Parachath Emor ? Un homme entre deux femmes ?

Dans l’énumération des personnes décédées pour lesquelles un kohen a le droit, sinon le devoir, de se rendre impur, la Tora mentionne «  son parent ( cheèro ) qui est proche de lui » ( Wayiqra  21, 2). Et Rachi de préciser, citant Yevamoth  22b, que le mot cheèro désigne son épouse.

Rabbeinou be?hayé (Espagne 1050 – -1120) éclaire cette concordance des mots «  cheèr  » et « épouse » en faisant appel au verset en question lui-même :

« Si ce n’est pour son cheèr qui est proche de lui, pour sa mère et pour son père? »

Mais un peu plus loin, fait observer ce commentateur, lorsque la Tora énoncera les interdictions applicables au kohen gadol , elle écrira qu’il ne devra se rendre impur « ni pour son père, ni pour sa mère » ( Wayiqra  21, 11).

Pour quelle raison, se demande-t-il, le texte commence-t-il par énoncer que le kohen se rendra impur « pour sa mère et pour son père », donnant ainsi priorité à sa mère, pour ensuite interdire au kohen gadol de se rendre impur « ni pour son père, ni pour sa mère », inversant ainsi l’ordre de leur parenté ?

Il en est ainsi, explique-t-il entre autres raisons, parce que si la Tora avait placé le père en tête dans les deux versets, cela aurait eu pour conséquence, dans le cas du simple kohen , de créer une succession épouse – père – mère, et de placer ainsi un homme entre deux femmes, ce qui n’aurait pas été convenable.

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Haftarath parachath Emor ? Les fils de Tsaddoq

Dans le premier verset de cette haftara (Ezéchiel 44, 15 à 31), le prophète met l’accent sur le rôle que joueront « les kohanim fils de Tsaddoq  » dans le service qui sera célébré dans le troisième Temple.

Que signifie cette restriction de la fonction sacerdotale aux seuls « fils de Tsaddoq  » ?

Déjà au chapitre 40, 46 Ezéchiel avait annoncé que ce sont les fils de Tsaddoq , et eux seuls ( Metsoudath David ), qui assureront alors le service de Hachem , et ce par opposition à ceux « qui se sont éloignés de Hachem dans les égarements d’Israël par lesquels ils se sont égarés d’auprès de Lui » (44, 10).

Au début de la monarchie, deux grands prêtres se sont partagé la dignité de kohen gadol , Tsaddoq et Eviathar (voir notamment I Samuel 15, 24 à 29).

Cependant, Eviathar s’est rangé aux côtés d’ Adoniyahou lorsque celui-ci s’est dressé contre son père, le roi David, qui avait désigné Salomon comme son successeur (I Rois 1, 7).

En punition de sa rébellion, Salomon le démit de ses fonctions sacerdotales et l’exila à Anatoth (I Rois 2, 26 et 27).

Rappelons que le prophète Jérémie faisait partie des «  kohanim qui étaient à Anatoth » (Jérémie 1, 1). On peut donc dire d’Ezéchiel et de Jérémie que, bien qu’ils fissent l’un et l’autre partie des kohanim , ils n’appartenaient pas au même lignage.

Signalons encore que la dignité de kohen gadol , pendant la période du deuxième Temple, a toujours été conférée aux seuls descendants de Tsaddoq , en tout cas jusqu’aux Hasmonéens.

Jacques KOHN.