Des immigrés turcs liés à un projet
pour combattre l’antisémitisme
Des immigrés de Turquie et
d’autres pays musulmans,
jeunes et moins jeunes,
participent à un projet tout à fait
exceptionnel mis en place dans un
quartier central de la capitale allemande.
Visant à lutter contre les
opinions et les a priori antisémites,
ce programme fonctionne déjà depuis
quelques années dans le quartier
de Kreuzberg à Berlin et porte
le nom de « Kiga », des initiales qui
signifient en allemand « Initiative de
Kreuzberg contre l’antisémitisme ».
En fait, le choix de ce quartier spécifique
n’est pas fortuit : c’est l’un des
principaux quartiers de la ville composé
en grande partie d’immigrés
originaires de Turquie et d’autres
pays musulmans. Un quartier situé
juste derrière le mur de Berlin avant
sa chute, alors qu’à l’époque il était
considéré comme une zone très pauvre
et défavorisée où les prix des locations
et de l’immobilier étaient bas. Or, après la chute du mur en 1989, ce
quartier s’est retrouvé au centre de
la ville réunifiée et il s’est largement
développé au plan économique.
Le projet porte sur plusieurs aspects,
mais il reste avant tout un
programme éducatif : ainsi, aide-t-il
à former des équipes d’enseignants
et d’éducateurs travaillant dans les
écoles et dans les foyers d’enfants
d’immigrés afin de leur enseigner
la Shoah et d’essayer d’enrayer les
idées et les a priori antisémites. La
plupart des membres de ces équipes
éducatives sont eux-mêmes issus de
familles d’immigrés de la première
ou de la seconde génération.
Dans un article paru récemment
dans une revue officielle allemande
d’information, Ikan Demiral, un
immigré turc âgé de 42 ans qui est
mentionné comme l’un des instigateurs
du projet – dit avoir « pris conscience » de l’importance du
combat contre les préjugés antisémites
au lendemain des attentats commis
en 2003 contre les synagogues
d’Istanbul.
Demiral considère ainsi qu’il est
primordial que la plupart des éducateurs
soient eux-mêmes d’origine
étrangère pour la réussite du projet :
« Il nous est ainsi possible d’atteindre
plus rapidement les jeunes dans
les écoles où un fort pourcentage
d’immigrés étudient, parce que nous
parlons la même langue qu’eux ».
Parmi les nombreux thèmes abordés
par les animateurs de Kiga dans
leurs interventions pédagogiques :
la richesse de la culture juive à
l’intérieur du monde musulman.
Mais ils parlent également de l’importance
du « devoir de mémoire »
en évoquant des faits concrets et
marquants survenus dans la ville,
comme la pose des « Pierres de l’obstacle
» à Berlin en souvenir de trois
Juifs déportés et assassinés dans les
camps d’extermination.
Dans les bureaux de Kiga a aussi
lieu actuellement une exposition sur
Laura Cohen, une jeune Juive qui
habitait ces lieux jusqu’à ses 18 ans
avant qu’elle ne soit forcée de fuir
le pays avec ses parents. En fait, les
enseignants privilégient le dialogue
avec les jeunes musulmans ! « Par
notre travail, nous visons à briser les
idées reçues sur les Juifs », précise
Ken, un étudiant en histoire d’origine
turque âgé de 28 ans qui participe
depuis des années à ces activités politiques
et à ces visites les lieux du
souvenir. « Même si mes parents ne
le comprennent pas, la Shoah a une
signification très importante pour
moi ! ».
M. S.
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