Après avoir remporté une première bataille devant la Commission de
l’Agriculture du Parlement européen, les défenseurs de l’abattage rituel
– la che’hita -, s’efforcent désormais de convaincre l’ensemble des députés
européens de la justesse de leur cause. Pour ce faire les grands rabbins de
France et de Grande Bretagne, Gilles Bernheim et Tsvi Sacks ont décidé
d’unir leurs efforts et de monter au créneau. Mais la bataille pour sauver la
che’hita est loin d’être gagnée
L’avenir de la che’hita se joue
ces jours-ci à Bruxelles. Face
à l’offensive des opposants
à l’abattage rituel, les dirigeants
des communautés juives d’Europe
mènent ces dernières semaines, un
combat serré dans les coulisses des
institutions européennes. Il s’agit
en effet d’éviter, qu’à l’occasion de
sa prochaine réunion, dans la première
quinzaine de mai, la Commission
européenne n’impose aux
abattoirs des procédures qui rendraient
impossible le respect de la
hala’ha. Dans cette optique, le « Bureau
Européen pour la Che’hita »
(EBS) codirigé par le Grand rabbin
de Bruxelles, Albert Guigui et par
le président de la Communauté des
Ma’hziké Hadass d’Anvers Pin’has
Kornfeld, a remporté une première
bataille, le mois dernier, devant la
Commission de l’Agriculture du
Parlement européen.
En effet, le 16 mars, la Commission
dirigée par le député britannique
Neil Parish, pourtant considéré
comme un supporter de la protection
des animaux, a rejeté la plupart
des amendements qui menaçaient
l’abattage rituel tel qu’il se
pratique au sein de l’Union Européenne.
Préalablement convaincus
par l’argumentaire de l’EBS,
les membres de la commission ont
ainsi refusé de soumettre le droit
à la che’hita à l’adoption par chaque
État d’une législation dans
ce sens, alors qu’il s’applique jusqu’à
présent de droit commun. De
même, ils ont repoussé toute requête
visant à permettre la station
debout de l’animal avant sa mise
à mort, ainsi que l’étourdissement
post mortem incompatible avec les
exigences de la hala’ha. Et de n’est
pas tout : les membres de la commission
ont exclu toute possibilité
d’imposer un agrément des cho’hatim
par les instances européennes,
ainsi que celle d’un label indiquant
que la viande est issue de
l’abattage rituel. Loin d’être anodine,
cette dernière mesure aurait
porté un coup fatal à l’économie
des abattoirs : jusqu’à présent, les
morceaux qui ne satisfont pas aux
critères de cacherout sont en effet
remis en vente dans le circuit de
consommation générale, ce qui
permet de rentabiliser en partie le
coût de la production casher. Dès
lors, on imagine sans mal à quel
point un morceau de viande labellisé
« abattage rituel » vendu dans
les rayons des supermarchés nonjuifs
serait menacé de toutes sortes
de boycotts…
Le succès aurait pu être total si
la Commission de l’Agriculture
n’avait répondu favorablement à
la proposition d’empêcher l’importation
de viandes depuis des pays
qui ne se plieraient pas aux mêmes
mesures d’abattage de l’UE. Pour
le consommateur juif, cela pourrait
se traduire par une hausse
des prix, puisqu’une partie de la
viande casher est originaire d’Argentine
et d’Israël. Mais c’est là un
moindre mal, et au Bureau européen
de la che’hita, on se félicite à
juste titre de cette importante victoire
d’étape.
Reste que l’abattage rituel est loin
d’être sorti d’affaire. La prochaine
étape se déroulera entre le 4 et le
7 mai au cours de la session plénière
du Parlement européen réuni
à Strasbourg. Les députés se prononceront
alors en fonction des
conclusions de la Commission
de l’Agriculture. Ces jours-ci, les
responsables de l’EBS s’emploient
donc à convaincre les dirigeants
des principaux groupes parlementaires
de l’importance de la
che’hita, invoquant les droits de
l’Homme, la liberté de religion et
les droits historiques de la minorité
juive en Europe.
Mais le vote des parlementaires ne
s’imposera pas aux ministres de
l’Agriculture de l’Union européenne
lorsqu’ils se réuniront quelques
jours plus tard le 11 mai à Bruxelles.
Ce sont eux, au final, qui décideront
de maintenir le statu quo
sur l’abattage rituel ou au contraire
lui porter un coup fatal. Il faudra
alors se méfier de la Suède,
de la Lettonie et de l’Estonie, très
opposées à la che’hita. Pour autant
les responsables communautaires
juifs restent raisonnablement optimistes.
Ils ont, en effet reçu le
soutien des principaux pays européens,
dont la France.
Serge Golan
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