Les quelques membres restants de la communauté juive de Glace Bay, dans la région du Cap Breton, ont décidé de vendre leur petite synagogue en bois faute de moyens pour l’entretenir. Elle s’appelle encore, mais plus pour longtemps, la synagogue des Fils d’Israël. En effet, ce lieu de culte juif situé dans la ville de Glace Bay (en Nouvelle Ecosse) va être mis en vente par ses fidèles. « Ces dernières années, la synagogue n’a plus été utilisée que pour les offices de Roch Hachanah et de Yom Kippour. Et ce, jusqu’à l’automne dernier où aucun office n’a été organisé », a expliqué au Canadian Jewish News le président de la shoule, Mark Chernin. Et d’ajouter : « Il n’y a plus que dix fidèles parmi lesquels seul un couple vit effectivement à Glace Bay…

A 57 ans, je suis le plus jeune et Fanny Cohen qui en a 101 en est la doyenne. Cela a été si difficile de conserver ce bâtiment que je pense que nous avons pris la bonne initiative. Nous devions dépenser de l’argent pour l’entretien et cela valait-il vraiment la peine pour trois jours de prières par an ? Nous avons notre cimetière et le produit de la vente est destiné à son entretien. Et encore, qui s’en occupera lorsque nous serons plus là ? Personne ne reviendra vivre à Glace Bay ». Pourtant, cette communauté fut autrefois un centre bien vivant. En effet, lors de sa création en 1902, la synagogue répondait aux besoins des 140 juifs locaux. Ce lieu de culte fut en fait le premier à être édifié dans ce que les Canadiens appellent les Provinces maritimes puisque les autres synagogues de la région étaient à l’époque des bâtiments religieux achetés à des chrétiens et transformés pour répondre aux besoins des Juifs. En 1928, la communauté de Glace Bay construisit même un autre site destiné, entre autres, à abriter son école. «Personne n’a eu le cœur de la démolir» « En tant qu’enfant, je me souviens que j’allais à la choule chaque shabbat… et que j’avais quinze à vingt copains avec moi au Talmud-Torah, raconte un ancien habitant de la ville, Lowell Shore qui vit aujourd’hui à Halifax. Je jouais au basket-ball et au hockey dans une équipe qui représentait la communauté et au football dans un champ derrière la synagogue qui nous semblait très grande à nous les enfants ». Quant à Arthur Zilbert, un autre ancien de la communauté juive de Glace Bay qu’il a quittée lorsqu’il est entré à l’université, il avoue la peine qu’il a ressentie à l’annonce de la vente du lieu de culte. « La communauté a résisté longtemps, précise-t-il. Même lorsqu’il n’y avait plus que quinze hommes, il y avait encore des offices le vendredi soir et le samedi matin… Quand je revenais à Glace Bay, je me sentais réconforté par cette synagogue qui était vivante dans mes souvenirs d’enfant, souvenirs d’un groupe formidable de gens avec lesquels j’ai grandi. Cette synagogue symbolisait la chaleur et la joie ». Arthur Zilbert n’est pas le seul a être attristé par la vente du site. « Personne n’a eu le cœur de le démolir comme cela avait été proposé, souligne Shirley Chemin, la mère du président de la communauté qui vit depuis cinquante-quatre ans à Glace Bay. Du coup, la meilleure des choses était de le vendre. Mais qui va l’acheter ? Les églises ferment elles aussi. Si quelqu’un l’achète, il va probablement le détruire pour y construire des appartements ».


CG