V
Archéologie
Section 1.
La Torah contient de vastes quantités de données historiques. Sur cette base, il est également possible de poser la question de la vérité de la Torah. Des doutes ayant été soulevés quant à la validité de la Bible en tant que source de l’histoire antique, nous nous devons d’en parler quelque peu.
La Bible parle de la vie des Patriarches, de guerres, de migrations, de famines, de mariages, et de toutes sortes d’événements de l’histoire antique. Quelle est la fiabilité de ces récits ? Une méthode populaire pour examiner la fiabilité de la Bible peut être décrite de la façon suivante : la Bible étant ce qui est en question, nous ne pouvons pas assumer qu’elle dise vrai; par conséquent, quand nous trouvons des récits anciens, comme par exemple des hiéroglyphes antiques, des documents Syriens ou Babyloniens, nous sommes à même de les confronter avec la Bible. Si cette dernière donne les mêmes renseignements, c’est une indication et une preuve que la Bible est correcte; dans le cas contraire, nous constatons que la Bible est erronée. Cette méthode d’établir l’exactitude de la Bible en tant que récit historique est objective et neutre.
Trouvez-vous cela juste ? J’espère que non, parce que ça ne l’est pas. Le simple fait que la Bible contredise d’autres récits anciens ne signifie pas encore que la Bible a tort; peut-être sont-ce les autres sources qui sont erronées ! Une simple contradiction prouve uniquement que quelqu’un a tort; pourquoi assumer que c’est la Bible ? Ce serait avoir un biais contre elle. Lorsqu’il y a une contradiction entre la Bible et d’autres sources anciennes, la question est : comment pouvons-nous comprendre au mieux la nature du conflit, et à quelles sources pouvons-nous nous fier ?
Lors de cette évaluation, il vous faut connaître un fait à propos duquel tous les historiens et les archéologues s’entendent : tous les récits anciens ont été écrits en tant qu’œuvre de propagande. Leur fonction était de glorifier les pouvoirs de l’époque, ce qui fait qu’ils ne mentionnaient jamais leurs propres défaites. Après tout, les scribes étaient des employés. Par exemple, vous constatez ce phénomène dans le type d’événements historiques suivants : des hiéroglyphes indiquent que le Pharaon X a rassemblé une large armée et conquis un certain nombre de provinces, et que son fils le Pharaon X Junior a mobilisé une armée encore plus grande et conquis encore plus de provinces. Puis il y a un trou de cent ans dans l’histoire. Que s’est-il passé pendant ces 100 années ? Pour le savoir vous devez aller consulter les archives babyloniennes. C’était l’époque où les Babyloniens battaient les Egyptiens à plate couture. Les Egyptiens ne le mentionnent pas parce que ce n’est pas très flatteur pour leur empire; ils restent purement et simplement muets sur le sujet.
Une bonne illustration de ce principe est la question de l’Exode : pourquoi aucune archive égyptienne antique ne mentionne-t-elle l’Exode ? La réponse est que les Egyptiens n’enregistraient jamais leurs défaites. Donc, comme l’Exode était une défaite majeure, on ne peut pas s’attendre à le voir mentionné nulle part. Son absence de leurs archives n’est ainsi pas un argument contre l’Exode.{mospagebreak}
Section 2.
Dans un débat portant sur l’établissement de l’histoire antique, la question-clé est celle de l’archéologie. C’est l’archéologie qui est supposée découvrir les preuves matérielles que certains événements se sont passés ou non. Je vais donc brièvement passer en revue la situation archéologique pour ce qu’il en est de la narration biblique. La plus grande partie provient d’un livre intitulé Biblical Personalities in Archeology (L’archéologie et les personnages bibliques, N.D.T.), par Léah Bronner.
Il y un siècle, on partait de l’idée que l’histoire biblique était correcte pour l’époque postérieure aux Rois David et Salomon, à peu près. Bertrand Russell écrit dans son livre History of Western Civilization (L’Histoire de la Civilisation Occidentale, N.D.T.) que nous pouvons présumer que David et Salomon ont bel et bien existé. Avant David et Salomon, en l’absence de preuves d’aucune sorte, la vue dominante considérait que les récits bibliques étaient tout simplement des mythes, des histoires inventées pour glorifier des ancêtres légendaires, c’est-à-dire inexistants, de manière à créer une Histoire grandiose pour le peuple. Bien des nations firent cela, tels les Grecs, et on pensait qu’il en allait de même pour les Juifs.
Pour déterminer si l’on est en présence d’un mythe, il y a un signe qui ne trompe pas : la personne qui écrit un récit censé s’être passé longtemps auparavant projette dans le passé ses propres conditions d’existence. Ne sachant pas que 500 ou 1000 ans auparavant la vie était très différente, elle assume que les conditions étaient plus ou moins identiques aux siennes et extrapole sur la base de sa propre expérience. Par la suite, quand l’archéologie découvre que les conditions n’étaient pas celles décrites dans le récit, nous comprenons que nous sommes en présence d’un mythe. Par exemple, on aura pu attribuer aux ancêtres des armes qu’ils n’avaient pas encore inventées, des animaux qu’ils n’avaient pas encore su domestiquer, des itinéraires commerciaux qu’ils n’avaient pas encore tracés, des colonies qu’ils n’avaient pas encore fondées, etc. Ceci est la manière de déterminer qu’un texte est un mythe, et l’assomption quant à la réalité historique du récit biblique avant David et Salomon était qu’il s’agissait simplement de légendes.
Mais, dans le cas de la Bible, l’archéologie a révélé exactement le contraire : une myriade de détails que la Bible fournit à propos de la qualité et des conditions de vie des Patriarches apparaissent être exactes au dernier degré. La précision de ces détails est totalement inexplicable si vous considérez qu’il s’agit d’un processus normal de formation d’un mythe.
C’est ainsi que par exemple toutes les migrations d’Abraham se firent toujours dans le Sud d’Israël, jamais dans le Nord. Or, à l’époque où Abraham a vécu selon la Bible, la partie septentrionale d’Israël n’était pas habitée. Plus tard, au moment où le mythe est censé avoir été écrit, elle l’était. Si donc quelqu’un avait écrit le mythe après coup et avait projeté ses propres conditions d’existence dans le passé, il n’y aurait eu aucune raison pour lui de discriminer contre le Nord d’Israël.
Un autre exemple : les noms d’Abraham, Isaac, Jacob, Laban et Joseph, qui étaient tous communément utilisés au temps des Patriarches, tombèrent en désuétude par la suite. Ils apparaissent sur des inscriptions archéologiques de la période correspondante, mais jamais ultérieurement. Dans la Bible, ces noms ne sont utilisés que dans le Livre de la Genèse. Or, quelqu’un est censé avoir écrit une légende 500 ans après; comment a-t-il réussi à trouver précisément les noms corrects pour l’époque en question ?
En ce temps-là, la coutume voulait que si un couple était sans aucune progéniture, le mari prenait une servante de sa femme comme concubine et en avait un enfant. Si la première femme donnait par la suite également le jour à un enfant, celui de la servante bénéficiait d’une protection légale et ne pouvait être déshérité. Cette protection fut abandonnée dans les siècles postérieurs. Dans la Bible, nous voyons effectivement Abraham et Sarah suivre cette procédure. La loi de l’époque interdisant l’expulsion du fils de la servante, nous comprenons bien pourquoi, lorsque Sarah dit à Abraham de jeter Ishmaël hors de la maison, la Torah dit que ce fut "très mauvais aux yeux d’Abraham" : c’était mauvais parce qu’allant à l’encontre de la loi prévalant à cette endroit. L’expulsion n’était pas prohibée au cours des siècles ultérieurs, seulement dans ce siècle-là : si le texte avait été rédigé 500 ans plus tard par projection dans le passé, il serait impossible d’expliquer comment ce détail véridique a pu être inséré.
Un argument utilisé par les tenants du caractère mythologique du récit biblique est celui de la domestication des chameaux. Les Patriarches sont dépeints comme utilisant des chameaux comme animaux de transport; on pensait qu’il s’agissait là d’un anachronisme : les chameaux ne furent domestiqués que plus tard, mais les générations ultérieures, ne sachant pas que leurs ancêtres n’avaient pas de chameaux, leur en attribuaient, tout comme eux en avaient. Leurs glorieux ancêtres ne pouvaient en aucun cas leur être inférieurs.
Mais il apparaît que l’ignorance est finalement à trouver du côté de l’archéologie. Les tablettes de Canophori, en Syrie du Nord, qui datent du 18ème siècle avant l’ère chrétienne, établissent une liste des animaux domestiques, et le chameau y est expressément mentionné. Une autre découverte archéologique montre un chameau en position agenouillée. Un sceau daté de cette époque a pour illustration un cavalier assis sur un chameau. En fin de compte, le récit biblique, loin d’être une projection anachronique d’une réalité ultérieure, se trouve confirmé.
De nombreux exemples traitent de Joseph. Prenez par exemple le prix d’un esclave : Joseph est présenté par le texte comme ayant été vendu pour vingt pièces d’argent. Or, il est démontré que c’était le prix exact d’un esclave au temps de Joseph, et à nulle autre époque. Les esclaves étaient meilleur marché auparavant, et de plus en plus chers par la suite. Imaginez quelqu’un écrivant ce détail 500 ans après; comment aurait-il pu connaître le prix des esclaves un demi-millénaire auparavant ? Il ne l’a certainement pas trouvé par accident.
De même quant à dormir sur des lits en Egypte : en Palestine, ils dormaient à l’époque sur le sol, tandis qu’en Egypte ils dormaient sur des lits, et c’est pourquoi la Torah mentionne précisément que lorsque Jacob était en Egypte, il mourut sur un lit.
L’investiture de Joseph comme vice-roi d’Egypte suivit la procédure en vigueur à l’époque : il se tint devant Pharaon et eut la tête rasée parce que telle était la coutume des Pharaons de l’époque. Il avait un collier autour de son cou et un anneau à son doigt. Nous connaissons des hiéroglyphes qui décrivent très précisément cette procédure, tout comme la parade dans un char inférieur seulement à celui du roi. Tous ces détails sont vrais.
Les détails, au moins, sont corroborés par l’archéologie. L’assomption normale que le récit a été écrit postérieurement aux faits décrits et projeté dans le passé est ainsi purement et simplement infondée.{mospagebreak}
Section 3.
Je ne veux pas cacher le fait que certaines questions se posent encore : elles doivent être examinées avec attention pour déterminer leur nature. L’Exode, par exemple, est un cas d’école. Si l’Exode vraiment a eu lieu, quelles sortes de traces archéologiques s’attend-on à découvrir ? Nous parlons d’un grand nombre de gens quittant l’Egypte. On s’attend à trouver des ustensiles, des vêtements, des récipients, des armes, tout cela éparpillé un peu partout dans le désert. Et pourquoi pas des os ? Les gens meurent, surtout s’ils restent dans le désert pendant 40 ans. Il est pourtant avéré que l’on ne trouve rien du tout. Jusqu’à présent, aucune preuve archéologique de l’Exode n’a été trouvée.
Est-ce que ceci milite contre le récit de la Torah ? En fait, tout dépend de ce qui est examiné. Etes-vous en train de tester le récit biblique ? Si c’est le cas, il vous faut le faire dans ses propres termes; vous devez l’accepter en entier. Si vous prenez un élément du récit biblique, que vous y greffez des hypothèses non-bibliques et testez le conglomérat, rien de bon n’en ressortira, car personne ne croit en la véridicité ce conglomérat.
Dans le cas de l’Exode, la Torah dit explicitement que les vêtements ne s’usèrent pas durant la période de 40 ans (Deut. 8:4). Donc, si vous fouillez le désert pour y trouver des vêtements éparpillés, vous ne cherchez pas à examiner l’exactitude de la Bible. Elle dit elle-même que vous n’y trouverez rien, que les vêtements n’y sont pas ! En recherchant des habits, vous testez une hypothèse composite, c’est-à-dire qu’il y ait eu un Exode comme dans la Bible, mais en y ajoutant une notion naturaliste que la Bible dénie (N.D.T. : le naturalisme est une doctrine philosophique qui affirme que la nature n’a pas d’autre cause qu’elle-même et que rien n’existe en-dehors d’elle – le Petit Larousse Illustré). Personne ne croit à la vérité de ce mélange ! Si vous voulez tester l’histoire biblique, il vous faut la prendre dans son entier, avec tous ses détails.
De même avec les ossements : la Bible ne donne aucun détail sur la manière dont les gens mouraient, mais la tradition juive (le Midrash) rapporte que chaque année, le 9 Av, les Hébreux creusaient une immense tombe collective dans laquelle tout le monde se couchait; le lendemain, les survivants se relevaient, et ceux qui étaient morts étaient enterrés à cet endroit, lequel devenait leur tombe. Ils ne décédaient donc pas de manière régulière, avec des tombes égrenées sur toute l’étendue du désert.
De plus, le désert du Sinaï est une zone d’une étendue considérable, et le sable se déplace avec le temps. , surtout sur 3000 ans. Où exactement creuseriez-vous ? A quelle profondeur ? A combien d’excavations devrez-vous procéder avant d’avoir une chance de trouver quoi que ce soit ? On ne peut même pas compter sur 39 sites mortuaires, parce qu’il y a des endroits où ils séjournèrent plusieurs années; il y a peut-être 20 sites mortuaires sur toute l’étendue du désert du Sinaï. A combien d’excavations devriez-vous procéder pour obtenir une probabilité raisonnable de trouver l’un de ces 20 sites, chacun ayant à peu près la taille de 3 pâtés de maisons ? Le fait qu’ils n’aient pas encore trouvé les traces recherchées n’a ainsi aucune force probante; ce n’est en tout cas pas un argument contre l’Exode.{mospagebreak}
Section 4.
C’est l’archéologue Kathleen Kenyan qui a conduit les fouilles de Jéricho; elle prétend que la meilleure date que nous puissions donner de l’entrée du peuple Juif en Terre d’Israël est l’an 1400 avant l’ère commune. Constatant un écart de 150 ans entre la destruction de Jéricho et l’entrée du peuple juif dans le pays, elle en conclut qu’on ne peut pas attribuer aux Juifs la destruction de Jéricho. Ils l’auraient simplement imputée à leurs ancêtres, de sorte à les glorifier.
Comment cette archéologue en est-elle arrivée à la conclusion que la ville de Jéricho ne saurait avoir été détruite postérieurement à 1550 avant l’ère commune ? [Pour plus de détails sur ce qui va suivre, voyez la Biblical Archeological Review (Revue d’archéologie biblique, N.D.T.), Mars / Avril 1990, pp. 44-56.] Son argumentation est fondée sur l’absence de toute poterie cypriote importée; un certain type de poterie était importé de Chypre dans cette région pendant toute la période s’étendant entre 1550 et 1400 avant l’ère commune, et elle n’en trouva aucun exemplaire à Jéricho; elle en déduit que Jéricho doit avoir été détruite avant 1550 avant l’ère commune.
Mais cette conclusion est contestable, et peut en fait être attaquée sous 4 angles différents :
(1) Quant à la méthode : les conclusions basées sur une absence sont toujours particulièrement faibles (cf. ci-dessous).
(2) Elle remarque elle-même que Jéricho n’était située sur aucun des itinéraires commerciaux majeurs – est-ce dans un endroit isolé que vous espérez découvrir de la poterie importée ?
(3) Deux sondes ont été enfoncées dans ce qu’elle décrit comme étant le quartier le plus pauvre de la cité. Est-ce là que vous vous attendez à trouver de la poterie importée ?
(4) Elle a totalement ignoré le fait que de la poterie trouvée lors de précédentes excavations a été datée d’époques postérieures à 1550 avant l’ère commune.
N’oubliez pas que le gouvernement britannique l’a pourtant adoubée chevalier pour ses contributions en matière d’archéologie ! Ce n’est pas ici la place de se livrer à des spéculations sur ce qui peut conduire à tenir ce type d’argumentation branlante, mais nous n’avons certainement pas à renoncer nous sentir menacés dans nos vues par des critiques de ce genre !
En réalité, l’archéologie biblique beaucoup évolué au cours de ces 100 dernières années; elle était très critique au départ ("aucun élément de la narration biblique ne s’est vraiment passé, tout n’est que pure invention") puis, petit à petit, morceau par morceau, cet état d’esprit a été contredit par une myriade de détails. Non pas qu’ils aient totalement renoncé à toutes leurs vues originelles : ils tiennent toujours bon sur quelques points, dont ils pensent que la vérité n’a pas été suffisamment établie. Mais nous pouvons à tout le moins déduire deux conclusions : premièrement, la tendance générale est à la vérification progressive; l’archéologie corrobore de plus en plus le récit historique de la Torah. Deuxièmement, nous avons maintenant un aperçu quant à leur vision des choses : ils commencent en étant complètement négatifs et, petit bout par petit bout, admettent à contrecœur que certaines parties ont été vérifiées. En d’autres termes, ils imposent un standard de preuve déraisonnable pour la Bible.
L’archéologie peut parfois établir un fait positif : s’il est avéré qu’une ville a été brûlée, pillée ou détruite, on peut en déduire que cet événement arrivé suite à une action militaire. Il est par contre très difficile pour l’archéologie d’établir un fait négatif, c’est-à-dire que quelque chose n’est jamais survenu. Pour cela, il faut subodorer que si l’événement s’était passé, il en resterait des traces dans tel ou tel endroit; mais cette évaluation se révèle très complexe : comment savez-vous qu’il vous faut chercher dans un endroit donné et pas ailleurs ? Peut-être n’est-ce pas là la place que vous croyez : certaines cités ont été identifiées à 3 ou 4 endroits différents ! Souvenez-vous : les archéologues pensaient que les chameaux n’avaient pas été domestiqués à l’époque des Patriarches tout simplement parce qu’il se trouvait qu’ils n’avaient pas encore découvert tel sceau cylindrique ou tel hiéroglyphe spécifique; une fois qu’ils les eurent trouvés, ils comprirent que les chameaux avaient bel et bien été domestiqués.
Aussi, attention à l’archéologie lorsqu’elle prétend avoir prouvé l’absence de quelque chose; établir qu’une guerre n’a pas eu lieu, qu’une habitation n’a jamais existé ou qu’untel n’a pas été roi est très malaisé. Lorsqu’elle pense avoir prouvé l’existence d’un fait positif, l’archéologie est plus crédible. Bien sûr, même dans ce cas ses découvertes sont sujettes à interprétation et ne sont pas complètement fiables. Quoi qu’il en soit, je pense que nous sommes aujourd’hui à même de dire que l’archéologie ne présente pas autant de problèmes qu’autrefois. Elle est encore en évolution : de nouvelles découvertes sont encore en train d’être faites, des conclusions tirées, et il reste encore beaucoup à apprendre. Les nouvelles découvertes archéologiques prouvent progressivement, mais pour l’instant seulement partiellement, que la présentation de l’Histoire faite par la Torah est corroborée dans la réalité.
Je vais terminer ce chapitre par une idée due à William Albright, idée que je trouve fascinante pour l’éclairage général qu’elle jette sur l’histoire antique. Albright a trouvé une preuve que les Juifs ont influencé les Grecs. En effet, les noms des lettres hébraïques sont des mots hébreux : Alef, Bet, Guimel, Dalet, etc, ont tous un sens en hébreu; les noms des lettres grecques ont de toute évidence un lien avec leurs homologues hébraïques : Alpha, Bêta, Gamma, Delta, etc. Mais ces sons ne veulent rien dire en grec. Comment les Grecs ont-ils choisi ces noms pour leurs lettres ? Albright dit, et ceci a été par la communauté archéologique en général, qu’ils les ont pris aux Juifs. Il est concevable que cela se soit fait par voie indirecte, via les Philistins qui les auraient prises aux Juifs pour les donner aux Grecs, mais l’alphabet viendrait en dernière analyse des Juifs.
Or, si les noms même des lettres de l’alphabet grec leur vient de nous, pourquoi n’en irait-il pas de même d’autres éléments culturels ? Il est établi qu’il y a eu influence et qu’ils nous ont repris quelque chose; or, le nom des lettres de l’alphabet est absolument fondamental. Qui sait ce qu’ils ont pu reprendre d’autre ? Au lieu de réfléchir à la question de savoir comment les Grecs ont influencé les Juifs, un nouveau champ de recherche s’ouvre à nous : celui des influences juives sur les Grecs !