« Et afin que tu publies aux oreilles de ton fils et de ton petit-fils ce que J’ai accompli en Egypte, et Mes signes que J’ai placés en eux ; vous saurez que Je suis Hachem. » (10, 2)
En ordonnant aux pères de parler à leurs « fils et petits-fils » de Ses miracles en Egypte, Hachem semble vouloir prescrire que tout soit connu des enfants. Pourtant, Il conclut par les mots : « Vous saurez que Je suis Hachem. » Quel est le rapport entre ces deux membres de phrase ?
Cette mitswa, en réalité, a pour but l’éducation et la formation du narrateur, explique Rav Chalom de Belz. En relatant Ses miracles à leurs enfants, les pères s’imprègnent eux-mêmes d’un plus grand amour envers Hachem.
Le ?Hida propose une autre interprétation de ce verset.
Le Talmud (Baba Metsi?a 85a) énonce que si trois générations d’érudits se sont succédées dans une famille, la Tora ne la quittera jamais plus. Cela n’est vrai, font remarquer les Tossafoth, que lorsque les trois générations consécutives de talmidei ?hakhamim se sont effectivement connues.
Dans ce cas seulement un lien indéfectible aura été créé avec la Tora.
C’est ce que nous apprend ici le verset. Si les pères en parlent à leurs fils et à leurs petits-fils, si les trois générations coopèrent les unes avec les autres, alors « vous saurez que Je suis Hachem » : La connaissance restera définitivement fixée dans la conscience de vos descendants.
Moché et Aharon vinrent chez Pharaon, et ils lui dirent : « Ainsi a dit Hachem, Dieu des Hébreux : « Jusqu’à quand refuseras-tu de t’humilier devant Moi ? Renvoie Mon peuple et qu’ils Me servent ! » » (10, 3)
Dans les avertissements qui ont précédé toutes les autres plaies, Hachem avait simplement fait dire à Pharaon de laisser partir les enfants d’Israël.
Ici, Il fait précéder Sa demande de la question : « Jusqu’à quand refuseras-tu de t’humilier devant Moi ? » .
Dans ce verset, Dieu porte en réalité deux accusations distinctes contre le souverain, explique Rav Yits?haq Zeèv Soloveitchik de Brisk.
Il lui reproche d’une part son refus de se rabaisser, et d’autre part celui de libérer les Hébreux. Il avait non seulement désobéi à l’ordre de les laisser partir, mais il était coupable d’avoir méconnu les plaies que Hachem avait envoyées à cause de son refus.
Cette idée est développée par le Rambam (« Lois sur les Jeûnes » 1, 1-3), qui écrit : « La Tora nous ordonne de pousser des cris et de sonner des trompettes toutes les fois qu’une calamité frappe la collectivité?
C’est là un moyen de se repentir, car lorsqu’un malheur s’abat sur les gens et qu’ils implorent et sonnent des trompettes, tous se rendent compte qu’ils sont ainsi frappés à cause de leurs mauvaises actions, comme il est écrit (Yirmeya / Jérémie 5, 25) : « Vos fautes en ont été la cause? »
Cette prise de conscience contribuera à libérer la communauté des menaces qui pèsent sur elle.
Si en revanche, ils ne poussent pas de cris et ne sonnent pas des trompettes, s’ils supposent que leurs épreuves résultent du cours naturel des événements et ne constituent qu’une coïncidence, cela témoigne d’une profonde insensibilité, laquelle les fera persister dans leurs comportements coupables, ainsi qu’il est écrit dans la Tora (Wayiqra 26, 27-28) : « Et si vous marchez avec Moi dans le hasard, Je marcherai avec vous dans un hasard courroucé. »
En d’autres termes, si vous supposez que vos tourments sont le fruit du hasard, Je vous ferai souffrir doublement de ce prétendu hasard. »
Le Rambam affirme ici clairement que si une personne refuse d’établir un lien entre le péché et sa punition, si elle décide de se dérober au repentir en attribuant ses malheurs au hasard, cette attitude constitue en soi une faute supplémentaire qui lui vaudra un autre châtiment distinct du premier.
Voilà précisément en quoi ont consisté les deux manquements de Pharaon : Il a désobéi à l’ordre divin de laisser partir les enfants d’Israël, et il a refusé de s’humilier et de reconnaître que les plaies constituaient une punition de Hachem pour les péchés qu’il avait commis.