dans cette langue, je suis tombé à la renverse. Le seul narratif disponible en arabe était totalement biaisé, haineux et sans le moindre rapport avec la réalité. Israël était présenté comme le mal absolu et les Israéliens comme des voleurs qui s’étaient accaparés une terre musulmane. Aucune documentation historique, aucun rappel réel des faits : les médias arabophones ne véhiculaient que des mythes », déclare Bialer à Hamodia.
Roni se tourne alors vers le site Internet censé représenter l’Etat d’Israël à l’extérieur de ses frontières, à savoir le site Internet du ministère des Affaires étrangères. La visite n’est pas concluante, c’est le moins qu’on puisse dire : « Le ministère a certes un site en arabe et il a manifestement compris l’importance de ce média et l’impact qu’il peut avoir sur la représentation d’Israël parmi les pays de la région. Malheureusement, il n’est pas connecté à la réalité du Moyen-Orient et à la mentalité arabe ».
Mais ce n’est pas seulement sur la forme que Roni a des critiques à formuler. Le fond également ne correspond pas suffisamment à la réalité et aux besoins : « Savez-vous que 97 % des Egyptiens croient dur comme fer au mythe appelé « Israïl Al Koubra », qui signifie Israël la grande ? Il ne s’agit pas là du « grand Israël » tel que nous le concevons. En fait, 97 % des Egyptiens pensent que les Juifs veulent que leur pays s’étende du Nil à l’Euphrate. La preuve, affirment-ils : le drapeau israélien est orné de deux bandes bleues, qui symbolisent ces deux fleuves ! » Pour Roni, il semble évident que face à cette incurie et à ce manque de connaissances, la machine de guerre médiatique israélienne officielle aurait dû répliquer par des explications bien précises concernant le drapeau et une réfutation de ce mythe d’Israïl Al Koubra. « Malheureusement, des informations de ce style et qui contribueraient à rétablir la réalité ne figurent pas sur le site officiel d’Israël en arabe ».
Après avoir fait ce constat, Roni décide donc d’agir : il crée, il y a quatre ans, un site Internet en arabe dans lequel il explique patiemment à ses milliers de lecteurs la relation intrinsèque entre le peuple d’Israël et sa terre et répond aux questions qui lui sont posées par des internautes qui, sans lui, seraient encore bercés par la haine du Juif. Roni insiste : il ne s’agit pas de propagande mais d’information. « Une hasbara qui serait fondée sur de la désinformation ne servirait à rien. C’est la raison pour laquelle je fais si souvent appel à l’Histoire et aux découvertes archéologiques dans mes articles. Lorsque je montre une mosaïque millénaire ornée de symboles juifs et découverte en Judée, j’informe. Et les Arabes apprécient et respectent ces informations ». Bien plus d’ailleurs qu’ils n’admirent le fait qu’Israël soit « la seule démocratie du Proche-Orient » ou que la liberté de culte y soit respectée : « Les Arabes n’en ont que faire que l’Etat d’Israël soit une démocratie. Je vais même dire plus : ils n’en ont que faire qu’un petit Irakien ait été soigné dans un hôpital israélien ou que l’Etat d’Israël ait envoyé 250 tonnes de nourriture à Gaza. Ce n’est pas en prouvant à quel point nous sommes gentils et humanistes que nous les convaincrons parce que, pour le moment, notre simple présence dans la région est à leurs yeux illégitime ».
Dans son site, qui a subi depuis quelques mois de petites modifications et s’appelle désormais « Israel in arabic », tout simplement, Roni Bialer consacre une grande partie de ses articles à rétablir la vérité historique et à rappeler que la domination juive en terre d’Israël est la chose la plus naturelle et la plus légitime qui soit. « Le peuple arabe est le peuple du mot et il respecte le mot. Pourtant, il est quasiment impossible par exemple de trouver une traduction en arabe de la Bible faite par des Juifs sur Internet. Cela nous dessert. La culture arabe se concentre sur trois pôles : l’histoire, la langue et la religion. Dans ces trois domaines, Israël a énormément à apporter. Il faudrait juste que nos dirigeants cessent d’être complexés et de parler constamment de « besoins sécuritaires » et de « frontières sûres » : le peuple juif mérite d’être respecté par ses voisins arabes, il ne mérite pas seulement de vivre en sécurité. Nous sommes le peuple le plus ancien du monde, notre présence sur cette terre n’a jamais été interrompue, notre foi nous a accompagnés tout au long de notre histoire et notre culture est d’une richesse inégalable. Ce sont ce genre d’arguments que les Arabes respectent, bien plus que des théories sur une paix utopique ou des grandes déclarations sur le pluralisme israélien. Nous devons nous respecter et respecter notre histoire pour que les Arabes nous respectent. Lorsque nous serons sûrs de nous du point de vue identitaire, alors je suis persuadé que nous serons bien moins menacés du point de vue sécuritaire ». Par Laly Derai,en partenariat avec Hamodia.fr