Pendant qu’en région parisienne, la communauté juive est confrontée à de sérieux problèmes de cimetières, à Bordeaux, on les restaure ! Le Consistoire local vient en effet de mener à bien une opération d’embellissement de ses carrés historiques.

Nettoyés et remis à neuf, ils ont d’ailleurs été l’une des principales attractions des Journées nationales du Patrimoine qui ont eu lieu, il y a quelques jours, dans la capitale aquitaine.

La communauté juive bordelaise est en effet propriétaire de trois cimetières, héritages de son ancienne prospérité. Le principal, situé cours de l’Yser, est toujours utilisé. Mais les deux autres – le cimetière des Portugais qui abrite 800 tombes et celui des Avignonnais qui en compte une centaine – avaient fini par se faire oublier : « Un gâchis », auquel le président du Consistoire de Bordeaux, Érick Aouizerate a décidé de mettre fin. Situés en plein centre-ville, mais abrités de l’agitation de la cité derrière de hauts murs, ces deux cimetières sont les témoins de l’histoire de la communauté juive bordelaise. À partir du 18e siècle, Bordeaux a effet accueilli de nombreux Juifs et marranes qui avaient fui les persécutions en Espagne et dans les anciens États papaux.
Bien que préservés, les deux cimetières inscrits sur la liste des Monuments historiques avaient besoin d’une sérieuse restauration. Un projet auquel se sont attelés l’APIA, l’association du patrimoine israélite d’Aquitaine et l’architecte bordelais Marc Benayoun, en partenariat avec la municipalité.
Débutés en juillet dernier, les travaux ont duré deux mois. Tout l’été, la vingtaine de bénévoles d’Adichats, une association de protection du patrimoine, ont ainsi remis trois cents sépultures en état. Un nettoyage qui a permis de mettre à jour des inscriptions en hébreu, en espagnol, en français et en portugais. Sur certaines tombes, on a également découvert des cœurs gravés. « C'est une particularité de ce cimetière pour laquelle nous n'avons pas d'explication », reconnaît Érick Aouizerate qui souhaite désormais ouvrir ces sites au public. D'autant plus que le cimetière portugais du cours de la Marne est en plein centre-ville : « J’aimerais qu’il devienne un témoin de la présence juive à Bordeaux », affirme-t-il.
En matière de cimetière, la communauté locale est décidément gâtée. Celui du cours de l’Yser où la place commence à se raréfier va en effet être secondé par l’ouverture prochaine d’un carré juif au cimetière de Mérignac. Inauguré dans les prochaines semaines, ce nouvel espace réservé aux défunts juifs comportera également un espace de recueillement couvert pour les familles. Par Serge Golan, en partenariat avec Hamodia.fr