La crise du logement en Israël, avec la flambée des prix de l’immobilier, touche de plein fouet la communauté haredi. En effet, elle fait face à un manque important de logements, dans les principales villes du pays.
Une solution? Aller s’installer dans la périphérie à la fois du pays, comme dans le nord, mais aussi des villes. Plusieurs avantages à cela. Tout d’abord les prix y sont bien moins chers et les conditions de logement donc meilleures. Mais surtout l’accueil fait aux communautés haredi dans les villes périphériques contraste fortement avec l’animosité qu’elles rencontrent de plus en plus en milieu urbain. C’est ainsi que des villes comme Carmiel, Yavne, Kiryat Gat, entre autres, sont devenues des villes à forte population haredi si ce n’est majoritairement haredi.


Ce phénomène s’explique par le fait que la communauté haredi, de part sa croissance importante, a un très grand besoin de nouveaux appartements, estimés à environ 5 500 par an. Les jeunes qui s’installent veulent tout à la fois vivre parmi une communauté haredi pour bénéficier de ses institutions, écoles, yeshiva etc, mais ils veulent aussi pouvoir bénéficier de prix modérés. Une nouvelle tradition de la communauté est d’offrir un appartement dans les discussions de chidourim. Or acheter un appartement de 2 ou 3 pièces est devenu inabordable dans les quartiers haredi traditionnels de centre ville comme à Jérusalem. Dans la périphérie un appartement se paie un tiers voire la moitié moins cher que dans les quartiers haredi les plus connus.
C’est ainsi qu’une dizaine de nouveaux centres haredi ont vu le jour dans le Negev ou en Galilée. Des institutions se sont même spécialisées dans l’achat de groupe d’appartements en vue de l’installation de nouvelles communautés haredi. La population périphérique est plus traditionnelle que celle des villes qui est moins religieuse. Elle ne voit donc pas d’un mauvais œil l’arrivée de cette nouvelle population. Bien au contraire, elle est souvent bien contente de pouvoir vendre son bien. Car les haredi ne cherchent pas qu’à acheter dans des programmes neufs. Ils sont aussi prêts à acheter des appartements en deuxième main, pourvu qu’ils puissent en acheter plusieurs ensemble et donc pouvoir y monter une nouvelle communauté.
Les autorités israéliennes essayent également de réserver des nouveaux projets aux communautés haredi. C’est ainsi que 1700 appartements pour haredi sont prévus dans le Moshav Ahisamakh près de Lod et 2 000 appartements à Beit Shemesh. Une autre option est celle de la communauté de Harish, une ville fantôme dans la vallée de l’Ara que le Ministère du Logement n’arrive pas à peupler depuis des années. Mais les communautés alentours ont fait des pétitions pour que l’installation d’une communauté haredi près de chez eux ne se fasse pas. Leur argument principal est que c’est inconstitutionnel de réserver une ville à une seule catégorie d’habitants. Un autre projet similaire est à l’étude de coté d’Arad.
Ces initiatives sont soutenues par les leaders religieux de la communauté. Certains encouragent même leurs étudiants à habiter dans les périphéries insistant sur le fait que l’influence que peut exercer un jeune étudiant d’une yeshiva dans un « vieux quartier » haredi est faible comparée à celle qu’il peut avoir dans un quartier périphérique. Rav Yitzhak Meir Hagar qui préside le « comité pour les solutions de logement » proclame que le but de ces mouvements est de créer une communauté d’étudiants de yeshiva qui créeront à leur tour un centre d’étude de la torah dans la nouvelle localité. C’est ce qui s’est passé dans des villes comme Kiryat Malachi, Ramla, Lod, Tiberias, Yeruham, Arad, Dimona, Ashkelon, Beersheba, Afula, Kiryat Ata, Carmiel, Safed et même Akko. Petit a petit, un appartement, puis deux, puis trois et ainsi de suite, ont été achetés et quelques mois plus tard sont venus s’y installer des jeunes haredi.