Le début de la parachath A‘harei moth est consacré essentiellement au service du kohen gadol dans le Tabernacle, puis dans le Temple, le jour de Yom kippour.
Cette paracha commence cependant par un verset qui semble totalement étranger au sujet qui en fait la substance : « Hachem parla à Moïse après la mort des deux fils d’Aaron qui, en s’approchant devant Hachem, étaient morts » (Wayiqra 16, 1).
Pourquoi ce rapprochement entre la mort des fils d’Aaron et le service de Yom kippour, rapprochement d’autant plus insolite que celle-ci a eu lieu le jour de Roch ‘hodèch nissan, alors que Yom kippour tombe en tichri, soit six mois plus tard ?
Une première façon de comprendre ce rapprochement nous est proposée par la Guemara Yerouchalmi Yoma 1, 1, ainsi que par Wayiqra rabba 20, 12: « De même que Yom kippour procure propitiation des péchés (kappara), de même la mort des tsaddiqim procure-t-elle propitiation des péchés. »
En d’autres termes, il existe une parenté étroite entre la mort des fils d’Aaron et le jour de Kippour : Ils contribuent l’un comme l’autre à la rémission de nos fautes.
Essayant d’approfondir ce principe, nous pouvons constater que, très souvent dans notre histoire, des événements bénéfiques exceptionnels ont été précédés par des tragédies. Il en a été ainsi de la mort de Nadav et Avihou, survenue en pleine inauguration du Tabernacle.
Il en a été ainsi également de l’incident survenu à Pérets-‘ouzza lorsque, tandis que l’Arche sainte était transportée à Jérusalem depuis Qiryath-Ye‘arim où elle avait été déposée après avoir été reprise aux Philistins qui l’avaient capturée. Un homme nommé ‘Ouzza fut foudroyé par Hachem parce que, dans l’allégresse de son retour, il l’avait touchée (II Samuel 6, 1 et suivants) alors que, n’appartenant pas à la tribu de Lévi, il n’avait pas le droit de le faire.
Il en a été pareillement (II Samuel 24, 1 et suivant) lorsque périrent soixante-dix mille hommes juste avant que David ait acquis l’aire d’Arauna sur laquelle son fils Salomon allait construire plus tard le Temple de Jérusalem.
Disons encore que, selon une opinion très répandue, la création de l’Etat d’Israël a eu un rapport de causalité étroit avec la Choa qui l’a précédée de quelques années.
Une situation tout aussi paradoxale, où l’on voit de l’impureté surgir la pureté, peut être observée lorsque l’on introduit dans un miqwé de « l’eau puisée » (mayyim cheouvim). Celle-ci était impure, mais elle va participer désormais de la pureté de l’eau du miqwé et contribuer à la purification de ce que l’on y trempera.
Il en est de même, enfin, des cendres de la vache rousse : Celui qui les manipule devient impur, alors que ces mêmes cendres vont rendre pur celui qui était impur (metamei tehorim, metahèr temèïm).
Jacques Kohn Zal