Comme un rayon de soleil perçant dans l’obscurité, Avraham fut dans sa
génération d’idolâtres « l’homme qui découvrit D.ieu »…
Après dix générations où peu à
peu, l’humanité avait effacé
la connaissance de D.ieu de
sa mémoire, cet homme disséqua
le monde qui l’entourait, tourna
et retourna la « problématique de
l’existence » sous tous ses angles,
convaincu qu’un monde ne pouvvait
vivre sans Source première.
Rien d’étonnant à ce que les maîtres
du Moussar aient pu désigner
Avraham : « Le Patriarche Philosophe
». Pour mieux saisir l’envergure de la
démarche d’Avraham, il nous faut
revenir quelques siècles auparavant
au temps des premières générations
du monde. Il convient
en effet de comprendre comment,
quelques siècles seulement après
la Création du monde et à peine
quelques générations après Adam,
le premier des hommes, créé de
la main de D.ieu, l’humanité fut
capable de se fourvoyer au point
d’ignorer jusqu’à l’existence du
Créateur…
L’émergence du paganisme
Au début de son Traité consacré
aux Lois de l’idolâtrie (Chapitre 1),
Maïmonide retrace les tout premiers
égarements de l’homme en
posant les jalons du principe même
de l’idolâtrie :
« Du temps d’Enoch [fils de Shet,
petit-fils d’Adam], les hommes
commirent une grave erreur ; les
pensées des sages de cette génération s’égarèrent et Enoch lui-même
se méprit avec eux. Voici quelle fut
leur erreur : voyant que le Créateur avait façonné des étoiles et
des sphères célestes pour diriger
le monde [par leur influence astrologique],
qu’Il les avait élevées
au-dessus de tout (…) et qu’elles
étaient tels des serviteurs dévoués
à Son service, il convenait donc de
les encenser, de les glorifier et de
les révérer, car telle serait la volonté du D.ieu, béni soit-Il, que l’on
vénère et que l’on honore ceux mêmes qu’Il élève ».
Ainsi, contrairement à ce que l’on
a l’habitude de croire, le paganisme
se distingue catégoriquement
– du moins à ses origines – d’un
quelconque reniement en un D.ieu
unique. Son principe ne consiste
qu’à honorer ceux que Lui-même
honore et à les vénérer au titre de
« Serviteurs du Roi ».
Les prémices des croyances païennes
étant ainsi posées, l’humanité
fut rapidement entraînée sur une
pente fort glissante. Comme l’explique
le Rambam, ce mode de pensée
amena ensuite les hommes à ériger des temples et des sanctuaires
en l’honneur de ces mêmes astres…
En effet, les hommes étaient
alors animés du vain espoir qu’en
vénérant ces « hauts dignitaires
du Roi » que sont les systèmes
astraux, ces derniers pourraient
« intercéder » en leur faveur auprès
du D.ieu unique, Créateur de toute
chose, en Qui néanmoins ils continuaient
de croire fermement. Or,
selon le Rambam, cette notion de
« Chitouf » (culte vénérant de mannière
combinée Di.eu et ses « Serviteurs
») « constitue le principe de
toute idolâtrie ». Par conséquent,
au lieu d’être une véritable forme
d’hérésie reniant la foi en un D.ieu
unique, le paganisme se révèle,
au fondement des civilisations,
comme le service d’intermédiaires
prétendument censés permettre
d’obtenir la Grâce divine.
Il n’est donc pas étonnant que dans
la tradition juive, l’Unicité de D.ieu
se déclare comme le creuset essentiel
et incontournable dans lequel
doit prendre forme une foi authentique.
Associer à D.ieu ne serait-ce
qu’une puissance intermédiaire,
voire même adresser une prière à
une quelconque « influence » et –
à plus forte raison – associer Son
pouvoir suprême à deux ou « trois
entités » distinctes sont autant
d’attitudes toutes considérées
comme des rigoureuses formes
d’idolâtrie !
Les tout premiers
prophètes de mensonges…
Cette méprise idolâtre s’enracina
tant et si bien, poursuit Maïmonide
dans le second paragraphe de
ce chapitre, jusqu’à ce que se déclarent
des prophètes mensongers
prétendant avoir été enjoints par la
bouche du D.ieu Unique de servir
l’un ou l’autre de Ses serviteurs en
façonnant des statues à leur image,
en se prosternant devant elles et
en leur offrant des sacrifices dans
l’intention de s’attirer leurs bonnes
grâces.
Poursuivant dans cette voie, les
sanctuaires foisonnèrent en tous
lieux, les cultes païens se multiplièrent
et ces faux prophètes, de
mensonges en fabulations, commencèrent
alors à prétendre avoir
reçu des « ordres » de la bouche du
soleil, de la lune et de toutes les
instances célestes ! C’est ainsi que
virent le jour différents types de
cultes aussi divers que le nombre
de divinités inventées par l’homme
et qu’au fil des siècles, la véritable
connaissance du D.ieu Unique fut
presque totalement balayée de la
surface de la terre…
Avraham,
le « pilier du monde » !
« A peine le patriarche atteint-il
la maturité qu’il commença à méditer (…) en s’étonnant : comment
se peut-il que cette sphère tourne
invariablement sans qu’elle n’ait de
maître qui la fasse tourner ? (…)
Son coeur sondait et observait [le
monde] jusqu’à ce qu’il découvre le
Chemin de la Vérité, et qu’il comprenne par son esprit lucide l’Axe
de la Justice », (Rambam idem parragraphe
3).
C’est en effet dans un très illustre
passage du Midrach concernant le
début de notre paracha de Lekh-
Lékha que nous est relatée la toute
première démarche d’Avraham :
« Rabbi Its’hak a dit : à l’image
d’un homme qui errait d’un endroit
à l’autre, jusqu’à ce qu’il découvre
une résidence éclairée. Il se dit :
«Se pourrait-il que cette demeure
ne soit dirigée par personne ?». Le
propriétaire de la résidence se présenta alors à lui et lui déclara : «Je
suis le maître de ce domaine». De
la même manière, comme Avraham
notre ancêtre s’interrogeait : «Se
pourrait-il que ce monde soit sans
dirigeant ?», le Saint béni soit-Il Se
manifesta à lui et lui déclara : «Je
suis le Maître de ce monde» ».
Plongé dans un univers où étaient
vénérés des êtres inertes, finis et
limités, Avraham se refusa d’adhérer
à la pensée dominante de
l’époque que son entendement ne
pouvait souffrir : avoir accès à
un domaine merveilleux, aussi
accueillant qu’une résidence fort
bien éclairée, et qui vivrait et se
maintiendrait pourtant par ses
propres moyens – lui sembla tout
à fait inconcevable !
Mû par une authentique recherche
de vérité, il s’engagea donc dans
une véritable quête empirique en
osant faire « table rase » sur les
dogmes païens et en tentant de
percer le vrai mystère de la création.
Se rebellant contre sa famille,
son peuple et la société qui
conféraient aux « intermédiaires »
le statut d’« intervenants directs »,
il se lança dans une analyse très
ample de l’existence qui l’entourait.
Vécue au plus profond de son
être et l’incitant même à se jeter
dans la fournaise ardente d’Our
Kassdim préparée par son ennemi
Nimrod, cette démarche lui ouvrit
alors les portes de cette Révélation
divine : « Je suis le Maître de ce
monde ! ».
C’est pour cela qu’Avraham mérita
sans nul doute le titre de « Pilier
du monde » et qu’il se révéla effectivement
comme le « Patriarche
Philosophe ».
Y. Bendennoune
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