Il fut un temps où le quartier de la gare du Midi à Bruxelles était surnommé par ses habitants la « petite Jérusalem » pour le nombre de Juifs qui avaient choisi de s’y installer. C’est donc naturellement là que Séligman Bamberger décida en 1947 d’installer ce qui allait devenir la principale école juive belge francophone : l’Athénée Maïmonide. Mais l’établissement de l’avenue Pointcarré se voit aujourd’hui contraint de déménager, victime d’un environnement devenu hostile aux Juifs.
« Aujourd’hui, le quartier est peuplé par la dernière vague d’immigration, ce qui rend la situation difficile », résume Joël Rubinfeld, ancien de « Maïmo » et co-président du Congrès juif européen. Les environs de la gare du Midi où vit une très importante communauté maghrébine traînent en effet désormais une réputation exécrable où se mêlent délinquance, communautarisme et islamisme.
« Depuis quelques années, le quartier subit une forte dégradation. L'établissement a du mal à gérer les problèmes d'insécurité, de propreté. De nombreux parents ne souhaitent plus inscrire leurs enfants à Maïmonide, car ils craignent pour leur sécurité », expliquait ainsi récemment à un journal local Jacques Wajc, le président du conseil d'administration de l’école qui accueille les enfants de la communauté de la maternelle au lycée. Comme en France, c’est avec la seconde Intifada (« Au lendemain de la diffusion du reportage sur Mohamed Al Dura », selon Joël Rubinfeld), au début des années 2000 que la situation des élèves de Maïmonide s’est détériorée. Quotidiennement insultés par les jeunes du quartier, ils sont également régulièrement agressés. Au point que la direction de l’école ait décidé d’interdire le port de la kippa dans la rue, ainsi que l’usage de la station de métro voisine (Lemonnier) devenue le point de rassemblement de tout ce que la ville compte de « casseurs de juifs ».
Une situation d’insécurité qui a entraîné une chute des effectifs de Maïmonide, passés de 600 à 250 élèves et synonymes d’importantes difficultés financières. Pour faire face à ses dépenses, elle s’est ainsi endettée à hauteur de huit millions d’euros auprès de l’État belge. « C’est un cercle vicieux », résume Joël Rubinfeld. « Moins d’élèves, c’est moins d’argent pour des coûts fixes identiques ».
C’est d’ailleurs dans les banlieues aisées d’Uccle et Forest, où vit une partie de la communauté juive, que l’Athénée Maïmonide devrait déménager. « Une décision sera prise dans les prochaines semaines », précise une source proche de la direction de l’école. « En tout cas, à la prochaine rentrée, il n’y aura plus d’élèves juifs dans le quartier du Midi ». Par Serge Golan, en partenariat avec Hamodia.fr