Il y a près de 20 ans, 85 personnes ont trouvé la mort dans un attentat terroriste perpétré dans un centre communautaire juif de Buenos Aires. A l’époque, le tribunal argentin avait décrété que cette explosion meurtrière avait été commanditée par l’Iran. Mais l’enquête n’a toujours pas déterminé qui étaient les véritables responsables de ce crime.

Ce qui choque aujourd’hui les Israéliens, c’est que les autorités argentines ont décidé de coopérer avec l’Iran dans cette affaire. C’est la présidente argentine Cristina Kirchner qui a annoncé ce dimanche la signature d’un accord entre les deux pays concernant la formation d’une commission indépendante chargée d’enquêter sur l’attentat antijuif.

Le vice-directeur du département d’Amérique Latine au ministère des Affaires étrangères, Itshak Shoham, a fait part de sa profonde déception à l’ambassadeur d’Argentine en Israël, convoqué au sujet de cette affaire.

Shoham a souligné qu’Israël dénonçait l’attitude du gouvernement argentin qui, tout en refusant de lui transmettre le moindre renseignement sur les moyens mis en œuvre pour faire juger les suspects, avait décidé de coopérer avec l’Iran, responsable de l’attentat.

Yigal Palmor, porte-parole du ministère israélien des Affaires étrangères, a déclaré pour sa part, au sujet de cet accord, qu’il s’agissait d’une « annonce stupéfiante ». Il a rappelé que « la justice argentine avait établi après des années d’enquête que les responsables étaient des membres du Hezbollah et des diplomates iraniens » et qu’elle avait même déposé des demandes d’extradition auprès d’Interpol. Et d’estimer : « Aujourd’hui, l’Argentine fait un pas de géant en arrière pour des motifs tout à fait inexplicables ».  

Les autorités israéliennes ne sont pas les seules à protester. Plusieurs organisations juives ont fait part de leur vive indignation. Le directeur des relations internationales du Centre Simon Wiesenthal de Paris, Dr Shimon Samuels, a qualifié de « plaisanterie » la formation d’une commission d’enquête conjointe entre l’Argentine et l’Iran.

Dans cet attentat du 18 juillet 1994, 85 personnes ont été tuées et 230 ont été blessées. Deux ans plus tôt, une bombe a explosé à l’ambassade d’Israël de Buenos Aires, faisant 29 morts et 242 blessés. Il est clair que dans les deux cas, la justice argentine a fait preuve d’une grave incompétence.