C’est dans le magnifique cadre de la grande synagogue de Bruxelles, choisie par l’Union européenne en 2008, comme la première synagogue d’Europe, que la chancelière allemande Angela Merkel s’est vu remettre le Prix du judaïsme européen, devant un parterre de personnalités religieuses et politiques, dont notamment, des rabbins de la République fédérale d’Allemagne, des grands rabbins européens, les rabbins Bruno Fiszon et Moché Sebbag qui représentaient la France, mais aussi, les vice-Premiers ministres belges Didier Reynders et Pieter de Crem.
Cette récompense honorifique, décernée chaque année à une personnalité du monde politique ou religieux, qui s’est distinguée par son comportement vis-à-vis du peuple juif, du judaïsme ou d’Israël, a été initiée, il y a deux ans, par la Conférence des rabbins européens. Elle porte également le nom de Prix Lord Jakobovits, du nom du défunt grand rabbin du Commonwealth et ancien président de la Conférence des rabbins européens des années durant. Interrogé par Hamodia, le grand rabbin de Bruxelles, rav Albert Guigui, s’est exprimé sur la raison de ce choix : « Madame Merkel a toujours lutté pour la promotion d’une société respectueuse des traditions culturelles et religieuses. Elle a combattu de façon ferme et déterminée toute forme de résurgence de l’antisémitisme.

Mais il y a aussi une motivation concrète et directe : le rôle déterminant qu’a joué Angela Merkel, l’an dernier, pour protéger la pratique de la circoncision. Elle a tout fait pour élaborer un texte de loi, qui autorise la circoncision pour motif religieux ». Lors de la cérémonie, le grand rabbin de Moscou, Pinhas Goldsmith, actuel président de la Conférence des rabbins européens, a confié avec franchise qu’il n’a pas été évident pour des rabbins, dont beaucoup ont perdu des membres de leur famille, au cours de la Shoah, d’octroyer ce prix à la chancelière allemande : « Ce n’était pas une décision facile, mais une décision juste », a-t-il affirmé. La chancelière était visiblement émue. Après avoir évoqué la période de la Shoah et rendu hommage à ceux qui, dans l’assistance, y ont perdu des proches, Madame Merkel a abordé en termes clairs le débat sur la circoncision : « En Allemagne, quelque chose de fondamental est apparu : il est clair que nombreux sont ceux qui sont ignorants des traditions religieuses et de leurs fondements. Beaucoup ne les comprennent pas et pour cela, ne les trouvent donc pas acceptables. Je suis heureuse qu’en quelques mois, nous ayons réussi à rétablir les garanties légales. Par contre, il est désolant que se soient fait entendre des voix antisémites et racistes dans le cadre de cette affaire ». Merkel a conclu son discours en assurant que « L’Allemagne va se dresser avec détermination contre toute manifestation d’antisémitisme, et qu’elle s’emploie de toutes ses forces pour que s’établisse une solution pacifique et durable du conflit au Moyen Orient ». Dans son discours, le grand rabbin Guigui n’a pas hésité à souligné l’inquiétude des communautés juives d’Europe face à la résurgence de l’antisémitisme : « Il est impératif que la voix de l’Europe s’élève haut et fort pour renforcer la lutte contre toute forme de racisme et d’antisémitisme et se dote d’instruments législatifs, pouvant la protéger contre ceux qui veulent porter préjudice à nos démocraties », a-t-il affirmé devant l’assemblée.
Précisons que la communauté juive de Belgique compte actuellement 50 000 membres, qui vivent majoritairement à Bruxelles et Anvers et dans une moindre mesure dans les cités de la région de Wallonie : Charleroi, Lièges et Gand et enfin, dans la commune néerlandophone de Knokke. « C’est une communauté bien intégrée, très active quant à tout ce qui touche au judaïsme et à Israël, souligne le grand rabbin Guigui, mais ses membres sont inquiets face à la violence antisémite qui ne cesse de croître en Belgique et en dépit de bonnes relations qui existent avec les Autorités musulmanes et notamment l’Exécutif des musulmans de Belgique. Son président était d’ailleurs présent lors de la remise du prix du Judaïsme ». Et de conclure : « Nous tentons d’instaurer un dialogue vrai et de développer l’idée de vivre ensemble, c’est pourquoi j’ai été invité récemment à prendre la parole devant les imams des mosquées de Belgique ». Par Sandra hanna Elgrabli,
