בֶּן עַזַּאי אוֹמֵר, הֱוֵי רָץ לְמִצְוָה קַלָּה, וּבוֹרֵחַ מִן הָעֲבֵרָה, שֶׁמִּצְוָה גּוֹרֶרֶת מִצְוָה, וַעֲבֵרָה גוֹרֶרֶת עֲבֵרָה. שֶׁשְּׂכַר מִצְוָה, מִצְוָה. וּשְׂכַר עֲבֵרָה, עֲבֵרָה.
« Ben Azaï dit : ‘ Sois prompt à accomplir même une mitsva facile, et fuis le péché, car une mitsva en entraîne une autre, et un péché en entraîne un autre. C’est que la récompense d’une mitsva est une autre mitsva, alors que le salaire de la transgression est un autre péché ’ ! », (Chapitre 4, Michna 2).
Dans son commentaire intitulé « Eyné kol ‘haï » rapporté par le Méam loez, rabbi ‘Haïm Fallagi propose une interprétation originale de notre Michna en expliquant qu’elle a trait à une situation très délicate… Combien de fois en effet sommes-nous saisis d’un vif désir d’accomplir une bonne action, mais « en chemin » voilà que nous butons sur des interdits !?
On raconte ainsi qu’un maître exigea des élèves de sa classe que chacun accomplisse, dès la sortie du Talmud-Torah, un bon geste de ‘hessed. Quand, le lendemain matin, le maître demande à chacun de raconter quel bon geste il a fait, Moché répond : « J’ai aidé une vieille dame qui portait de lourds paquets à traverser la rue ! ». Avi, lui aussi, a aidé cette vieille dame, ainsi que Michaël, Shimon et Touvia… Si bien que le maître ne comprend pas pourquoi il a fallu tant de bambins pour aider une seule et unique vieille dame ! Les enfants lui répondent alors avec un grand sourire : « C’est qu’elle ne voulait pas du tout traverser la rue… ».
Cette notion est appelée par nos Sages « mitsva habaa béavéra », c’est-à-dire une mitsva dont l’accomplissement n’a été en fait possible que grâce à la transgression de certains interdits ! Cela peut se produire en pleine nuit, sur le compte du sommeil de ses voisins lors d’un intense et trop bruyant nettoyage de Pessa’h, ou bien lorsqu’on finit par se disputer à la synagogue pour faire valoir ses propres droits à dire le Kaddich censé honorer la mémoire d’un être cher disparu…
Ben Azaï nous met donc ici en garde sur la nécessité incontournable que chercher à accomplir une mitsva doit toujours se faire en évitant la transgression d’un quelconque péché !
Il s’agit certes de notions très délicates, mais il existe en fait deux moyens pour discerner une véritable mitsva de celle qui ne s’avère qu’une avéra « travestie » en un acte apparemment positif : en effet, selon Ben Azaï, si nous devons entamer une « poursuite » (c’est-à-dire faire des efforts presque contre-nature pour l’accomplir), il s’agit bel et bien d’une mitsva. Mais si, par contre, on ressent un trop vif désir de faire tel ou tel acte sans aucun frein, il s’agit en vérité d’une avéra déguisée… qu’il nous est donc vivement conseillé de fuir.
Autre moyen de « tester » authentiquement nos agissements : après l’accomplissement de l’acte, si l’on ressent un désir d’accomplir une autre mitsva, cela prouve bien que la précédente était aussi une mitsva ; par contre, si l’enchaînement des évènements constitue un péché, cela permet en quelque sorte de « démasquer » la nature du premier acte, qui a été lui aussi effectué contre la Volonté divine ! En partenariat avec Hamodia.fr