Depuis le début de l’opération "Plomb durci", l’Union européenne semble incapable de s’exprimer d’une seule voix. Les déclarations pour condamner ou soutenir Israël succèdent au démentis. D’autant que Nicolas Sarkozy, qui ne préside plus l’UE, ne semble pas déider à passer la main.
L’OPÉRATION ISRAÉLIENNE à Gaza a fait
une première victime collatérale
: l’illusion d’une diplomatie
européenne commune. Depuis
l’offensive terrestre, les responsables
européens n’ont en effet, pas cessé de
multiplier déclarations contradictoires,
démentis embarrassés, et initiatives
brouillonnes.
Cela a commencé samedi
soir, lorsque la Présidence de l’Union
européenne assurée depuis le 1er janvier
par la République tchèque qualifie
l’opération « Plomb durci » de « défensive
et non offensive ». Stupeur dans les
chancelleries et bonne surprise pour
Jérusalem qui surfera plusieurs heures
sur ce qui ressemble à un blanc seing.
Le ministre tchèque des Affaires étrangères,
Karel Schwarzenberg, s’est vu
alors obligé de publier un communiqué
dénonçant une « erreur » de son porteparole
en affirmant qu’Israël n’a pas le
droit d’engager des actions militaires qui
« affectent largement les civils » : « Nous
appelons à la facilitation de l’aide humanitaire
aux habitants de la bande de Gaza
et à l’instauration d’un cessez-le-feu ».
Du coup, on n’y comprend plus rien :
pourquoi la France, qui deux jours plus
tôt -lorsqu’elle présidait encore l’UE-,
semblait s’efforcer de ne pas gêner Israël
dans sa mise au pas du Hamas, adoptet-
elle soudain la position inverse ? Certains
y verront la patte des diplomates les
plus pro-arabes du Quai d’Orsay. D’autres
parleront plutôt d’un signe d’apaisement
adressé aux banlieues après la violente
manifestation pro-palestinienne qui
s’est déroulée samedi dernier à Paris.
Mais dans cette Europe qui tire à hue et
à dia, le Premier ministre néerlandais
vient à son tour mettre son grain de sel,
cette fois pour soutenir les opérations
de Tsahal : « Condamner Israël ne rime
à rien car il faut traiter la question des
deux côtés, explique ainsi Jan Peter Balkenende,
dimanche. Tant que les attaques
à la roquette continuent, Israël dira
toujours : nous ne pouvons pas accepter
cela et je le comprends ».
Quant à Nicolas Sarkozy il s’est livré le
5 janvier à une tournée de 24 heures durant
lesquelles il s’est rendu à Ramallah,
Jérusalem, Le Caire, Damas et Beyrouth.
Une initiative qui n’a laissé évidemment
pratiquement aucune chance à la délégation
européenne de se faire entendre.
D’autant que le président français semble
à nouveau prendre les responsables
européens à contre-pied, en faisant cette
fois porter le chapeau au Hamas. Dans
un entretien publié par trois journaux libanais
lundi, Nicolas Sarkozy affirme en
effet que l’organisation islamiste « porte
une responsabilité lourde dans la souffrance
des Palestiniens de Gaza ». Les
Israéliens apprécieront. Les Européens
un peu moins. Nicolas Sarkozy avait
affirmé que durant la présidence française,
l’UE avait appris à parler d’une
seule voix. L’opération « Plomb durci »
aura prouvé le contraire.
SERGE GOLAN
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