Alors que des détenus polonais volontaires restaurent plusieurs cimetières juifs de leur pays, le premier monument qu’ils ont construit en utilisant les vieilles pierres tombales de l’un d’entre eux vient d’être inauguré.
L’histoire débute en 2005 lors d’une conférence internationale à laquelle participent des représentants du système carcéral polonais et israélien.
Les premiers informent les seconds que le directeur d’une prison de Lublin a entrepris la restauration d’un cimetière juif de la ville. Et ce, avec l’aide de plusieurs dizaines de prisonniers qui se sont portés volontaires pour accomplir le travail sur le terrain, travail qui s’effectue sous la surveillance du Grand Rabbin de Pologne et de la directrice de la Fondation pour la Préservation du Patrimoine juif polonais.
Aussitôt, les Israéliens proposent alors que cette initiative soit étendue au plan national et offrent leur aide. Peu à peu, cette idée fait son chemin si bien qu’aujourd’hui, ce sont des centaines de détenus incarcérés dans une cinquantaine de prisons polonaises qui s’activent dans divers cimetières juifs du pays. Mais, vue l’ampleur du projet actuel, il a fallu trouver des fonds.
C’est là qu’intervient Brian Anderson, un magnat anglais, lui-même fils de survivants et qui a fait fortune en important des produits venus d’Extrême-Orient. Sioniste convaincu et marié à une Israélienne, ce businessman a pris sa retraite – à même pas cinquante ans – voici six ans et est parti vivre en Israël.
C’est là qu’il a créé un club de donateurs, composé principalement de riches juifs anglais, club qui a notamment alloué des fonds aux victimes du terrorisme et aux blessés de Tsahal. Et qui, sous l’impulsion de B. Anderson, a, depuis l’an dernier, trouvé l’argent nécessaire pour que « l’initiative polonaise » continue à se développer.
Intertitre : Les communistes interdirent aux particuliers de posséder des objets d’intérêt historique
Le premier résultat tangible de cette dernière a été, il y a deux semaines, l’inauguration officielle, dans la ville de Radom, d’un monument composé à partir d’anciennes pierres tombales et érigé par les détenus d’une prison locale. Ces pierres tombales ont elles-mêmes une histoire spéciale. Durant l’occupation nazie, un marbrier polonais avait en effet décidé d’aller prendre soixante-dix stèles dans un cimetière juif voisin de sa maison. Choisissant celles qu’il estimait être les plus belles, il avait comme intention de les vendre une fois la Guerre terminée. Or, sans le savoir, il venait en fait des les sauver de la destruction.
En effet, les Allemands utilisèrent les milliers d’autres pierres tombales restées dans le cimetière pour construire une piste d’envol pour leurs avions et pour paver la route menant de Radom au champ d’aviation. Vint la fin de la Guerre et la prise de pouvoir par les communistes. Ceux-ci interdirent aux particuliers de posséder des objets d’intérêt historique. Résultat : le marbrier ne put vendre son butin qu’il conserva en secret. Plusieurs décennies passèrent jusqu’à ce que le président d’une association des juifs de Radom, Haïm Kintzler, vienne visiter sa ville natale. C’est lui qui finit par découvrir les stèles cachées et qui, avec l’aide du maire de la cité, réussit à convaincre le fils du marbrier de rendre son trésor à la municipalité. Laquelle promit de les exposer dans un nouveau musée. Hélas, faute de fonds, cette promesse ne put être tenue. Jusqu’à ce que les responsables du projet de rénovation des cimetières juifs par des prisonniers polonais ne se mêlent de l’histoire et décident qu’un monument incorporant ces pierres tombales rescapées soit érigé.
Catherine Garson en partenariat avec Actualité Juive