Chirurgien réputé et supporter acharné de la cause palestinienne, le professeur Christophe Oberlin a fait plancher ses étudiants en médecine sur les supposer "crimes" de l’État hébreu. Une enquête administrative a été ouverte contre ce proche du Hamas.
Dans son domaine, Christophe Oberlin est un professionnel reconnu, un ponte. Chirurgien spécialisé dans la réparation de la main et la microchirurgie, il est l’auteur de dizaines de publications scientifiques et enseigne à la Faculté de Médecine de l’hôpital Bichat qui dépend de l’Université Paris-Diderot. Mais l’éminent professeur Oberlin a également un autre centre d’intérêt, une passion même : la cause palestinienne version Hamas. Le problème, c’est qu’il n’hésite pas à profiter de ses fonctions universitaires pour mêler les deux domaines…
Mardi 12 juin, les 85 étudiants qui avaient suivi son cours optionnel pour l’obtention d’un « certificat de médecine humanitaire » se sont ainsi vu interroger sur « la mort de 22 membres d’une même famille dans un bombardement classique lors du conflit dans la bande de Gaza en 2008-2009 », dans le cadre de leur partiel de fin d’année. Ils devaient répondre à la question ainsi rédigée par le Pr Oberlin : « Quelles sont les qualifications des crimes perpétrés (crime de guerre, crime contre l'humanité, crime de génocide) ? » Une question qui a stupéfait une partie des étudiants qui n’ont pas manqué de la répercuter à l’extérieur.
Premier à réagir dans un éditorial mordant, le président du CRIF, Richard Prasquier, a dénoncé un intitulé d’examen « scandaleux » qui « incite à la haine d’Israël ». « Monsieur Oberlin (…) n'a pas le droit d'utiliser l'université pour déverser ses haines sélectives », rappelle Richard Prasquier, lui-même cardiologue. « Qu'il aille exercer ses talents en Syrie où l'on a vraiment besoin de ses compétences. Mais que voulez-vous, pour lui, comme pour d'autres, hors Gaza, il n'y a point d'indignation ».
Choqués par ce sujet, des étudiants et un certain nombre de professeurs ont également alerté la direction de l’université qui a immédiatement décidé l’ouverture d’une enquête administrative sur l’intitulé du sujet rédigé par Christophe Oberlin. « Cette question comporte un caractère polémique regrettable qui contrevient à l'esprit de neutralité et de laïcité de l'enseignement supérieur », a ainsi regretté Vincent Berger, le président de l’Université Paris-Diderot, qui s’est dit « consterné ». Quant au doyen de la faculté de médecine, Benoît Schelmmer, il partage, « l'émotion légitime des étudiants et des enseignants ».
Pour sa part, l’UEJF a demandé à ce que les points liés à la question litigieuse ne soient pas comptabilisés.
L’ami du Hamas
Des critiques que le principal concerné estime déplacées. « Je ne crois pas que ce soit polémique », a ainsi expliqué le Pr Oberlin à l’AFP, assurant que l’étude de cas pratiques tirés de l’actualité est une formalité classique des examens universitaires. « Si j'avais proposé une étude de cas sur le Soudan, vous pensez qu'il y aurait eu polémique ? », feint-il également de s’interroger, en tentant d’insinuer que le CRIF interdit tout débat sur la situation des Palestiniens.
Une rhétorique qu’il maîtrise à la perfection. Figure du milieu pro palestinien français, Christophe Oberlin est de toutes les manifestations contre Israël. Son calme et sa pondération en ont fait un porte-parole plus présentable qu’Olivia Zemmor – trop hystérique – ou Dieudonné – trop négationniste – au point qu’on lui a confié la tête de liste Euro-Palestine aux Européennes de 2004. Dans le petit milieu des adversaires les plus acharnés d’Israël, le Pr Oberlin dispose en outre de la légitimité procurée par ses nombreux séjours dans la bande de Gaza – une vingtaine en dix ans – pour y soigner des blessés, y compris durant l’offensive israélienne « Plomb durci » de janvier 2009. Cet engagement « humanitaire » vaut d’ailleurs au chirurgien d’être régulièrement invité par les médias français lorsqu’il est question de la situation sanitaire dans le territoire palestinien dans lequel il dispose de nombreux relais. Parmi eux, on notera le nom d’un chirurgien devenu un proche, Mohamed al-Rantissi, frère du fondateur du Hamas éliminé par Israël en 2004, et avec lequel il a écrit un livre « Chroniques de Gaza 2010-2011 ». C’est d’ailleurs au nom de cette proximité assumée qu’il justifie la propagande antisémite du mouvement islamiste : « Il est insensé de reprocher à ce peuple qui est opprimé au nom de l’État juif d’appeler “ juif ” son oppresseur. Ce délit d’antisémitisme que l’on recherche derrière tout propos est quelque chose de profondément déloyal ». Par Serge Golan,en partenariat avec Hamodia.fr