La base moléculaire de la rupture d'un brin d'ADN, la marque des cellules cancéreuses, a été identifiée par des scientifiques de l'Université Hébraïque de Jérusalem. Cette découverte importante est publiée vendredi dans le prestigieux journal Molecular Cell.
L'ADN contient toutes les informations génétiques nécessaires pour fabriquer les protéines des cellules. Une rupture du brin d'ADN modifie les protéines et conduit à des changements dans la fonction de la cellule. Ces changements peuvent conduire à des défauts dans le contrôle de la prolifération des cellules, et causer le développement du cancer.
En utilisant des technologies de pointe, les chercheurs Batsheva Kerem et l'étudiante en doctorat Efrat Ozeri-Galai, de l'Institut Alexander Silverman des Sciences de la Vie de la faculté de Sciences de l'Université Hébraïque, ont pu caractériser pour la première fois les régions de l'ADN les plus sensibles à une rupture dans les premières étapes de développement d'un cancer.
Il s'agit d'une avancée dans notre compréhension de l'effet de la séquence et de la structure de l'ADN sur sa réplication et sa stabilité, a indiqué jeudi l'équipe de chercheurs.
"L'une des marques de la plupart des cancers humains est l'accumulation des dégâts sur l'ADN, qui entraîne le développement de la maladie", explique Kerem. "Dans les premières étapes du cancer, les cellules sont forcées de proliférer. Dans chaque cycle de prolifération, l'ADN est répliqué pour s'assurer que les cellules filles auront un ADN complet. Cependant, dans ses premières étapes, la réplication est perturbée et cause la rupture de l'ADN, qui survient spécifiquement dans les régions dites "fragiles".
Dans sa recherche, l'équipe a utilisé une nouvelle méthodologie, sophistiquée, qui permet l'étude d'une seule molécule d'ADN pour voir la base de la sensibilité particulière de ces sites "fragiles". Les résultats sont très importants, et jettent une nouvelle lumière sur l'ADN et la régulation de sa réplication avec les premières régions qui cassent lors du développement d'un cancer.
Le résultat montre que le long de la région fragile, il y a des sites qui ralentissent la réplication de l'ADN et parfois même la stoppent. Pour permettre un réplication complète, dans des conditions normales les cellules activent déjà des mécanismes qui sont habituellement mis en jeu en situation de stress. De fait, dans des conditions de réplication de stress, comme dans les premières étapes de développement d'un cancer, la cellule n'a plus les outils pour surmonter le stress, et l'ADN se rompt.
L'étude révèle le mécanisme moléculaire qui favorise le développement du cancer, indiquent-ils.
Actuellement, d'autres études se concentrent sur les premières étapes de développement du cancer, avec pour objectif d'identifier les événements qui conduisent au cancer d'un côté, et à son inhibition d'un autre côté. La présente recherche a pour la première fois identifié les séquences de l'ADN qui régule la réplication le long des sites fragiles, dans les premiers stades du développement du cancer. Les chercheurs espèrent que dans le futur, ces résultats pourront conduire au développement de nouvelles approches thérapeutiques pour lutter contre la maladie.Par JUDY SIEGEL-ITZKOVITCH[ source Jpost.fr]