La disparition, il y a dix-huit ans, du Rabbi de Loubavitch, le Rav Menahem Mendel Schneerson zts’l, a créé un profond désarroi au sein de la Hassidout qu’il dirigeait depuis 1950.
Le Rabbi de Loubavitch, personnalité religieuse dont l’influence dépassait tous les clivages, a quitté ce monde le 3 Tamouz 1994 à Brooklyn, New York. Né en 1902 en Ukraine, il était le septième maillon de la dynastie de la Hassidout Habad, créée en 1797 par le Rav Chnéour Zalman de Lyadi (Alter Rebbe ou Admour Hazakène), auteur notamment du Tanya. Il a pris la direction du mouvement hassidique en 1951, un an après le décès de son beau-père, le Rav Yossef Yitshak Schneersohn zts’l.
A l’époque, le judaïsme mondial se remettait tant bien que mal de la terrible tragédie de la Shoah. Le Rabbi, résolu à lui donner un nouvel élan, a lancé le fameux slogan « Oufaratsta », en vue de renforcer la tradition et de ramener ceux qui s’étaient éloignés de leurs racines. Il a notamment innové en créant le concept de « Chlouhim », envoyant des émissaires Habad dans le monde entier pour encourager la pratique religieuse et susciter l’amour de la Tora et des Mitsvoth.
Le Rabbi de Loubavitch a également réussi à créer des liens très étroits avec des représentants de toutes les tendances du judaïsme contemporain. Il ne faisait aucune différence entre ses visiteurs juifs, accueillant aussi chaleureusement des admourim, des sommités scientifiques, des hommes d’affaires, des artistes ou des personnes tout à fait anonymes. Il a notamment reçu chez lui à Brooklyn plusieurs chefs du gouvernement israélien et des ministres.
Nombreux étaient ceux qui venaient le consulter ou tout simplement lui demander une bénédiction. Tout au long de l’année, les gens défilaient chez lui pour pouvoir le rencontrer et échanger quelques mots avec lui.
L’un des messages les plus marquants du Rabbi de Loubavitch portait sur l’importance de la Ahdout, de l’amour du prochain, et sur l’imminence de la venue du Machiah’. Il incitait ses fidèles à prier et à agir pour faire activer la Délivrance finale que D. devait apporter à Son peuple après tant de siècles d’exil et de souffrances.
Son soutien à Israël a toujours été très fort. Il a nettement pris position après les accords d’Oslo, affirmant qu’Israël était en danger et qu’il ne fallait accepter aucun compromis territorial.
Victime d’une attaque cérébrale en 1992, il s’est relativement rétabli et a continué, pendant sa convalescence, à répondre aux nombreuses lettres qui lui étaient envoyées. Mais il était tout de même très affaibli et il s’est éteint deux ans plus tard, suscitant la stupeur et l’émotion dans tout le monde juif.
A l’occasion de sa Hiloula, de nombreux événements ont été organisés tant en Israël qu'en diaspora. Un grand rassemblement a notamment eu lieu jeudi dernier en la synagogue Bet Menahem de Kfar Habad, réunissant des milliers de personnes, hassidim et sympathisants du mouvement Habad.
Les orateurs se sont succédés à la tribune pour rappeler le rôle considérable joué par le Rabbi de Loubavitch et l’empreinte qu’il a laissée après sa disparition. L’un d’entre eux, le Rav Mordehaï Chmouel Achkenazi, a déclaré : « Le Rabbi nous a appris à aimer chaque Juif ».