Chassez le naturel, il reviendra au galop ? L’Allemagne est-elle en train de redevenir la pépinière d’un courant antisémite de style nouveau ? Selon tous les observateurs l’antisémitisme est en progression en Allemagne et il émane de la gauche comme de la droite. Dernier incident de taille en date, le limogeage du journaliste gauchiste Ken Jebsen par la station de la radio publique RBB, après qu’il ait exprimé des opinions négationnistes et des propos très hostiles à Israël.
L’antisémitisme moderne dépasse les clivages politiques traditionnels et arrive à réunir sous la même bannière des mouvements et personnalités que rien ne rapproche en dehors de cette cause. C’est ainsi qu’à Berlin a eue lieu récemment la marche annuelle « Al-Quds » qui réunit l’extrême droite, l’extrême gauche et les antisémites musulmans. Cette journée « Al-Quds » (Jérusalem) a été instituée en 1979 par l’ayatollah Khomeiny et elle est l’occasion de rassemblements et marches à travers le monde assortis d’appels à la disparition d’Israël.
Pour Jochen Feilcke, président des amitiés germano-israéliennes à Berlin et Potsdam, “la participation de néonazis à une marche en faveur des Mollahs et de l’Islam montre bien que leur soutien aux Palestiniens n’est en fait qu’une haine envers l’Etat juif”.
Et de la même manière que Jürgen Elsässer, journaliste de gauche a demandé aux partis d’extrême gauche allemands de participer à la marche, le parti néonazi DVU, frère du Parti Démocratique NPD en a fait de même avec ses sympathisants.
Les experts de l’antisémitisme moderne définissent ce phénomène comme étant l’expression de la naissance d’une troisième voie néo-fasciste antisémite, réunissant les trois piliers actuels de la haine et puisant les idées radicales de chacune d’entre elles: l’extrême droite, l’extrême gauche et l’Islam, dans le but de lutter contre le « Mal absolu », les Etats-Unis et Israël « outils d’une conspiration juive mondiale ».
L’auteur et journaliste allemand Alex Feuerherdt, l’un des grands critiques de l’antisémitisme moderne, a beaucoup écrit sur cet antisémitisme transversal et hétérogène. Il a déclaré au Jerusalem Post « que depuis quelques années un véritable milieu intellectuel est apparu en Allemagne dans lequel des écrivains et des activistes s’identifiant à la gauche expriment des idées semblables à celles de l’extrême droite et de l’Islam ». Il cite l’exemple de la députée Sarah Wagenknecht, activiste de gauche, qui était restée ostensiblement assise après le discours au Bundestag après le discours de Shimon Pérès alors que les membres des grands partis lui faisaient une « standing ovation ». Le lendemain, le parti néonazi NPD avait félicité la députée, « qui malgré le fait qu’elle était communiste, méritait exceptionnellement des remerciements pour son geste » !
Pour le Dr. Clemens Hani, expert universitaire de l’antisémitisme allemand, « le cas du journaliste-radio Ken Jebsen est un exemple typique de ce phénomène de fusion. Les idées qu’il exprime contre Israël, les juifs et les Etats-Unis sont soutenues à la fois par des bloggeurs gauchistes et néonazis. » Mais il a tout de même eu le micro en main durant une dizaine d’années dans des émissions populaires à destination de la jeunesse !
Quant au Dr. Charles Small, directeur de l’ “Institute for Study of Global anti-semitism and Policy” aux Etats-Unis, il note “seul l’irrationnel peut expliquer que des groupes gauchistes dont l’idéologie classique sont les droits de l’homme, le pluralisme religieux, l’égalité, les droits des femmes, des homosexuels et la lutte contre le racisme, puissent ainsi soutenir des régimes comme l’Iran, le Hamas ou le Hezbollah qui sont aux antipodes de leur idées » ! Il précise « qu’il s’agit de la forme la plus pernicieuse d’antisémitisme connue jusqu’à présent ».
L’irrationnel, mais surtout la haine du Juif, qui constitue le ciment de ce conglomérat nauséabond.[source israel7.com]