Cette fois-ci, l’initiative n’en revient pas aux consommateurs, mais à un producteur : la société Zeita, productrice d’huile d’olive vient de déposer devant la Haute Cour de Justice une plainte contre les ministres des Finances, de l’Agriculture et de l’Industrie, du Commerce et du Travail, contestant l’intervention de l’État dans la fixation des prix de l’huile d’olive.

Amir Gour-Lavie, le fondateur de Zeita, affirme que le comportement de ces trois ministères est en violation flagrante des lois antitrust, fixant artificiellement un prix trop élevé à l’huile d’olive israélienne, devenue ainsi l’une des plus chères du monde. « Les consommateurs en souffrent autant que les producteurs. Cinq millions de personnes sont ainsi forcées de payer le double de ce qu’ils paieraient dans d’autres pays. J’ai décidé d’intervenir pour que les ministères concernés acceptent une baisse des prix et fassent de l’huile de l’olive de qualité un produit très abordable. »
Alors qu’en Israël un litre d’huile d’olive se vend entre 35 et 42 shekels, en Espagne il vaut 17 shekels, en Australie 18, en Grande-Bretagne 22 et aux États-Unis 23. C’est pourquoi les huiles d’olive importées représentent 20 % du marché israélien. Le recours déposé par Zeita devant la Haute Cour demande aussi une révision de la fiscalité qui frappe les produits bruts, et permettrait de faire baisser de 30 % le prix public, argumentant que « l’intérêt de l’État est de développer la consommation d’huile d’olive israélienne. Car c’est un produit écologique et peu gourmand en eau. »
La contestation s’étend
Ainsi, la « victoire du cottage » a fait des émules. Lesquels entendent d’ailleurs ne pas s’en tenir là. Forts du soutien des 125 000 internautes qui furent à l’origine du boycott de Tnouva, certains sont bien décidés à poursuivre la contestation non plus sur internet, mais dans la rue. Jeudi dernier 7 juillet, une vingtaine de groupes d’activistes contre la vie chère, menés par Doudi Mahfoud, ont distribué devant les supermarchés de Jérusalem, Tel-Aviv, Richon Lé-Tsion, Béer-Chéva, Zi'hron Yaacov, Hod Hacharon, Ré’hovot, 'Holon, Ramat Gan, Giv’atayim, Ramla, 'Haïfa et Netanya des brochures, avec tableaux comparatifs des prix, pour expliquer leur action. « La conjoncture nous est favorable, explique Doudi Mahfoud. Tous les médias ont souligné la victoire des consommateurs, même si ce n’est pas vrai : car avoir réussi à faire baisser les prix du cottage n’est qu’une goutte d’eau dans l’océan. Ce qu’il nous faut promouvoir, c’est une vraie révolution. Nous avons désormais le pouvoir de changer les choses. Nous ne laisserons pas les supermarchés et autres grandes compagnies nous abuser… »
Et comme toute mobilisation de masse passe désormais par internet, ces nouveaux contestataires ont ouvert un site – www.coteg.co.il – pour rendre compte en ligne des actions en cours, dont l’objectif est de « faire économiser 1 200 shekels par mois à chaque famille sur leur budget alimentation. »
Un climat d’instabilité sociale semble donc s’installer dans le pays. Interviewé par le magazine Globes, un grand patron israélien – qui a tenu à rester anonyme – s’est dit « extrêmement préoccupé » par cette agitation. Selon lui « une vraie démocratie ne peut perdurer qu’avec une forte classe moyenne. Ce qui, pour l’instant n’est pas le cas d’Israël, où seuls 10 % de la population vivent très bien, alors que 50 % du peuple ne touchent que le salaire minimum, plus quelques à-côtés. Cette situation est une bombe à retardement. »
Fort curieusement, tout au long du bras de fer qui a opposé consommateurs et producteurs, un acteur important s’est abstenu de prendre position : la Histadrout qui aurait pourtant dû être le fer de lance de ce combat des consommateurs. Celle qui pendant les trente premières années de l'existence d'Israël était devenue un État dans l'État se révèle plus que jamais incapable d’assumer sa mission de défense des travailleurs. Et le communiqué de dernière heure de son président Ofer Eini, selon lequel « la Histadrout va se concerter avec industriels pour stabiliser les prix» témoigne de son peu de réactivité face aux événements. Pour résister à la loi du marché et au pouvoir des monopoles, les consommateurs israéliens ont compris qu’ils ne pouvaient compter que sur eux-mêmes.Par David Jortner,en partenariat avec Hamodia.fr