« Les Etats n’ont pas d’amis, ils n’ont que des intérêts », disait le général de Gaulle, et avec raison. Et l’on pourrait préciser en ne rajoutant qu’un seul mot : « « Les Etats-Unis n’ont pas d’amis, ils n’ont que des intérêts ».
En cette période où l’administration américaine invoque « son amitié historique » avec Israël pour arracher à Netanyahou concession sur concession, il faut se rappeler un temps où les froids intérêts américains ont convergé avec ceux de dignitaires nazis en fuite.
C’est une page assez connue de l’histoire politique américaine que le « New York Times » de lundi remet en lumière après la publication d’un Rapport de 600 pages du Ministère américain de la Justice, qui a cédé aux pressions après avoir longtemps gardé au secret un certain nombre d’informations.
Ce Rapport indique qu’au moins 24 criminels de guerre nazis ont obtenu discrètement l’asile sur le sol américain grâce à la CIA, même si de manière simultanée, le ministère de la Justice créait un département chargé « de localiser et expulser les criminels nazis hors des Etats-Unis ». Le Rapport dénonce l’aspect cynique de la chose : «L’Amérique, qui se présentait comme un refuge pour les persécutés, est devenue – dans une faible mesure – un refuge pour les persécuteurs ».
Parmi les nazis cités par le Rapport, Otto Von Bolshwing, bras droit d’Adolf Eichman, et parmi les théoriciens de la « Solution Finale ». C’est en 1954 que la CIA lui permis d’émigrer aux Etats-Unis, où il collabora avec elle durant de longues années. Démasqué par les services du ministère de la Justice, il devait être expulsé en 1981 mais mourut la même année ! Autre cas, celui d’Arthur Rudolf, scientifique nazi, qui travaillait sur le projet des V-2 à l’usine de Mittelwerk, et qui arriva aux Etats-Unis en 1949 en même temps que Wernher Von Braun, et où il collabora activement avec la NASA au point d’être considéré comme le « père » de la Fusée Saturne V. Découvert lui-aussi, il s’enfuit au Canada en 1983. Des notes datant de 1949 montrent comment le ministère de la Justice demandait avec insistance aux services d’immigration de le laisser entrer, « dans l’intérêt de la nation ».
Ces faits certes lointains devraient être médités par tous ceux qui aujourd’hui conjurent les dirigeants israéliens d’obéir aux ordres de Washington « de peur de froisser l’allié américain ». Aujourd’hui comme alors, les Etats-Unis agissent uniquement dans leurs propres intérêts, ce qui est d’ailleurs logique. Aux dirigeants israéliens d’en faire autant !
