C’est une histoire très touchante que nous conte l’AFP, sur des Berlinois qui ont tenu à connaître le destin des Juifs qui vivaient dans leur immeuble pendant la Seconde Guerre mondiale et en ont été chassés pour être déportés dans des camps.
Ces habitants très motivés ont mis plusieurs années à retrouver les traces de certaines victimes. Leur objectif était simple : ils voulaient « ramener leur nom dans les consciences ».
Mais comment tout cela a commencé ? L’initiateur du projet, Peter Schulz, a visité il y a trois ans une exposition consacrée aux Juifs d’avant-guerre. Et soudain, il est tombé en arrêt devant une photo qui l’a profondément bouleversé : elle montrait deux jeunes enfants sur un balcon. Et ce balcon, c’était le sien !! Il s’agissait d’un frère et d’une sœur dont il a découvert le nom par la suite : Werner et Margot Vohs.
« Ce fut un véritable choc », a-t-il témoigné. « Jusqu’ici, nous ne connaissions la déportation que par les livres d’histoire. Et tout à coup, nous avons compris que nous étions liés à l’horreur de l’Holocauste bien plus que nous ne l’imaginions ». C’est alors qu’il a entamé ses recherches, avec l’aide de ses voisins. Et elles ont été fructueuses mais tristes : en effet, le petit Werner a été assassiné à Auschwitz à l’âge de 17 ans. Mais sa sœur Margot a survécu à la Shoah et elle vit au Pérou.
Un autre habitant de l’immeuble, qui est comme Margot un rescapé, est revenu sur les lieux de son enfance. Il s’appelle Kurt Landsberger. Il est âgé de 90 ans et vit aux Etats-Unis. C’est là-bas que les habitants de l’immeuble l’ont retrouvé. Il avait 18 ans lorsqu’il a quitté la maison qui l’a vu grandir. Ce retour a été pour lui un moment très émouvant.
Les personnes qui ont effectué toutes ces recherches ont décidé de faire apposer deux plaques commémoratives à l’entrée de l’immeuble en souvenir des 28 habitants juifs, hommes, femmes et enfants, qui ont été assassinés par les nazis. Nées après la guerre, elles considèrent que la génération de leurs parents a « fermé les yeux » Et comme l’a si bien exprimé l’une d’entre elles, Gabrielle Pfaff, elles veulent « faire en sorte qu’un tel crime ne se reproduise jamais ».
Mais ce n’est pas tout. Pour les descendants des victimes, ces Berlinois ont fait bien davantage. La petite-fille d’un couple, les Lindenberg, qui vivait également dans cet immeuble et n’est pas revenu des camps, a tenu à écrire aux habitants de l’immeuble pour leur exprimer sa gratitude en soulignant : « C’est un peu comme si Johanna et Hermann étaient à nouveau vivants ».