Le feuilleton télévisé "Katmandou", très populaire en Israël, a reproduit assez fidèlement la vie d’un couple Habad envoyé dans la capitale du Népal, en y ajoutant quelques aventures inédites imaginées par les auteurs. Mais parfois, la réalité dépasse la fiction : le Rav Hezki Lifshitz et son épouse Hani, parents de cinq enfants, ont adopté cette année un petit Népalais.
Cela fait déjà treize ans que le couple Lifshitz est installé à Katmandou et il confirme que les débuts ont été difficiles, comme en témoigne le film. Mais ils étaient tous deux animés d’un tel désir de donner qu’ils ont finalement réussi à surmonter les obstacles.
Hani a raconté au site israélien Ynet que lors d’une de ses premières sorties au marché, où se bousculait une foule nombreuse, elle avait découvert le corps d’un enfant d’une dizaine d’années, allongé sur le sol dans une indifférence générale. Par la suite, le couple Habad s’est occupé de lui assurer une sépulture décente et son image n’a plus quitté l’esprit de Hani, bouleversée par cette histoire tragique.
Quelques années plus tard, un jeune qui travaillait au Bet Habad, Mendy Frenkel, est arrivé avec un enfant népalais. Ils étaient des centaines à trainer dans les rues mais celui-ci s’était accroché à son manteau. « Il semblait avoir sept ans mais nous avons appris par la suite qu’il était âgé de 12 ans », se souvient Hani.
« Le petit garçon était sans habits et pour cacher sa nudité, il s’était enveloppé d’un sac en plastique. Il s’est approché de Mendy et lui a dit : ‘Tu es de Bet Habad ? J’aimerais que tu me viennes en aide’. Et il ne l’a pas lâché jusqu’à ce que Mendy nous l’amène ».
Le couple Habad s’est vite rendu compte que l’enfant, qui souffrait de malnutrition, avait subi de graves sévices corporels et que si Mendy ne l’avait pas trouvé, il serait mort quelques mois plus tard. Ses blessures lui avaient certainement été infligées par son maître lorsqu’il ne rapportait pas suffisamment d’argent récolté chez les touristes.
L’enfant a été lavé et soigné au Bet Habad. Il a fallu ensuite lui apprendre à mener une vie normale, en passant par une rééducation et des traitements psychologiques pour tenter de réparer les dégâts psychiques causés par les mauvais traitements qu’il avait subis.
Son insertion dans la famille Lifshitz n’était pas évidente. Mais les cinq enfants du couple l’ont accueilli avec chaleur, « grâce à leur cœur d’or », a souligné Hani. « Cela fait plus d’un an que Bim est avec nous, a-t-elle ajouté, et je n’ai jamais entendu le moindre mot contre lui, bien au contraire. Ils lui sont très attachés. Je pense que cela vient de leur éducation : depuis leur tendre enfance, ils ont été habitués à donner à tout le monde.
Nous avons appris cette qualité du Rabbi de Loubavitch, qui savait accueillir avec chaleur chaque personne qui venait le voir, qu’elle soit juive ou non juive ». Et puis Hani s’inspire aussi d’une phrase de sa grand-mère, rescapée d’Auschwitz, qui lui avait dit : « Comment peut-on dire non devant les yeux implorants d’un enfant ».
Reste le problème de la religion : l’enfant n’est pas juif et le couple Habad n’a pas l’intention de le convertir. « Nous ne sommes pas des missionnaires, précise Hani, nous avons juste voulu sauver un être humain et nous souhaitons en faire un homme instruit et joyeux. Cet enfant est arrivé chez nous sans savoir sourire, et il est aujourd’hui heureux ».
Pour Hani, le petit garçon, qui l’appelle maman, est devenu l’un de ses enfants. « Il est très intelligent, affirme-t-elle, et il reçoit le même amour que les autres ».
Le couple Lifshitz affirme que les choses ont changé à Katmandou depuis que l’histoire de Bim a été relatée au Népal. « Cela nous aide à soulever le problème des enfants qui trainent dans les rues ».
