Le Dr David Gozal, qui a fait son alya de Toulouse en 1985, est anesthésiste depuis de nombreuses années à l'hôpital Hadassa. Il est notamment intervenu lors de l’hospitalisation d’Ariel Sharon. Il nous livre ici son sentiment sur la crise :


« Les médecins qui présentaient un front uni depuis le début du mouvement sont actuellement divisés entre les internes – souvent des seniors, avec plusieurs années en structure hospitalière – et ceux qui, plus jeunes, apprennent pendant 4 ou 5 ans une spécialisation. Ces derniers, qui sont généralement de garde deux fois par semaine pendant 25 ou 30 heures, travaillent dans des conditions particulièrement difficiles, avec des salaires de 25 shekels de l’heure. La situation financière des médecins est restée celle qu’elle était à l’époque où dominait en Israël une idéologie socialiste et assez égalitaire.
À la source du problème, il y a le fait que les koupot ‘holim, comme le ministère de la Santé, sont dirigés par des économistes qui fonctionnent dans une optique de réduction des coûts. Je ne vois pas le mouvement évoluer vers une radicalisation. Avec l’été, et l’approche des fêtes, les choses vont traîner… Il est certain, le mécontentement pousse de nombreux médecins vers le privé ou l’étranger. Plusieurs collègues ont même été approchés par un groupe israélien qui a construit en Guinée équatoriale un hôpital ultramoderne et qui propose des contrats mirobolants… »

Ce que demandent les médecins
Leurs revendications initiales – portant sur les conditions de travail, la création de nouveaux postes, le montant des salaires, des retraites – restent inchangées. Les médecins hospitaliers, qui estiment à 1 500 le nombre des décès causés par la surpopulation hospitalière, demandent l’attribution de 3 600 lits supplémentaires.
Au sujet de la durée des gardes en structure hospitalière (24 ou 26 heures d’affilée), le vice-ministre de la Santé rav Yaacov Litzman a proposé de les réduire à 20 heures. Mais les internes en formation s’y opposent, faisant valoir que cette disposition les laisserait seuls face aux malades pendant l’absence des seniors. Au plan budgétaire, les grévistes demandent au ministère des Finances d’injecter 5 milliards de shekels dans le système de santé (salaires, infrastructures) pour les 8 années à venir.
Les médecins se plaignent de ne pas pouvoir consacrer davantage de temps à leurs patients. « Si nous voulions consacrer une minute de plus par malade, il faudrait créer 250 postes de médecins supplémentaires » déclarait le Prof. Avinoam Reches, président du comité d’éthique de l’IMA, l’Association des Médecins Israéliens. Pour pallier l’absence de médecins, le ministère envisage de passer des accords avec les koupot ‘holim. Et de rappeler l’ouverture d’une école de médecine à Safed… Par David Jortner,en partenariat avec Hamodia.fr